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Published on 21 June 2022

Ça s'est passé aujourd'hui - 21 juin 1943 : Arrestation de Jean Moulin

Il y a peut-être 1, 5, 10 ans ou encore un siècle tout juste, se produisait un événement marquant. Dans cette nouvelle rubrique intitulée « Ça s’est passé aujourd’hui », à l'image d'un éphéméride, le Crif revient sur quelques événements majeurs de l’Histoire date par date.

21 juin 1943 : Arrestation de Jean Moulin

Le 21 juin 1943, la Gestapo investit la villa du docteur Fréderic Dugoujon, à Caluire-et-Cuire, une petite ville proche de Lyon, où se tient une réunion importante du Conseil National de la Résistance. Sans doute le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, a-t-il été informé par l'un des participants. René Hardy a longtemps été soupçoné car il est seul à être parvenu à  s'enfuir, apparamment grâce à la complicité de Klaux Barbie. 

Parmi les résistants arrêtés, les Allemands ne tardent pas à identifier Jean Moulin, chef de la résistance intérieure. Ils le transfèrent à Paris puis à Berlin où il n'arrivera jamais. Le 8 juillet 1943, il meurt des suites des tortures et des mauvais traitements en gare de Metz.

Il y a quelques années le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon résumait sur son site Internet ce tragique épisode qui déstabilisa profondément l’organisation de la Résistance.

En voici un extrait :

Il y a 76 ans, la maison du docteur Frédéric Dugoujon, paisible bâtisse aux murs couverts de vigne vierge à Caluire-et-Cuire, fût le théâtre du tragique épisode qui devait jeter Jean Moulin dans les griffes de Klaus Barbie.
Nous sommes le lundi 21 juin 1943. Ce jour-là, en début d’après-midi, les principaux responsables militaires des organisations de Zone Sud se rendent, en ordre dispersé, au rendez-vous convenu Place Castellane (Place Gouailhardou aujourd’hui).
C’est André Lassagne, un jeune et brillant enseignant ami du docteur, qui a réglé les détails de cette importante réunion, où doit se décider la nomination du remplaçant du général Delestraint, chef de l’Armée secrète, arrêté quelques jours auparavant à Paris.
Tout concourt, semble-t-il, à faire de la villa du docteur Dugoujon le cadre idéal à cette rencontre : le lieu est isolé, d’accès facile ; il comporte une issue par l’arrière, le cabinet médical n’attire guère l’attention.
Dès 13h30, les premiers arrivants poussent la grille du jardin de la maison. La gouvernante du docteur les accueille. Cinq d’entre eux sont conduits au premier étage, à l’énoncé de la phrase convenue : « Nous venons de la part de Monsieur Lassagne ».

Il y a là :
André Lassagne, adjoint du général Delestraint pour la Zone Sud  (rentré de déportation)
Bruno Larat, chef national des opérations de parachutage et d’atterrissage (mort en déportation),
Albert Lacaze, récemment intégré à l’Etat-major de l’Armée secrète, incarcéré puis relâché en juin 1944, en même temps que le docteur Dugoujon,
Henry Aubry, chef de cabinet du général Delestraint, incarcéré puis relâché à la fin de l’année 1943,
René Hardy, alias Didot, membre du mouvement Combat, responsable du NAP-Fer, qui coordonnait les sabotages ferroviaires, mandaté par Pierre Bénouville pour le remplacer à cette réunion.
Les trois derniers participants accusent un retard de 45 minutes :
Jean Moulin, le représentant du général de Gaulle, arrivé au rendez-vous sous l’identité de Jacques Martel,
Emile Schwarzfeld, chef du mouvement « France d’abord », pressenti par Jean Moulin pour succéder au général Delestraint à la tête de l’Armée secrète (il mourra en déportation),
Raymond Aubrac, chef des groupes paramilitaires du mouvement « Libération », attaché à l’état-major de l’Armée secrète.

Pensant qu’il s’agit de patients ordinaires, Marguerite Brossier les oriente vers la salle d’attente, située au rez-de-chaussée, où se trouvent déjà plusieurs patients.
Un quart d’heure ne s’est pas écoulé que la Gestapo investit la maison, y compris le premier étage.
André Lassagne raconte : « Ce fut l’irruption, dans la pièce où nous nous trouvions, de 4 ou 5 policiers allemands, armés de pistolets et de mitraillettes. Rapide bousculade de coups de poing et de crosse et nous nous retrouvâmes très vite les mains liées par des menottes, face au mur… ».
Trois voitures attendent place Castellane, où quelques rares témoins assistent à une curieuse scène, que relate ainsi Marguerite Brossier : « J’ai vu redescendre un des trois hommes qui étaient montés ensemble, encadré par quatre hommes de la Gestapo… il s’est enfui… Les Allemands se sont mis à crier et à tirer des coups de feu… Par la suite, en réfléchissant, j’ai été étonnée qu’ils ne l’aient pas tué, car ils lui tiraient dessus de très près… » Des dires que confirmera le cantonnier Rougis, témoin oculaire de la scène.
Nous voici là au cœur de « l’affaire » : la facile évasion de René Hardy, la protection dont il semble bénéficier dans les jours qui suivent vont d’emblée attirer la suspicion et le désigner comme l’auteur de la trahison… 

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