Michel Boujenah: "Quand la société va mal, ça va toujours mal contre les Juifs !"

 
Publié sur VSD le 18 mai 2016, propos recueillis par Sandra Muller
 
VSD : Quel regard portez-vous sur la France qui, vue des USA, semble aller si mal ?
 
Michel Bouje­nah : Il y a beau­coup de problèmes et pas qu’en France. Vous croyez que Trump est mieux ? On entend toujours critiquer la France mais c’est un problème mondial. On est déjà dans la quatrième guerre mondiale ! Elle existe, ce n’est pas une guerre de terri­toire, c’est une guerre déli­rante, horrible.
 
En tant que juif tuni­sien, ressen­tez-vous un anti­sé­mi­tisme rampant ?
 
Quand la société va mal, ça va toujours mal contre les juifs. Les juifs sont le ther­mo­mètre d’une démo­cra­tie. Non seule­ment ils souffrent, mais tout le pays souffre avec eux. Le résul­tat du nazisme, c’est une Alle­magne coupée en deux, des millions de morts, un pays massa­cré.
 
Pour­tant aux États-Unis, Donald Trump tape sur les Mexi­cains, sur les musul­mans, mais pas sur les juifs…
 
 Je pense que le système améri­cain est diffé­rent. C'est un pays d’im­mi­grés et une terre d’ac­cueil. Ce n’est pas un hasard si les juifs choi­sissent de s’exi­ler. Quand ils sont riches, ils partent aux Etats-Unis, à Miami, à New York. Quand ils sont plus pauvres, ils partent en Israël la plupart du temps. Il ne faut pas oublier que beau­coup de juifs le sont. Ils sont très malheu­reux de quit­ter la France. Ils en souffrent. Mais est-ce que je reste, je me bats, et je défends mon peuple ou est-ce que je pars et je laisse tomber tout le monde ? J’ai fait le choix de rester.
 
Où étiez vous le 13 novembre ?
 
 J’étais à Cham­béry sur scène. Bizar­re­ment, j’avais une rencontre avec le public après la repré­sen­ta­tion, ce qui est très rare. Il y avait plus de 800 personnes et j’ai commencé à entrer dans un débat. Puis soudai­ne­ment, mon régis­seur est venu me parler à l’oreille pour me deman­der d’ar­rê­ter car mes proches paniqués tentaient de me joindre à Paris. J’ai appris les atten­tats dans ces condi­tions. Personne n’est à l’abri... Lire l'intégralité.