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Published on 24 August 2012

Henri Lang, 1895-1942 - un dirigeant de la SNCF mort à Auschwitz (*)

On a beaucoup parlé ces derniers temps du rôle de la SNCF dans la déportation des Juifs de France. Des accusations ont été lancées qui ont permis de lever un coin du voile sur ce sujet douloureux et délicat. Par contre, le grand public ignorait que des cadres supérieurs de la SNCF étaient juifs. Dès lors, l'attitude de leurs confrères et de la direction de la société à leur égard aux heures sombres de la Shoah pose question. On découvre, avec Nathalie Bibas, un personnage extraordinaire, Henri Lang, sous-directeur de la Région du Sud-Est, concepteur entre autres, du programme d'électrification de la ligne Paris-Lyon qui mourut à Auschwitz le 21 mai 1942.

Un beau cahier iconographique agrémente l'ouvrage qui est très intéressant

Par delà la destinée tragique d'Henri Lang, Nathalie Bibas nous permet de mieux connaître la rafle du 12 décembre 1941 dite « Rafle des Notables ». 743 Juifs sont arrêtés au petit matin à leur domicile par les Allemands, rassemblés au Manège Bossut puis dirigés vers le camp de Royallieu à Compiègne. Henri Lang sera de ceux-là. Toute une vie qui s'arrête pour lui, pour sa femme et pour ses enfants. Des restrictions aux humiliations et des poux aux maladies, l'enfer est au quotidien. Mais les détenus maintiennent leur humanité en organisant des conférences sur les sujets les plus divers.

 

Nathalie Bibas, qui prend soin de bien retracer l'atmosphère en France, en 1941, nous raconte l'homme, issu d'une famille juive alsacienne, mais qui ne pratique plus. Il sera même tenté par le catholicisme et, s'il ne se convertit pas, il fera en sorte que ses deux filles, les futures Catherine de Béchillon et Geneviève Delzant, soient baptisées. Elle nous décrit aussi l'ingénieur, ce qui nous vaut des pages parfois un peu techniques.

 

Parmi les « notables » raflés, René Blum, frère de Léon Blum, Jean-Jacques Bernard, fils de Tristan Bernard ou encore le mari de l'écrivain Colette, Maurice Goudeket.

 

La femme d'Henri Lang, Jacqueline Lang, déploiera une énergie farouche, frappant à toutes les portes possibles pour tenter de faire libérer son mari, a priori susceptible de bénéficier d'une dérogation. Rien n'y fera, hélas. Le document tant espéré ne parviendra à son destinataire que bien longtemps après sa disparition. Le 27 mars 1942, Henri Lang et ses compagnons d'infortune sont rassemblés avec leurs baluchons. Escorté par l'infâme Dannecker, le train de la mort n°567 passera par Reims et Neuvéat avant d'arriver, au bout de trois jours épuisants, le 30 mars 1942 au petit matin à Auschwitz où Henri Lang mourra d'épuisement le 21 mai.

 

Un beau cahier iconographique agrémente l'ouvrage qui est très intéressant.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions LBM. Mars 2012. 208 pages. 18 euros.

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