Hongrie, Croatie, Etats-Unis... Ces organisations juives patriotes qui disent "non" au leadership politique de leur pays

21 February 2017 | 83 vue(s)
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Actualité

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

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Depuis 1995 et la reconnaissance, par Jacques Chirac, de la responsabilité du régime de Vichy dans la déportation des Juifs, l’organisation née des mouvements de résistance juifs, le Crif, n’a cessé de travailler conjointement avec les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, sur l’enseignement de l’histoire. Ce qui est considéré comme le partage d’un récit national est-il acquit pour toujours? Comment, dans d’autres pays, le patriotisme des organisations juives conduit-il à se dissocier de relectures historiques qui flirtent avec le révisionnisme ou le relativisme ?
Dès 2010. Hongrie. Victor Orban devient pour la deuxième fois Premier ministre. Il compte parmi ses soutiens l’électorat d’extrême droite, à qui il donne des gages. Ce sera notamment la réhabilitation du mythe de la Grande Hongrie. Les militants du Jobbik, parti antisémite, pourront ériger une statue de Horty, le Pétain hongrois, en plein Budapest. L’histoire se réécrit. La glorieuse Hongrie ne se voit plus que comme une victime des Nazis puis des communistes, elle rechigne à penser la responsabilité de la gendarmerie hongroise, des croix fléchées et de segments de la population dans la déportation des Juifs. Dans les programmes scolaires, les livres d’écrivains d’extrême droite comme Joseph Nyirö, fan de Goebbels, retrouvent bonne place.
 
L’organisation juive en place, le Mazsok, qui reçoit des subventions gouvernementales, se plaint d’ingérences de l’Etat dans les affaires. Un groupe « politiquement accepté» par le régime (car antipolitique, les habbad) bénéficie de cette situation, tandis que l’organe historique représentant la communauté juive nationale rentre dans la dissidence en refusant de participer aux commémorations officielles organisées par le gouvernement d’Orban..... 2017. Croatie. Une plaque commémorant les morts croates de la guerre d’indépendance de 1991-
 
1994 est érigée dans la ville de Jasenovac. Le nom de cette ville est tristement connu pour le camp de concentration et d’extermination qui y fut construit par ce qui fut l’Etat indépendant de Croatie.
 
Sur la plaque commémorative en hommage aux morts des années 90, figure le salut des Oustachis, ce mouvement fasciste national à l’origine de la construction du camp. La communauté juive de Croatie décide de ne pas participer à la commémoration nationale organisée pour les victimes de la Shoah, afin de dénoncer cette relativisation historique....
 
2017. Etats-Unis. Le directeur de l’Anti-Defamation League critique ouvertement la Maison Blanche. Le communiqué pour la journée pour les Victimes de la Shoah évoque en effet des « victimes innocentes » et ne mentionne plus le génocide des Juifs.
 
Revendiquant son attachement aux droits de l’homme défendus par la Constitution américaine, ADL condamne également la décision prise par le 45ème Président des Etats-Unis d’interdire l’immigration de réfugiés musulmans sur le sol américain. L’American Jewish Committee critique également cette mesure. Son directeur David Harris déclara dans un communiqué : «Nous sommes tous liés à ceux qui ont eu la chance d'avoir été admis dans ce pays - dans mon cas, ma mère, mon père, ma femme et mes belles-filles, et nous croyons que d'autres personnes méritantes [doivent avoir] les mêmes chances d'être considérées pour une Entrée permanente".
 
Les organisations juives n’avaient pas manquées de signaler des dérapages de la campagne, demandant plusieurs fois à Trump de se dissocier des groupes de « l’alt-right », la droite nationaliste dont certains de ses membres vouent un culte non équivoque à l’Allemagne nazie.
 
Donald Trump rejette ses soutiens, mais choisit comme conseiller stratégique Steve Bannon, qui en est proche.
 
Certes, la donne est complexe. D. Trump a dès sa campagne été soutenu par quelques grands donateurs juifs qui ont fait fortune dans l’immobilier à New York. Le Président des Etats-Unis marque également son soutien d’Israël et va jusqu’à sembler remettre en question la solution à deux Etats.
 
Mais, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, les organisations juives américaines doivent veiller à ce que le révisionnisme, le relativisme historique et l’antisémitisme ne se diffusent pas par voie de communiqués, de tweets, de déclarations non préparées du Sommet de l’Etat. Le 16 février 2017, l’Anti-Defamation League demandait : «Qu'est-ce que l'Administration Trump va faire à propos de la montée récente de l'antisémitisme? Quelles mesures concrètes prendra la Maison Blanche pour lutter contre l'intolérance? »
 
Rappelons que moins d’une dizaine d’Etats américains ont inscrits l’enseignement de la Shoah dans leur programme scolaire.
 
Le partage de la mémoire semble plus fragile, tenir à peu de choses.... "Confiante en l'infini du temps, une certaine conception de l'histoire discerne seulement le rythme plus ou moins rapide selon lequel hommes et époques avancent sur la voie du progrès. D'où le caractère incohérent, imprécis, sans rigueur, de l'exigence adressée au présent. Ici, au contraire, comme l'ont toujours fait les penseurs en présentant des images utopiques, nous allons considérer l'histoire à la lumière d'une situation déterminée qui la résume comme en un point focal». (Walter Benjamin.)
 
Qu’en sera-t-il demain pour la France ?

 

 

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