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Published on 24 March 2020

France - Coronavirus : faut-il craindre le pire dans les maisons de retraite ?

Que faut-il penser de la lettre, adressée au ministre de la Santé, laissant redouter 100000 morts au sein des structures d’accueil pour personnes âgées ? Notre enquête après l’annonce par le gouvernement de la distribution de 500000 masques.

Publié le 24 mars dans Le Parisien

«Des personnes âgées qui meurent en Ehpad du Covid-19, il y en aura encore. Comme partout dans la France entière, hors établissement, mais ce sont des morts qui se voient davantage», concède Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). Ce lundi, 9 corps ont encore été évacués d'un Ehpad dans les Vosges, soit 20 décès dans cette seule structure depuis le début de l'épidémie. Et à Paris, selon nos informations, au moins 16 décès sont à déplorer dans deux maisons de retraite du même groupe.


Ces établissements accueillent plus d'un million de résidents et bénéficiaires, dont l'âge moyen est de 85 ans. Des personnes âgées cumulant souvent des maladies chroniques, plus vulnérables donc face au virus. Une situation qui a justifié le déclenchement par le gouvernement du «plan bleu». Le but ? Restreindre au maximum les visites pour empêcher le virus d'y pénétrer. «L'hécatombe a commencé dans les Ehpad, affirme le célèbre urgentiste Patrick Pelloux. Il ne faut pas les laisser seuls, il faut les aider notamment en leur distribuant des masques.»


«Aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, une trentaine d'établissements, sur 6 500, sont dans une situation critique. Une minorité très attaquée. Les autres sont épargnés ou en alerte. Nous sommes donc mobilisés dans un renforcement absolu des mesures barrières», témoigne Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa qui regroupe, notamment, les principaux acteurs privés français des Ehpad.


Un besoin de 500 000 masques chirurgicaux par jour


Quid de cette lettre, adressée vendredi au ministre de la Santé, des responsables d'Ehpad, maisons de retraite et services à domicile redoutant la mort «de 100 000 résidents»? On reconnaît aujourd'hui, à mi-mot, que tous les signataires n'étaient pas forcément d'accord pour faire état d'une prévision aussi alarmiste. Mais ça a marché! Dans ce courrier, ces acteurs y réclamaient 500 000 masques.


«Je leur réponds ce jour que j'ai entendu leur demande et qu'ils disposeront dans la durée de ces 500 000 masques chirurgicaux par jour», a abondé, samedi, Olivier Véran, ministre de la Santé. Et d'ajouter : «Le nombre de masques sera proportionnel à la taille des établissements. Lorsque des symptômes apparaissent, la dotation devra permettre de couvrir en priorité les personnes qui œuvrent auprès des cas possibles ou confirmés.»

«Outre le manque de matériel de protection, mes anciens confrères me remontent aussi le manque de personnels pour pallier l'absence des familles qui ne peuvent plus visiter leur proche», témoigne Joachim Tavares, ancien directeur d'Ehpad, responsable de la plate-forme de recherche de logements adaptés aux besoins des seniors, PapyHappy.

Si le processus d'acquisition des masques se met progressivement en place, certains professionnels font toutefois remarquer que ceux qu'ils avaient en stock dans leur établissement ont été réquisitionnés pour fournir les hôpitaux avant cette annonce gouvernementale.


«Cela ne doit plus se reproduire! Nous l'avons fait remonter au ministère. Nous avons besoin de tout le monde pour qu'il y ait le moins de morts possible, mais ce sont les salariés des établissements pour personnes âgées et de l'aide à domicile qui sont en première ligne. Je note, par ailleurs, que les masques se font cruellement attendre pour les aides à domicile », ajoute Pascal Champvert de l'AD-PA.


Confinement et désinfection


«Nous rencontrons aussi des problèmes pour le transfert de patients lourds dans des zones très touchées comme le Grand-Est, l'Oise, la Franche-Comté… où les services hospitaliers sont embolisés. Nous sommes en discussion avec les autorités sanitaires pour avoir un renfort immédiat. Par le biais des hospitalisation à domicile (HAD) par exemple qui ne tournent pas à plein régime», précise Florence Arnaiz-Maumé du Synerpa. L'HAD a, en effet, pour vocation la prise en charge, quel que soit le lieu de vie, de patients à pathologies aiguës.


Confinement par étage des résidents, voire par chambre, restriction des animations, désinfection de tout ce qui entre dans l'établissement (y compris les livraisons) avec sas de déshabillage pour les personnels… Ce sont aujourd'hui les mesures de prévention qui s'installent en urgence.

 

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