Blog du Crif/Histoire - Une petite histoire des Juifs en Bretagne

03 March 2020 | 1450 vue(s)
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France

Comme chaque année, l'association ASI/Keren Or que je préside, distribue des lunettes de vue en Israël aux plus démunis. Cette année l'opération s'est déroulée dans la ville de LOD.

En 2005, le fait religieux envahissait peu à peu et dans la confrontation, les cours de récréation. L’agitation religieuse commençait à provoquer des dégâts dont nous payons le prix lourd aujourd’hui.

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

Une stèle en mémoire des victimes de la Shoah qui n’ont pas de sépulture, "ni ici, ni ailleurs", a été inaugurée dans le cimetière parisien de Bagneux.
Une cérémonie solennelle - et sous haute sécurité - qui, à Bagneux, dix ans après la mort d’Ilan Halimi, séquestré et torturé dans la cité de la Pierre-Plate parce qu’il était juif, était d’autant plus symbolique.

Dimanche 11 septembre 2016, j'étais l'invité de l'émission "30 minutes pour convaincre".

Le racisme qui frappe la communauté asiatique est insupportable.
 

Vouloir profiter de l'actuelle polémique pour assimiler les arrêtés anti-burkini à la Saint-Barthélemy et à la Shoah, c'est tomber dans l'indigne et le nauséabond 

Le Times of Israel a repris ma critique de la comparaison musulmans de France - juifs pendant la Shoah.

Je fais suite aux propos de Jean Luc Melenchon travestissant l'Histoire de France.

Aux côtés de Bruno Valentin, prêtre du diocèse de Versailles et Ahmet Ogras, vice-président du CFCM sur le plateau de BFM TV, j'ai réaffirmé mon sentiment d'horreur face à cet acte barbare qui s'est passé ce matin.

 

Dans quel monde vivons-nous et de quelle inhumanité est faite le monde ?

Retour sur le déchaînement de haines antisémites qui s’est produit l’été 2014, en France.

Ce sont toutes les plumes que l'on veut briser...

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Pour Stéphanie Dassa

Depuis le moyen-âge, l’histoire des Juifs d’Europe est une suite d’expulsions, de pillages, viols, meurtres et massacres. Pourtant, quelques pontifes et monarques s’efforcent d’humaniser ces interdictions. Les Juifs tentent alors de bénéficier de cette relative liberté et s’installent là ou ils le peuvent. Comme en d’autres endroits, des Juifs vivront donc en Bretagne.

Quelques récits et noms de lieux font mention de leur présence. A Rennes, par exemple, il existait une rue des Juifs, dans laquelle était confinée cette population, hors de tout contact avec les autres habitants de la ville. A Saint-Malo, jusque vers 1848, une voie publique se nommait rue des Juifs. A Vannes, à côté des anciens fossés, une rue était appelée la rue de la juiverie, sans doute parce qu’on y enfermait les Juifs durant la nuit entre deux portes. A Nantes, les Juifs étaient également parqués dans une rue de la juiverie, une rue qui porte encore aujourd’hui le même nom. Pas loin de là, il existe encore aujourd’hui un lieu-dit La Juiverie qui est composé de plusieurs maisons et fait partie de la commune de Saint-Herblain. Il existe aussi une rue de la juiverie au Croisic, à la Haie-Fouassière, comme il existait auparavant une rue de la juiverie à Ancenis...

Plus rare et plus curieux... jusqu’en 1658, une pièce de terre était nommée le cimetière aux Juifs, dans la paroisse de Saint-Igneuc, canton de Jugon, arrondissement de Dinan, dans les anciennes Côtes-du-Nord. Ils étaient pourtant peu nombreux à résider en Bretagne...

Au moyen-âge d’abord, les Juifs s’installent là où il y avait des garanties suffisantes de liberté, dans le sud ou en Alsace. En Bretagne, ils font du commerce et vivent parqués. Dans les périodes de crises, leur exclusion est cependant impitoyablement appliquée comme partout ailleurs. Sous le pontificat de Grégoire IX, par exemple, les croisés de Bretagne exigent l’expulsion des Juifs de toute la province et massacrent les rares familles juives de la région. En  1240, le duc Jean 1er, les chasse de toute la Bretagne et décide que toute dette contractée envers l’un quelconque de ses membres est annulée. Enfin, nul ne sera recherché pour le meurtre de Juifs tués jusque-là. Dans les années 1400, les Juifs sont toujours sous le coup du bannissement. Ils sont encore chassés sous Louis XII, dans les années 1498.

Au cours du XVIe siècle, des Juifs espagnols ou portugais qui ont feint d’abjurer le judaïsme, émigrent en France, certains viennent à Nantes. Au lendemain de la mort d’Henri IV, Louis XIII fait publier à Rennes, le 11 mai 1615, un édit. Les Juifs sont à nouveau expulsés du royaume, donc de Bretagne.

Mais, peu à peu, les Juifs se réinstallent en Bretagne.

En 1636, il y a quelque deux cent soixante familles juives d’origine espagnole et portugaise pour l’ensemble de la France, elles sont six ou sept à Nantes. En 1780, quelques marchands sont installés à Rennes, Nantes et à Saint Malo. Vers 1810, il y a en tout une trentaine de familles juives dans les grandes villes de la région, et selon un recensement effectué à la même époque, onze Juifs vivent dans toute l’étendue de l’Ille-et-Vilaine, principalement à Rennes et Saint-Servan. En 1834, la communauté juive de Nantes s’agrandit et en 1870, l’actuelle synagogue est construite. On reparle et de Rennes et des Juifs, quelques dizaines d’années plus tard lorsqu’Alfred Dreyfus, est renvoyé devant le Conseil de Guerre de Rennes, dans une ville véritablement en état de siège. Sous l’occupation, en Bretagne comme partout ailleurs en France, la nuit et la mort s’abattent sur les Juifs de France.

 

Qu’en est-il aujourd’hui de nos Juifs de Bretagne ?

A Brest, une trentaine de familles disposent de leur propre centre communautaire. A Nantes, les offices sont célébrés à la synagogue selon le rite séfarade, car les Juifs d’Afrique du Nord sont les plus nombreux. Il doit y avoir en tout entre 200 à 300 familles juives, dans la ville et ses alentours. Les commerçants, médecins, cadres et enseignants constituent les deux tiers de la communauté nantaise. Les fidèles de Saint-Nazaire et de la Baule se joignent aux activités proposées par leurs coreligionnaires nantais. Un petit oratoire existe aussi à Lorient. A Rennes et dans sa région, un peu moins d’une centaine de familles tentent de préserver leur culture. 

En définitive et en dépit de toutes les épreuves subies tout au long des siècles et dont ils gardent probablement la mémoire, les Juifs qui vivent en Bretagne - s’ils se sentent évidemment porteurs d’une certaine spécificité - se plaisent à vivre en ce si beau pays breton...

                                                                      

Lectures recommandées sur le sujet :

Charles Bado, Nantes et ses étrangers. Un aperçu sur les migrations nantaises à travers l’histoire, CID, 1990

Philippe Bourdrel, Histoire des Juifs de France, Albin Michel, 1974.

Léon Brunschvicq, « Les Juifs en Bretagne », Revue d’études juives, 1904, t. XLIX, p. 110-120.

Léon Brunschvicq, « Les Juifs de Nantes et du Pays nantais, Librairie Vier, 1890.

 

Marc Knobel

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