Tribune
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Published on 28 January 2014

Ma réponse à Bernard-Henri Lévy

Tribune d’Irina Bokova, Directrice générale de l'UNESCO, publiée dans le Huffington Post le 28 janvier 2014

 

Dans son Bloc-Notes publié dans Le Point, Bernard Henri-Lévy faisait état de l'annulation de l'exposition intitulée "Les gens, le Livre, la Terre: la relation de 3500 ans du peuple juif avec la Terre sainte" qui devait se tenir à Paris. Il prenait à partie la directrice de l'UNESCO lui demandant d'éclairer les zones d'ombre autour de cette annulation. Dans ces colonnes, Irina Bokova répond à Bernard-Henri Lévy.

 

Monsieur,

 

Votre tribune pour le journal le Point au sujet de l'exposition coorganisée par l'UNESCO et le Centre Simon Wiesenthal appelle un certain nombre de commentaires.

 

"Malentendu?", il s'agit en effet d'un malentendu, qui a d'ailleurs été clarifié -et vite- par l'UNESCO avant même la publication de votre tribune. Je regrette grandement que vous n'ayez pas eu en mains tous les éléments d'information et c'est par respect envers vous, envers votre stature d'intellectuel, d'homme de lettres et de culture, que je tiens à dissiper ce malentendu. Si j'insiste sur sa clarification, c'est parce que je tiens en haute estime votre engagement en faveur de la vérité et de la défense des valeurs humanistes. Un engagement que nous partageons vous et moi.

Cette exposition n'a pas été et n'est pas annulée. Elle a été reportée - ce qui fut une décision pénible- et elle sera inaugurée au mois de juin de cette année. Ce report se justifie parce que des points restent encore à finaliser, et nous y travaillons intensément avec le Centre Simon Wiesenthal.

 

Dès lors, interpréter la situation comme une prise de position biaisée de la part de l'UNESCO conduit à un raccourci d'autant plus dangereux qu'il occulte la réalité du travail et de l'engagement de notre Organisation dans la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, et toutes les formes de négationnisme. C'est là, il va sans dire, un raccourci qu'on ne peut se permettre.

 

Tout au long des quatre années de mon premier mandat, je n'ai eu de cesse de militer en toutes occasions contre l'antisémitisme, contre le négationnisme et pour le respect de l'autre. Le retrait du financement des États-Unis d'Amérique et d'Israël en 2011 aurait pu conduire à l'arrêt pur et simple de nombre de nos programmes, notamment celui relatif à l'enseignement de la Shoah. J'ai regretté publiquement, haut et fort, cette décision de deux de nos États membres et j'ai délibérément tout mis en œuvre sans tarder afin d'assurer non seulement la poursuite, mais l'élargissement et la consolidation de ce programme. Et si je l'ai fait, c'est précisément parce que je crois fondamentalement dans les valeurs portées par cet ambitieux programme qui touche à l'histoire universelle de l'humanité. Si je l'ai fait et continue de le faire avec détermination, c'est parce que la lutte contre l'intolérance est un combat quotidien qui ne saurait souffrir aucun repos. C'est ma conviction profonde et c'est celle qui me guide à la tête de cette Maison de la pensée et du débatLire la suite.

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