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Publié le 10 Septembre 2014

Verdun comble ses trous de mémoire

Par Benoît Hopquin, publié dans le Monde le 9 septembre 2014

Le fort de Douaumont, enfin. Il se révèle au dernier moment, en haut d’une côte, comme si les obus de 400 l’avaient enfoncé dans le sol. Après le bois des Caures, après Fleury, après la Cote 304, après le Mort-Homme, le pèlerinage, l’errance, plutôt, sur le champ de bataille de Verdun, s’achève à ce sombre Golgotha dominant les méandres de la Meuse. Jusque-là, on avait exploré la souffrance en plein air, avec le ciel pour horizon, pour unique consolation, fût-il hachuré par la pluie. On plongeait désormais au cœur des ténèbres, dans les entrailles noires du malheur.

Douaumont est une impasse intellectuelle. Comment ont-ils tenu, ces êtres réduits à une existence de rat emmuré ? L’esprit se heurte à l’incompréhension comme le corps bute sur ces murs suintant d’humidité. On avance à tâtons par ces couloirs sombres, on tombe sur l’entassement des lits superposés. On croit revoir les paillasses mangées de vermine, les puits à l’eau croupie, l’odeur à vomir des corps sales et des tinettes qui débordent. Sous les voûtes, le moindre bruit devient coup de tonnerre. Il est aisé d’imaginer comment la pluie de fer qui s’abattait devait assourdir les hommes, quand elle ne les rendait pas fous.

Non loin de là se trouve l’ossuaire de Douaumont, nef macabre où ont été regroupés 130 000 corps sans nom, trouvés sur le champ de bataille. Poilus et feldgraus y sont mêlés en un dernier corps-à-corps. Autour du sanctuaire a été aménagée une nécropole, alignement comme à la parade de 16 000 croix blanches. Dans le carré musulman, près de 600 pierres également blanches sont dressées vers La Mecque. Elles rappellent le saCRIFice consenti par les troupes coloniales à Verdun, pendant les trois cents jours de la bataille, entre le 21 février et le 18 décembre 1916… Lire la suite.

Source: http://www.lemonde.fr/centenaire-14-18/article/2014/09/09/verdun-comble-ses-trous-de-memoire_4484577_3448834.html

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