Dov Maimon

Directeur de recherche au Jewish People Policy Institute (Jérusalem)

Paradoxes de la politique israëlienne

09 November 2015 | 507 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

Jean-Pierre Allali partage avec vous ses appréciations littéraires au fil de ses lectures. Aujourd'hui, il nous parle du livre de Dina Porat, Le Juif qui savait Wilno-Jérusalem : la figure légendaire d’Abba Kovner, 1918-1987.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

De ce 9 janvier 2015, nous voulons retenir une autre image, cette belle image. Celle de Lassana Bathily.

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"A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent."

Dans la série « paradoxes de la politique israélienne »: Les politiciens israéliens d’origine russe – qui s’étaient fixé en 1995 comme seul objectif de soutirer un maximum de budgets gouvernementaux pour privilégier leurs électeurs russophones – sont finalement ceux qui ont permis (1) d’une part de faire d’Israël l’état start-up que tout le monde se plait à célébrer aujourd’hui ; (2) à leurs électeurs de faire une ascension sociale accélérée tellement réussie qu’ils s’identifient vingt ans plus tard avec les intérêts des israéliens membres de la classe moyenne et supérieure, partagent leurs préoccupations et dans leur majorité ne votent plus pour les partis sectorialistes. 
 
C’est ce qu’on pourrait appeler un sacré paradoxe. Pour nous, enfants de l’école de la République, cette façon de privilégier les intérêts d’un groupe de citoyens particulier par-delà les intérêts de la collectivité ne s’accorde pas avec nos valeurs fondamentales.
 
Pour nous, communautarisme, sectorialisme, repli identitaire et lobby communautaire ne peuvent être que des termes tabous synonymes de manque de sens civique. Jean-Jacques Rousseau nous a appris que la volonté générale doit avoir la précédence sur la volonté individuelle et que tirer la couverture vers soi ne peut que desservir l’intérêt collectif. 
 
Ce qui a permis à la France d’être la patrie de la Révolution c’est bien ce refus des communautarismes et ce n’est pas pour rien que le chant des partisans qui a fait l’honneur de la France se terminait par l’impératif catégorique « un Français doit vivre pour elle, pour elle un français doit mourir ». 
 
Les juifs de France, à la différence des juifs américains, et certainement des juifs russes ont parfaitement intégrés cette façon de voir les choses et quand ils émigrent en Israël continuent cette tradition républicaine. Entendre parler de partis russophones ou de partis ultra-orthodoxes qui privilégient leurs intérêts sectorialistes par rapport aux intérêts nationaux. 
 
Pendant des années, chaque fois que j’entendais les sommes exigées par les partis sectorialistes pour accepter de rentrer dans la coalition gouvernementale, j’étais révolté. Je ne pouvais m’empêcher de penser que cet argent était inévitablement ponctionné sur des priorités nationales (armée, éducation, santé, enfants de Sederot, Yerouham, Dimona et Netivot) et je trouvais cela insupportable. 
 
Un jour, à la Knesset, une députée russe m’a abordé et m’a dit : « il faudrait que tu comprennes un jour que tant que les français n’auront pas des représentants politiques ici et au gouvernement, vous n’obtiendrez rien de vos demandes pour faciliter l’Aliyah de France, que ce soit la reconnaissance des diplômes ou que ce soient les incitations fiscales pour les délocalisations d’entreprises ». 
 
J’acquiesçais poliment mais si j’avais eu le courage, je lui aurais répondu : « Madame, c’est vous qui ne comprenez rien au sionisme et qui manquez de sens civique. Je ne mange pas de ce pain-là ; Je ne suis pas venu en Israël pour faire du communautarisme, du tribalisme et du sectorialisme. Je demande juste que les budgets dédiés aux immigrants soient répartis équitablement entre tous les pays ». 
 
Après plusieurs années de travail sur le sujet, et des discussions avec ceux qui ont permis la réussite exceptionnelle de l’Aliyah russe, notamment avec Natan Sharansky qui a créé d’une main de maître le parti pro-russe « Israel be-Aliyah », je crois que ce sont les russes qui ont raison.
 
Les russes ont le nombre et sont déjà dans les ministères, les américains ont l’argent pour financer des lobbyistes à la Knesset, les éthiopiens font des manifestations violentes et les Français pour l’instant sont dans l’expectative. 
 
Leur force est dans la parole mais pour l’instant on ne les entend pas. Les quelques Français brillants comme Emmanuel Navon, Avraham Azoulay et Benjamin Lachkar qui se sont engagés en politique n’ont pas été suivis par les électeurs français d’Israël.
 
Paradoxalement, la réticence des Français d’Israël de s’organiser politiquement et de défendre à becs et à griffes la promotion de l’Aliyah française – au nom d’un sens civique national – non seulement dessert clairement leurs intérêts, mais plus profondément, ne rend pas non plus forcément service à Israël ni au peuple juif. Paradoxalement, il serait même possible que ce qu’on pourrait appeler leur « excès de civisme » pourrait être jugé par l’histoire comme un manque de maturité politique et un manque de conscience historique. 
 
Ce serait quand même le comble que l’absence de communautarisme s’avèrerait être un handicap dans le pays des juifs. 
 
Concrètement, j’appelle les Israéliens d’origine française – en tout cas ceux qui n’ont pas de devoir de réserve – à s’engager en politique, à militer pour les partis avec lesquels ils s’identifient et de faire entendre leur voix. Pour l’instant l’Aliyah de France est en dehors des radars. Les olim de France sont les laissés pour compte des programmes d’intégration et d’immigration. 
 
Les promesses de reconnaissance de diplômes sont restées très en deçà de ce qui est nécessaire au grand désespoir du pays qui a désespérément besoin de médecins, d’infirmières et d’autres personnels qualifiés des professions règlementées. 
Des plans ont été écrits et les acteurs opérationnels savent parfaitement ce qui doit être fait pour doubler, voire tripler l’Aliyah française et lui permettre de contribuer au développement culturel, économique et politique de l’Etat d’Israël. 
 
Si on leur permet de travailler dans leurs métiers, si on leur permet d’avoir un accès à l’habitation à des prix raisonnables et qu’on met à leur disposition des écoles de qualité, beaucoup de juifs français seront enthousiastes pour faire le pas et venir contribuer à la construction de leur patrie ancestrale. 
 
Les ressources étant par définition limitées, l’univers politique des allocations de ressources est tiraillé entre des groupements de personnes qui cherchent à faire avancer des intérêts tous importants mais divergents. 
Ce qu’il manque c’est une volonté politique, une voix qui fasse entendre en langage politique aux décideurs politiques leurs intérêts politiques à mettre des actes derrières leurs déclarations de principe. 
 
A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent.