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Published on 6 June 2019

Actualités des régions - Crif Auvergne-Rhône Alpes : "Faire ensemble pour vivre ensemble"

Le 12 mai 2019 le CRIF Auvergne Rhône-Alpes poursuivait son programme du « Faire ensemble pour vivre ensemble ». Au programme de la journée, la visite de la Prison-Mémorial de Montluc à Lyon, le carré musulman du cimetière de La Mulatière et le Tata Sénégalais à Chasselay.

Après une après-midi de danse à Lyon avec la compagnie Danseurs sans frontières, une visite conjointe à Paris du Musée de l'immigration et du Mémorial de la Shoah, une journée de découverte du Camp des Milles à Aix-en-Provence, ce sont près de 75 lycéens, parents, enseignants, accompagnés d’élus locaux qui se sont retrouvés pour le 4e volet de ce parcours saison 2 du « Faire ensemble pour Vivre ensemble », le dimanche 12 Mai 2019.

Au programme de la journée, la visite de la Prison-Mémorial de Montluc à Lyon, le carré musulman du cimetière de La Mulatière et le Tata Sénégalais à Chasselay.

Pour chacun de ces lieux, un guide, des témoins, un procureur, des historiens, le Maire de La Mulatière, nous ont accompagnés avec une très grande générosité pour partager avec ces jeunes et leurs accompagnateurs leurs connaissances et leur expérience.

Ils ont tous été durant cette dense journée des passeurs de mémoire.

Prison Mémorial de Montluc

La visite a débuté avec un guide attitré du Mémorial qui a présenté le site et retracé l’histoire de cette prison récente (construite en 1921). D’abord prison militaire, elle est devenue pendant la collaboration puis sous l’occupation allemande nazie, une prison pour les opposants politiques, puis les résistants et enfin les Juifs. Les jeunes et les adultes accompagnants ont pu entrer dans les cellules de 4 mètres carré dédiées aux personnes qui ont marqué par leur passage l'histoire de la prison et dans lesquelles sont présentées photos et textes illustrant leur vie. Deux témoins dont les proches y ont été enfermés et ne sont jamais revenus après leur déportation ont accompagné la visite. Leur témoignage a bouleversé l’assistance, et certains jeunes n’ont pu retenir leurs larmes. La visite a permis aussi de voir l'emplacement de ce qui, à l'époque, était appelée la « Baraque aux Juifs », lieu où   les 44 enfants juifs raflés de la colonie d’Izieu passèrent une nuit avant leur transfert et leur déportation au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Aucun d’entre eux n’a survécu.

Pour conclure la visite le procureur Jean Olivier Viout, procureur adjoint lors du Procès Barbie, prit la parole, à l’intérieur des locaux du Mémorial, pour expliquer devant un auditoire attentif et silencieux ce qui définit le crime contre l’Humanité et revenir sur l'arrestation puis le procès de Klaus Barbie, jugé et condamné à Lyon à la réclusion à perpétuité, pour crime contre l’Humanité (1er procès de ce genre en France)

La deuxième partie de la journée fut consacrée à la visite de deux autres lieux de Mémoire, inscrits dans notre histoire commune, et souvent peu connus voir méconnus de ces jeunes et leurs parents auxquels nous dédions notre programme.

Le cimetière musulman de La Mulatière.

Dans un coin du cimetière de La Mulatière, il existe un caveau au style oriental, ossuaire de 113 soldats musulmans de 1914-1918, morts pour la France, associé à une fosse adjacente de 88 autres soldats musulmans. Il s’agit de l'ossuaire régional probablement le plus grand de la région pour des acteurs de ce conflit.

Pendant la Première Guerre mondiale guerre, les collèges étaient transformés en hôpitaux militaires, et celui d’Oullins avait accueilli des militaires, qui y mouraient. Les corps des personnes originaires de France étaient renvoyés dans leur région, et les autres étaient enterrées dans le cimetière de La Mulatière. C’est ainsi que 202 personnes, venues d’Afrique, y ont été enterrées. Vers 1920, Paul Nas, a voulu les regrouper dans un monument dédié, puisqu’ils étaient tous musulmans. Mais il a fallu plus de quinze ans pour mettre en place ce mausolée. Les travaux ont commencé en 1936, et le mausolée a été inauguré en 1938.La Seconde Guerre a commencé et tout est tombé dans l’oubli. En 2001 le nouveau maire élu s'est à son tour intéressé à ce lieu alors que personne ne s’en préoccupait réellement, et il ne s’est rien passé, jusqu’en 2007, date à laquelle Frédéric Couffin par son travail acharné d'historien local l’a remis en mémoire.  

Le Tata Sénégalais de Chasselay

Le Tata Sénégalais de Chasselay est la seule nécropole militaire nationale qui rappelle le sacrifice des soldats africains pour la liberté. Y sont inhumés 194 tirailleurs originaires de différents pays d'Afrique de l'Ouest, ainsi que deux légionnaires, tous massacrés par les troupes nazies les 19 et 20 juin 1940 lors de la bataille de Chasselay et dans les environs.

Alors que le 18 juin 1940, Édouard Herriot, en lien avec le préfet Emile Bollaert, obtient du maréchal Pétain que Lyon soit déclarée "ville ouverte", la décision est prise de retarder la progression vers le Sud des troupes allemandes en engageant des forces militaires au Nord de Lyon, notamment le 25° régiment de Tirailleurs sénégalais dans le secteur de Chasselay. Ces forces se distinguent par leur résistance, mais isolées, non ravitaillées, elles finissent par être débordées par les forces ennemies. A Chasselay, les nazis s’acharnent sur les prisonniers d’origine africaine qui sont séparés des autres prisonniers français et sauvagement assassinés par la division SS Totenkopft (Tête de mort) avec des mitrailleuses et des chars d’assaut.

La réalisation du Tata Sénégalais est due à Jean Marchiani, ancien combattant 1914-1918, secrétaire général de l'Office départemental des mutilés de guerre, anciens combattants et victimes de guerre. Dès qu'il a connaissance des événements des 19 et 20 juin 1940, il prend la décision de faire rassembler les corps des soldats d'origine africaine inhumés dans des cimetières communaux ou bien souvent dans de simples fosses en pleine campagne. Il réunit des fonds pour donner à ces soldats africains une sépulture digne de celle qu’ils auraient eue dans leur terre natale et achète un terrain à Chasselay, à proximité du lieu-dit « Vide-Sac » où 50 d’entre eux ont été assassinés par l'ennemi. La nécropole a été construite selon le style d'architecture de l'Afrique de l'Ouest, où Tata signifie « enceinte de terre sacrée » dans laquelle on enterre les guerriers morts au combat.

L'inauguration du Tata Sénégalais a lieu le 8 novembre 1942, trois jours avant l'invasion de la zone libre par les Allemands. Il est classé Nécropole nationale depuis 1966 et géré par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). Depuis la Libération, des cérémonies sont régulièrement organisées au Tata Sénégalais, notamment à l’occasion du 11 novembre et du 8 mai.

 

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