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Publié le 23 Avril 2015

Oskar, histoire et société

Les éditions Oskar publient régulièrement des ouvrages originaux sur la Shoah, destinés à la jeunesse, mais aussi aux adultes.
 

Une recension de Jean-Pierre Allali
Les éditions Oskar publient régulièrement, dans le cadre d'une collection destinée à la jeunesse, mais dont la teneur et la qualité conviennent parfaitement à un public adulte, des ouvrages originaux qui sont autant de témoignages sur la période tragique de l'occupation allemande et de la Shoah. Parmi les récentes productions, on retiendra tout particulièrement « Résister pour survivre. Charles Palant » d'Éric Simard (1), Une jeune mère dans la Résistance. Olga Bancic » de Marie-Florence Ehret (2) et « Il ne re

stera que nos noms. 1942-1943 » de Viviane Koenig et Annie Moser (3).
Dans « Résister pour survivre », la vie de Charles Palant, que l'auteur a rencontré à Paris en mars 2014, nous est contée. Militant des Droits de l'Homme, il est né en 1922 dans le quartier populaire de Belleville. Apprenti maroquinier, il sera délégué syndical à l'âge de 14 ans. Parce qu'il est juif d'origine polonaise et résistant, Charles Palant, 21 ans, est arrêté par les Allemands à Lyon, envoyé à Drancy et, de là, déporté à Auschwitz avec sa mère et sa sœur Lily. Il survivra à la « Marche de la Mort » qui le mènera à Buchenwald où il adhérera au Parti communiste français. Quand il est libéré, en 1945, il a 22 ans et pèse 38 kilos. Il reprend peu à peu des forces et s'investit dans la Lica et dans le Mrap. Un cahier iconographique agrémente ce petit livre édifiant. On sera étonné toutefois de lire, dans la reproduction d'un discours prononcé par Charles Palant le 27 mai 2012 sur le plateau des Glières, un hommage à l'indigné controversé, Stéphane Hessel.
Avec « Une jeune mère dans la Résistance. Olga Bancic », on découvre la vie d'une jeune Juive Golda Bancic dite Olga, native de Kishinev en Moldavie, russe puis roumaine, qui adhérera très jeune au Parti communiste. Olga, son mari Jacob Salomon, alias Pascu et leur fillette Dolorès, deux ans, vivent à Paris lorsque le 13 septembre 1941, la Police vient arrêter Pascu. Olga, elle, le moment de stupeur passé, va reprendre son combat, même si cela lui vaut de confier sa fille à des amis. Elle va devenir l'une des militantes actives du FTP-MOI, rejoignant les héros de l'ombre que seront Marcel Rayman dit Michel, Wolf Wajsbrot, Joseph Epstein, le footballeur vedette du Red Star, Rino Della Negra et, surtout, Missak Manouchian, le leader arménien des « terroristes » de la fameuse « Affiche Rouge ». Arrêtée le 16 novembre 1943, Olga Bancic, dite « Pierrette », passera du quai des Orfèvres à Fresnes et, de là à Karlsruhe puis à Stuttgart, en Allemagne. Partout, les coups, la torture mentale et physique. Olga Bancic a été décapitée à  Stuttgart le 10 mai 1944. Elle avait 32 ans. Des documents très intéressants complètent ce livre remarquable.
Enfin, avec « Il  ne restera que nos noms. 1942-1943 », dont la forme est plus romancée, ce sont les pérégrinations de deux enfants juifs pendant la Guerre qui nous sont contées, David, 7 ans et sa petite sœur Fanny. Léon, leur père, est un marchand de meubles et Lili, leur maman, est dessinatrice de mode. À Paris où ils vivent, les choses ont bien changé depuis que les Allemands sont arrivés. Il faut porter l'étoile jaune, demeurer au fond de la classe à l'école et s'installer dans un wagon réservé dans le métro. Léon décide un jour de quitter Paris avec sa famille pour rejoindre la tante Anna à Toulouse grâce à l'aide d'un passeur, monsieur Vannier. Hélas, les choses ne se déroulent pas comme prévu. La famille est arrêtée à Sallespisse, non loin d'Orthez à quelques kilomètres de la ligne de démarcation. Léon réussit à s'esquiver tandis que monsieur Vannier et Lili sont emprisonnés. Dans l'attente d'un éventuel procès, Lili est transférée à Mérignac. De là, elle rejoindra Pithiviers puis Auschwitz et les camps de la mort. Les enfants se retrouvent en pension chez Émile et Madeleine Ponchan, deux fermiers. Ce sont leurs grands-parents, restés à Paris, qui couvrent les frais de cet exil forcé. David et Fanny découvrent la vie au grand air au milieu des vaches et des lapins, des oiseaux et des guêpes, des chats et des chiens. Puis, un jour, avec une dame de la Croix Rouge, ils retournent à Paris chez leurs grands-parents, Raymond et Germaine, du côté d'Auteuil. Sous la férule allemande et la méchanceté des collaborateurs, la vie pour les Juifs est particulièrement dure. Les seuls moments de bonheur des deux enfants sont ceux où ils reçoivent des lettres de leur mère emprisonnée, de leur père en zone libre ou de l'oncle Jean-Claude, réfugié à Brioude. David, Fanny et leurs grands-parents ont été arrêtés en août 1943 à Paris, déportés et assassinés à Auschwitz.
C'est une histoire vraie qui nous est contée dans ce livre émouvant. Seuls quelques noms ont été modifiés. Les lettres de David et de Fanny publiées en fin d'ouvrages sont authentiques et proviennent du Mémorial de la Shoah.
Notes :
(1)       Janvier 2015. 112 pages. Publié avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
(2)       Mars 2015. 168 pages.
(3)       Janvier 2015. Préface de Jean Castelli. 224 pages.
 

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