Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - Quelles leçons devons-nous retenir de la fin du Ghetto de Varsovie ?

23 April 2020 | 556 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Francis Kalifat a bien connu Robert Castel, durant les dernières années de sa vie. Ce fut une très belle rencontre, il garde en mémoire de beaux souvenirs. Francis Kalifat était présent à son enterrement. 

Martine Ouaknine est adjointe au Maire de Nice, déléguée au devoir de mémoire, à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, conseillère métropolitaine et départementale, présidente honoraire du Crif Sud-Est.

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Antisémitisme

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Jean Pierre Allali's picture
LECTURES
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24 May 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Deux historiens français l’ont fait et publient ce mois d’avril en collection Que Sais-je Les 100 mots de la Shoah.

"La Place de la République ne vous appartient pas".

Dimanche dernier, des militants du Collectif Anti Boycott se sont rendu face à une manifestation BDS.

Quel est donc ce mouvement qui s'est vu offrir une tribune hier au journal télévisé de France 2 ?

Lundi 11 janvier, à Marseille, un jeune turc de 15 ans attaquait à la machette un enseignant juif portant une kippa. Une affaire qui devait provoquer une grande émotion, et qui a inspiré à Jérôme Fenoglio, le directeur du journal « Le Monde », un éditorial remarquable. En voici un extrait : « Ce mal, il faut le considérer pour ce qu’il est : le produit des noces mortelles entre djihadisme et antisémitisme. Le terrorisme fondamentaliste (…) reprend tous les stéréotypes du vieil antisémitisme européen, accommodé à la sauce de l’heure, mélange de théories du complot importées du Moyen-Orient et transportées par Internet ».

A force de tenir des raisonnements primaires, ami de Gôôôôche, tu es devenu primaire

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L’Insurrection  du Ghetto de Varsovie qui clôt son histoire dramatique est l’un des événements les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale et de l’histoire du peuple juif.

En apprenant cette nouvelle, les Résistants juifs de toute l’Europe Occupée ont alors éprouvé un sentiment de fierté envers les combattants de l’Insurrection. L’enseignement qu’ils en ont tiré va radicalement changer leur état d’esprit. Ils ont compris qu’il n’était plus question de se bercer d’illusions : l’objectif des Nazis était bien de procéder à l’extermination de tous les Juifs du continent européen. En France, les Juifs ont alors compris l’inutilité de la politique de soumission aux nazis, prônée par l’Union générale des Israélites de France (UGIF). Les dirigeants des différentes organisations ont compris qu’il fallait impérativement s’unir dans un même combat autour d’une seule organisation. Cette démarche a abouti à la formation fin 1943 du Conseil représentatif des Israélites de France (Crif), fruit du rassemblement de toutes les organisations juives. Son objectif est d’assurer la défense de la communauté, de secourir les nécessiteux, d’appuyer politiquement et matériellement la lutte armée des partisans juifs dans divers détachements autonomes et dans les maquis.

Au sein du Foyer juif de Palestine, l’annonce de l’insurrection du ghetto de Varsovie a été vécue comme un coup de tonnerre, d’autant que beaucoup de ses habitants y avaient encore de la famille. Les Juifs de Palestine ont pris conscience qu’il n’était plus question de conserver l’esprit de soumission pratiqué au fil des siècles par les Juifs de la Diaspora. À Tel Aviv, le journal Haaretz du 31 mai a proclamé avec fierté : « La flamme de Massada n’est pas éteinte au ghetto de Varsovie. » Ce lien établi entre les insurgés du ghetto et les combattants de Massada a considérablement influencé les dirigeants du jeune État d’Israël. Souvenons nous que la déclaration d’indépendance a été proclamée à Tel Aviv par David Ben Gourion presque cinq ans jour pour jour après la fin de l’insurrection de Varsovie. Désormais, les dirigeants de l’Etat d’Israël, aussi bien de Gauche que de Droite, ont toujours fait en sorte de rappeler l’histoire du ghetto de Varsovie dont les habitants ont été exterminés sans que personne dans le monde n’intervienne. Les dirigeants israéliens ont toujours gardé à l’esprit qu’il existait un risque de destruction du peuple juif tout en sachant pertinemment qu’il n’était pas question d’attendre l'aide d’aucun pays et d’aucune institution internationale. C’est cette idée qui a animé et qui continue d’animer l’esprit des dirigeants de l’Etat d’Israël depuis 1948. 

Comme l’a bien écrit Raoul Hilberg « L’insurrection du ghetto de Varsovie fut un combat inégal, héroïque et tragique. Mais elle fut pourtant très efficace. Les insurgés, malgré leur fin tragique, atteignirent pleinement leur but : ils réalisèrent la participation des Juifs du ghetto à la guerre contre le Troisième Reich. »

« L’autre but, qui fut de toucher l’opinion publique mondiale et de protester contre le génocide et la discrimination raciale, a été également atteint. La lutte fut menée non pour une dignité abstraite, mais pour le peuple juif face à l’extermination. Ceux, qui “ne virent pas l’aube” restent toujours présents dans le monde d’après-guerre. L’insurrection du ghetto devint un événement porteur d’effets moraux et politiques très importants. »

En Pologne, le 19 avril 1948, à l’emplacement de l’ancien ghetto, le pouvoir communiste inaugure un monument conçu par Nathan Rapoport et Leon Suzin à la mémoire des héros de l’insurrection. Le ghetto de Varsovie représente alors pour le régime au pouvoir le recul du fascisme hitlérien face à la résistance et à l’humanisme.

Ce monument obtient un regain d’attention le 7 décembre 1970, lorsque le chancelier allemand Willy Brandt demande pardon au nom de son pays et s’agenouille publiquement dans un geste resté célèbre. Il déclare ensuite : « J’ai fait ce que font les hommes quand les mots font défaut. » Le pape Jean Paul II s’y recueille également le 18 juin 1983 en hommage aux victimes de la Shoah[1].

L’histoire du ghetto de Varsovie et de son soulèvement dépasse largement la communauté juive. Cet évènement s’inscrit après la guerre comme un évènement majeur de l’histoire de l’Europe du XX ème siècle comme l’a remarquablement souligné Marek Edelman internationale.[S1]  « La Shoah, c'est la défaite de la civilisation. Et hélas, cette défaite ne s'est pas arrêtée en 1945. Il faut s'en souvenir[U2] . 

 
Dr Bruno Halioua, Commission du Souvenir du Crif
 

[1] Après la chute du communisme, la place accordée en Pologne à l’insurrection du ghetto se renforce pour devenir, au fil des années, un événement majeur de l’histoire de la capitale et du pays. Certains chercheurs et intellectuels considèrent que la seconde insurrection qui a eu lieu en août 1944 n’est que la continuité de celle des Juifs du ghetto. Le 19 avril 2013, au moment des célébrations du 70e anniversaire de l’insurrection du ghetto, le musée de l’Histoire des Juifs de Pologne est inauguré sur le site de l’ancien ghetto. Un colloque est organisé au musée de l’Insurrection de Varsovie, en partenariat avec le musée de l’Histoire des Juifs de Pologne tout juste créé. Il est intitulé : « Varsovie, deux insurrections ». Cette approche est l’objet de critiques, aussi bien de la part des Juifs que de certains Polonais, qui estiment qu’il est incorrect de mettre sur le même plan les deux insurrections.


[U2]Marek Edelman La vie malgré le Ghetto p.131