Tribune
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Published on 24 December 2013

Accord sur le nucléaire iranien : la conjuration des aveugles

Par Gilles William Goldnadel, Président d’Avocats sans Frontières

 

Dans un bel ensemble, tout ce que l'Iran politique compte de sommités vient de réaffirmer que rien ni personne n'empêcherait celui-ci de poursuivre son programme d'enrichissement nucléaire et que rien ni personne ne l'obligerait à démanteler ses infrastructures pour y parvenir. Les Iraniens ont raison. En toute hypothèse, ce n'est certainement pas l'accord clair-obscur signé à Genève sur un document que nul ne peut se targuer d'avoir lu, qui contraindra l'État islamiste à renoncer à se doter dans les meilleurs délais de l'arme suprême. Du flou et de l'incertitude dans lequel nous nous trouvons, émergent, malgré tout, de sombres assurances : -dans quelques jours, la république islamique va voir lever plusieurs sanctions internationales qui l'étranglaient financièrement et récupérer plus de 7 milliards de dollars. Ces mesures seraient réversibles, mais déjà de nombreuses entreprises s'apprêtent sans état d'âme particulier à commercer à nouveau avec un pays pour qui ces mainlevées valent quasi réhabilitation.

En contrepartie, l'Iran sera seulement obligé de mettre officiellement la pédale douce sur son enrichissement -sans l'interrompre- et sans restituer le stock d'uranium déjà frauduleusement obtenu pour pouvoir fabriquer l'arme atomique. Aucune des milliers de centrifugeuses existantes ne sera détruite. Les contrôles internationaux acceptés ne l'empêcheront pas de poursuivre, comme avant, ses activités clandestines.

 

Il n'est même pas sûr qu'un tel accord ralentira d'une quelconque minute le programme engagé.

 

On comparera avec la situation qui aurait prévalu si, comme envisagé, les sanctions qui donnaient leurs effets avaient été aggravées.

 

À ce stade prosaïque, il n'est peut-être pas interdit de faire un peu de morale politique… Lire la suite.

 

L’intégralité de cette tribune a été publiée dans Marianne N°869 du 14 au 19 décembre 2013.