Dov Maimon

Directeur de recherche au Jewish People Policy Institute (Jérusalem)

Paradoxes de la politique israëlienne

09 November 2015 | 507 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Comme chaque année, l'association ASI/Keren Or que je préside, distribue des lunettes de vue en Israël aux plus démunis. Cette année l'opération s'est déroulée dans la ville de LOD.

En 2005, le fait religieux envahissait peu à peu et dans la confrontation, les cours de récréation. L’agitation religieuse commençait à provoquer des dégâts dont nous payons le prix lourd aujourd’hui.

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Une stèle en mémoire des victimes de la Shoah qui n’ont pas de sépulture, "ni ici, ni ailleurs", a été inaugurée dans le cimetière parisien de Bagneux.
Une cérémonie solennelle - et sous haute sécurité - qui, à Bagneux, dix ans après la mort d’Ilan Halimi, séquestré et torturé dans la cité de la Pierre-Plate parce qu’il était juif, était d’autant plus symbolique.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Dans quel monde vivons-nous et de quelle inhumanité est faite le monde ?

Retour sur le déchaînement de haines antisémites qui s’est produit l’été 2014, en France.

Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser...

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"A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent."

Dans la série « paradoxes de la politique israélienne »: Les politiciens israéliens d’origine russe – qui s’étaient fixé en 1995 comme seul objectif de soutirer un maximum de budgets gouvernementaux pour privilégier leurs électeurs russophones – sont finalement ceux qui ont permis (1) d’une part de faire d’Israël l’état start-up que tout le monde se plait à célébrer aujourd’hui ; (2) à leurs électeurs de faire une ascension sociale accélérée tellement réussie qu’ils s’identifient vingt ans plus tard avec les intérêts des israéliens membres de la classe moyenne et supérieure, partagent leurs préoccupations et dans leur majorité ne votent plus pour les partis sectorialistes. 
 
C’est ce qu’on pourrait appeler un sacré paradoxe. Pour nous, enfants de l’école de la République, cette façon de privilégier les intérêts d’un groupe de citoyens particulier par-delà les intérêts de la collectivité ne s’accorde pas avec nos valeurs fondamentales.
 
Pour nous, communautarisme, sectorialisme, repli identitaire et lobby communautaire ne peuvent être que des termes tabous synonymes de manque de sens civique. Jean-Jacques Rousseau nous a appris que la volonté générale doit avoir la précédence sur la volonté individuelle et que tirer la couverture vers soi ne peut que desservir l’intérêt collectif. 
 
Ce qui a permis à la France d’être la patrie de la Révolution c’est bien ce refus des communautarismes et ce n’est pas pour rien que le chant des partisans qui a fait l’honneur de la France se terminait par l’impératif catégorique « un Français doit vivre pour elle, pour elle un français doit mourir ». 
 
Les juifs de France, à la différence des juifs américains, et certainement des juifs russes ont parfaitement intégrés cette façon de voir les choses et quand ils émigrent en Israël continuent cette tradition républicaine. Entendre parler de partis russophones ou de partis ultra-orthodoxes qui privilégient leurs intérêts sectorialistes par rapport aux intérêts nationaux. 
 
Pendant des années, chaque fois que j’entendais les sommes exigées par les partis sectorialistes pour accepter de rentrer dans la coalition gouvernementale, j’étais révolté. Je ne pouvais m’empêcher de penser que cet argent était inévitablement ponctionné sur des priorités nationales (armée, éducation, santé, enfants de Sederot, Yerouham, Dimona et Netivot) et je trouvais cela insupportable. 
 
Un jour, à la Knesset, une députée russe m’a abordé et m’a dit : « il faudrait que tu comprennes un jour que tant que les français n’auront pas des représentants politiques ici et au gouvernement, vous n’obtiendrez rien de vos demandes pour faciliter l’Aliyah de France, que ce soit la reconnaissance des diplômes ou que ce soient les incitations fiscales pour les délocalisations d’entreprises ». 
 
J’acquiesçais poliment mais si j’avais eu le courage, je lui aurais répondu : « Madame, c’est vous qui ne comprenez rien au sionisme et qui manquez de sens civique. Je ne mange pas de ce pain-là ; Je ne suis pas venu en Israël pour faire du communautarisme, du tribalisme et du sectorialisme. Je demande juste que les budgets dédiés aux immigrants soient répartis équitablement entre tous les pays ». 
 
Après plusieurs années de travail sur le sujet, et des discussions avec ceux qui ont permis la réussite exceptionnelle de l’Aliyah russe, notamment avec Natan Sharansky qui a créé d’une main de maître le parti pro-russe « Israel be-Aliyah », je crois que ce sont les russes qui ont raison.
 
Les russes ont le nombre et sont déjà dans les ministères, les américains ont l’argent pour financer des lobbyistes à la Knesset, les éthiopiens font des manifestations violentes et les Français pour l’instant sont dans l’expectative. 
 
Leur force est dans la parole mais pour l’instant on ne les entend pas. Les quelques Français brillants comme Emmanuel Navon, Avraham Azoulay et Benjamin Lachkar qui se sont engagés en politique n’ont pas été suivis par les électeurs français d’Israël.
 
Paradoxalement, la réticence des Français d’Israël de s’organiser politiquement et de défendre à becs et à griffes la promotion de l’Aliyah française – au nom d’un sens civique national – non seulement dessert clairement leurs intérêts, mais plus profondément, ne rend pas non plus forcément service à Israël ni au peuple juif. Paradoxalement, il serait même possible que ce qu’on pourrait appeler leur « excès de civisme » pourrait être jugé par l’histoire comme un manque de maturité politique et un manque de conscience historique. 
 
Ce serait quand même le comble que l’absence de communautarisme s’avèrerait être un handicap dans le pays des juifs. 
 
Concrètement, j’appelle les Israéliens d’origine française – en tout cas ceux qui n’ont pas de devoir de réserve – à s’engager en politique, à militer pour les partis avec lesquels ils s’identifient et de faire entendre leur voix. Pour l’instant l’Aliyah de France est en dehors des radars. Les olim de France sont les laissés pour compte des programmes d’intégration et d’immigration. 
 
Les promesses de reconnaissance de diplômes sont restées très en deçà de ce qui est nécessaire au grand désespoir du pays qui a désespérément besoin de médecins, d’infirmières et d’autres personnels qualifiés des professions règlementées. 
Des plans ont été écrits et les acteurs opérationnels savent parfaitement ce qui doit être fait pour doubler, voire tripler l’Aliyah française et lui permettre de contribuer au développement culturel, économique et politique de l’Etat d’Israël. 
 
Si on leur permet de travailler dans leurs métiers, si on leur permet d’avoir un accès à l’habitation à des prix raisonnables et qu’on met à leur disposition des écoles de qualité, beaucoup de juifs français seront enthousiastes pour faire le pas et venir contribuer à la construction de leur patrie ancestrale. 
 
Les ressources étant par définition limitées, l’univers politique des allocations de ressources est tiraillé entre des groupements de personnes qui cherchent à faire avancer des intérêts tous importants mais divergents. 
Ce qu’il manque c’est une volonté politique, une voix qui fasse entendre en langage politique aux décideurs politiques leurs intérêts politiques à mettre des actes derrières leurs déclarations de principe. 
 
A vos crayons citoyens, à la politique citoyens. Si nous voulons que les choses se fassent il va falloir que certains d’entre nous se bougent.