A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 29 Juillet 2015

"Les partisans" de Aharon Appelfeld

De la résistance biblique des Juifs en Ukraine.

Par Thierry Guinhut, Critique d'art et de littérature, publié sur Contrepoints.org le 29 juillet 2015 

Hannah Arendt fit scandale lorsque dans Eichmann à Jérusalem elle fit remarquer la passivité, "l’humble soumission", des Juifs dans les ghettos face à la volonté génocidaire nazie... On sait cependant que des actes de résistance désespérés furent menés... L’écrivain hébreu Aharon Appelfeld met en relief les actions héroïques au dénouement heureux d’une poignée de Partisans, lors des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. 

Le jeune Edmund, dix-sept ans, enserre son récit parmi les plaines, "dans le pays de l’eau", puis sur une cime montagneuse des Carpates où l’on se réfugie dans des bunkers et sous des tentes. Se cacher, se nourrir, se soigner, progresser, attaquer soudain : tel est le quotidien de ces "Partisans", d’abord échappés du ghetto. Selon Kamil, le commandant, la mission est claire : "nous devons faire dérailler les trains qui conduisent les Juifs vers les camps […] chaque Juif arraché aux griffes de ces prédateurs sera une fête". Ils parviendront en effet à "sauver une poignée de gens précieuse". Ponctué d’escarmouches, de combats parfois meurtriers, harcelés qu’ils sont par les Allemands et des Ukrainiens qui collaborent avec ces derniers, le récit emprunte sans pathos ni grandiloquence, une discrète tonalité épique.
 
Parmi ces partisans, les uns sont comme Karl, "un vrai croyant communiste" bardé d’illusions, les autres sont membres des Jeunesses sionistes. Les questions éthiques pullulent. Est-il juste de voler sa nourriture aux paysans ? Faut-il dire la vérité sur les camps à un enfant ? "Nous voulons nous transformer et changer le monde qui nous entoure", plaident-ils au milieu d’une Europe prise en tenaille par les Allemands et les Soviétiques qui apparaissent comme des forces salvatrices. Il est alors évident que la "cime" où les partisans soignent les rescapés prélevés aux trains de la mort est une cime morale, qui "a élargi [leur] conscience", où règnent l’amour et la bonté, où l’on peut "produire du Bien et de la beauté" ; ce malgré le médecin enlevé qui rechigne à la tâche, malgré cet officier nazi agonisant qui a obéi à la banalité du mal, malgré les morts sous les obus allemands... Lire l'intégralité.
 
CRIF