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Published on 20 July 2017

#Crif #VeldHiv – Cérémonie à Lyon

En présence d'Albert Benamran, trésorier du Crif Auvergne-Rhône-Alpes.

Cérémonie à Lyon au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) - Albert Benamran

Dans le cadre de la "Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France", une cérémonie a été célébrée, dimanche 16 juillet 2017, dans la cour du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD), anciennement École de santé militaire réquisitionnée entre juillet 1943 et le 26 mai 1944 par la Gestapo dirigée par Klaus Barbie.

Le 16 juillet est le triste anniversaire de la rafle du Vélodrome d’Hiver au cours de laquelle 13 152 personnes de confession juive, 1 129 hommes, 2 916 femmes et 4 115 enfants, ont été arrêtées par la police française.

À Paris, début juillet 1942, le SS Obersturmführer Dannecker, chef du service juif du SD en France occupée, est chargé de planifier des déportations massives vers l’Est. Les ordres d’Eichmann sont clairs : « libérer totalement et le plus vite possible la France de ses Juifs » (Compte-rendu rédigé par Eichmann, à l'issue de sa visite de 48 heures à Paris, 1er juillet 1942).

Le 2 juillet, René Bousquet, secrétaire général de la police française, rencontre Knochen, officier supérieur du Sicherheitspolizei (Sipo). Il s’engage avec Jean Leguay, délégué de la police de Vichy en zone occupée, à remettre 32 000 Juifs aux Allemands (22 000 en zone occupée [ZO] et 10 000 en zone non occupée [ZNO]). En ZO, ils mettent la police française à la disposition de l’Occupant. La rafle du Vel d’Hiv ne permet pas d’atteindre les estimations prévues. Alors pour répondre à la logique du chiffre, les Juifs de la ZNO sous souveraineté française, sont raflés entre le 26 et le 29 août 1942.  À Lyon 1 016 Juifs étrangers sont internés dans un camp militaire désaffecté de Vénissieux.

La responsabilité de la France dans l’organisation de la rafle est reconnue en 1995 par Jacques Chirac, président de la République. Il dénonce la politique collaborationniste de la France en affirmant : « la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l’État français [...] la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable ». Cette déclaration lève le voile sur l’ambiguïté entretenue par le décret n° 93-150 du 3 février 1993 qui imposait la « Journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l'autorité de fait dite " gouvernement de l'État français " (1940-1944) ».  En 2000, la loi du 10 juillet reprend et modifie le décret en intégrant un hommage aux "Justes" de France qui ont refusé comme le dit Simone Veil : « de se plier à la fatalité de la volonté exterminatrice de l’idéologique nazie ».

À Lyon, comme chaque année, depuis 17 ans, les autorités civiles, militaires et religieuses se sont réunies pour honorer ce jour solennel. Le CRIF Auvergne-Rhône-Alpes, représenté par son trésorier, Albert Benamran, a déposé une gerbe en l’honneur des persécutés et des victimes de la Shoah. Son discours introduit par le poème liminaire « Si c’est un homme » de Primo Lévy interpelle les nombreux auditeurs sur la nécessité de se souvenir :
 

Vous qui vivez en toute quiétude

Bien au chaud dans vos maisons,

Vous qui trouvez le soir en rentrant

La table mise et des visages amis,

Considérez si c'est un homme

Que celui qui peine dans la boue,

Qui ne connait pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,

Qui meurt pour un oui pour un non.

Considérez si c'est une femme

Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux

Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.

N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,

En vous couchant, en vous levant ;

Répétez-les à vos enfants.

Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
 

Albert Benamran rappelle combien aujourd’hui il est nécessaire de méditer et de réfléchir aux attitudes de la société française face à l’antisémitisme en recrudescence. Il insiste sur cette vigilance constante qui incombe chacun, pour ne pas accepter l’intolérable, à l’instar du Général de Saint-Vincent (1882-1954), mis à l’honneur en ce jour.

Né à Saint-Léger-en-Bray (Oise), Pierre Robert de Saint-Vincent issu d’une vieille famille de la noblesse française fait une carrière militaire. En 1942, il occupe la fonction de Commandant de la XIVe région, gouverneur général de Lyon. Humaniste avant tout, il est aussi membre de l’Amitié Chrétienne, groupe œcuménique dont l’activité d’assistance couvre le sauvetage clandestin des Juifs menacés par les rafles ciblées françaises, d’août 1942. Il refuse, le 29 août 1942 d’obéir à l’ordre d’envoyer un détachement à la gare de Perrache pour prévenir les troubles lors de l’embarquement de 650 Juifs à destination de Drancy. Le départ reporté au lendemain permet à un certain nombre de s’enfuir dans la nuit. Au total 545 personnes sont transférées à Drancy pour êtres déportées dès le 2 septembre à Auschwitz-Birkenau. Le 31 août, le commandant est mis à la retraite par le gouvernement de Vichy. Dès lors son activité résistante s’accroît mais, à partir de l’occupation de Lyon, le 11 novembre 1942, pour échapper aux Allemands il entre dans la clandestinité à Grenoble puis à Nice.

En 1993, l'Institut Yad Vashem à Jérusalem lui décerne le titre de « Juste parmi les Nations ».

Ce dimanche 16 juillet 2017, la Ville de Lyon et le CHRD lui ont rendu un hommage solennel et collectif en dévoilant la plaque donnant son nom à l'esplanade du 14, avenue Berthelot (Lyon 7ème).

« Puisse le bien qu’ils ont fait, rappeler aux générations présentes et à venir que, dans une situation tragique, d’autres attitudes que la résignation, le veulerie ou la lâcheté sont possibles ». Denise Wimart, Juste parmi les Nations 1992.

Sylvie Altar

 

Photos Yves-Alain Story
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