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Published on 17 April 2020

Désinformation - Facebook se dote d'un système d'alerte rétroactif sur les « fake news »

A partir de ce jeudi, le réseau social va envoyer des alertes aux utilisateurs qui auront vu, partagé ou interagi avec de fausses informations sur le coronavirus. Une première pour un réseau social.

Publié le 16 avril dans Les Echos

Manger de l'ail protège contre le coronavirus. Le Covid-19 a été créé de toutes pièces par la Chine. L'épidémie est une conséquence du déploiement de la 5G. A partir de ce jeudi, les utilisateurs de Facebook ​qui ont « liké », réagi ou commenté depuis mars les innombrables « fake news » liées au coronavirus recevront sur leur « fil d'actualités » un message d'alerte renvoyant vers le site de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

C'est la première fois qu'un réseau social - de surcroît le premier de la planète, avec plus de 2 milliards d'utilisateurs - se dote d'un tel mécanisme rétroactif et décliné dans toutes les langues. Selon l'ONG internationale Avaaz, qui militait pour que Facebook aille dans ce sens, il s'agirait même de « l'une des mesures contre la mésinformation les plus importantes » jamais prises par Facebook.

Un « vaccin » contre l'« infodémie »

Avec cet outil, « Facebook dispose d'un vaccin contre l''infodémie' », se réjouit Fadi Quran, directeur de campagne chez Avaaz. Selon des études universitaires américaines commandées par l'organisation, le mécanisme permettrait en effet de réduire entre 50 % et 61 % la croyance dans les « fake news ».

Les utilisateurs de Facebook ne sauront pas précisément à quelle fausse information ils ont été exposés, ni quand. L'interaction devra avoir eu lieu au cours des deux dernières semaines. Autre bémol, les alertes ne concernent que les « fake news » supprimées par Facebook en raison des risques pour la santé des personnes. La plateforme ne dit pas combien de messages seront envoyés dans les prochains jours, mais rien qu'en mars, des « centaines de milliers de contenus » liés au Covid-19 ont été supprimés par le réseau social. L'opération pourrait donc être de grande ampleur.

Pour les « fake news » dont la visibilité a été réduite mais qui n'ont pas été supprimées, le réseau social continuera comme d'habitude à les labelliser, après vérification par ses 60 « fact-checkers », dont l'AFP. 40 millions de posts Facebook ont été signalés de cette façon en mars, selon les chiffres publiés ce jeudi. « Dans 95 % des cas, après avoir vu ces labels, les gens ne cliquent pas sur le contenu », assure Mark Zuckerberg.

22 jours pour identifier une « fake news » sur Facebook

Facebook n'est pas la seule plateforme à tenter de faire la chasse aux « fake news » qui sont reparties de plus belle avec l'épidémie. YouTube​, par exemple, affiche lui aussi un bandeau renvoyant vers le site de l'OMS en dessous de chaque vidéo traitant du coronavirus. La plateforme de Google a supprimé « des milliers de vidéos » qui prodiguaient de faux remèdes, contestaient l'existence même du Covid-19 ou l'utilité de la distanciation sociale…

Mais ces efforts peinent malgré tout à enrayer pour de bon les fausses informations. La tâche est d'autant plus compliquée qu'en raison du confinement, les plateformes peuvent moins solliciter leurs modérateurs et ont donc davantage recours à des algorithmes de détection encore imparfaits.

En épluchant un échantillon de 100 « fake news » sur le coronavirus sur Facebook, Avaaz s'est ainsi rendu compte qu'elles avaient été partagées 1,7 million de fois et vues 117 millions de fois. En moyenne, Facebook attendrait également 22 jours avant de « flasher » une fausse nouvelle, « des délais considérables » selon l'organisation. Enfin, 41 % des « infox » analysées par les partenaires de Facebook sont restées sur la plateforme sans aucun avertissement.

Mais pour Facebook, l'échantillon choisi par Avaaz n'est « pas représentatif » et ne reflète pas le travail mené. Mark Zuckerberg, lui, préfère évoquer les 350 millions de personnes qui ont cliqué sur Facebook et Instagram pour accéder aux messages sanitaires officiels de l'OMS. Soit presque autant que la population des Etats-Unis.