Stéphanie Dassa

Directrice de projets

Blog du Crif - A tous ces rescapés de la Shoah qui nous ont quittés...

12 May 2020 | 177 vue(s)
Catégorie(s) :
France

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

Découvrez ma lecture du livre de Ginette Kolinka, "Retour à Birkenau".

Dans cette éditorial, je m'exprime sur la décision du parquet de Paris de s'opposer à l'incarcération d'Alain Soral. Une décision que je juge inacceptable.

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Actualité

Comme nos lecteurs ont pu l’apprendre dans la newsletter du Crif, le président du Crif, Francis Kalifat a rencontré le nouvel ambassadeur de Chypre en France, Son Excellence Georges Chacalli, à l’occasion d’un déjeuner de travail. Partons à la découverte de Chypre et de sa petite communauté juive.

 

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Opinion

Par un enchaînement de hasards, notre bloggueuse Sophie, plus habituée aux sujets de cyber-sécurité et de contre-terrorisme, s'est retrouvée les mains dans la pâte (à pizza). Et ça lui a donné quelques idées plutôt gourmandes... Elle les partage avec vous cet été à travers ces chroniques culinaires !

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Au commencement il y eut Milo. Milo Adoner. L’enfant du Pletzel revenu d’Auschwitz  orphelin et très remonté.

Ensuite il y eut Frida. Frida Wattenberg, résistante un jour, résistante toujours. 

Après Frida et Milo il y eut Simon. Simon Grobman, l’adorable. Enfant caché et fils d’engagé volontaire dont la gentillesse était aussi profonde que les fonds marins.

Quand nous eûmes quitté Simon, il a fallu quitter Fanny. Fanny Hochbaum la pétillante, l’israélienne, celle qui avait fait sa vie sous le soleil, là où la misère est moins pénible comme le chantait le grand Charles (Aznavour, qui d’autre ?).

Puis il y eut Liliane. Liliane Esrail, la grande blessée du cœur, dont les bras de son époux Raphaël ont été comme l’atmosphère au-desssus de la terre : une possibilité de vivre.

 

Ils sont tous morts. Morts pendant ce temps suspendu où nous restions chez nous à ne rien faire ou si peu. 

Ils sont morts pendant le Covid, certains à cause du virus et ce fut le cas pour Simon et Frida, d’autres d’épuisement, comme Milo qui de toute façon avait tout donné, tout ce qu’il avait comme énergie et comme larmes, car Milo pouvait pleurer comme il savait gueuler. Le cœur de Fanny s’est arrêté de battre, et Liliane n’en pouvait plus de cet Alzheimer.

J’ai eu de la chance, beaucoup de chance, de les avoir connus et d’avoir appris à les aimer. J’en ai eu plus encore d’avoir reçu d’eux en retour une affection sincère et je le crois aussi une certaine confiance.  Il en aura fallu du temps. De ces hommes et de ces femmes à l’âme abimée on n’obtient pas l’approbation avec un joli sourire. Condition nécessaire mais pas suffisante.

J’étais là, comme beaucoup de gens, aux obsèques de l’inoubliable Milo, c’était début Mars, 10 jours plus tard, cela n’aurait pas été possible. Je n’étais pas là pour accompagner les autres dans leur dernière demeure et c’est une pointe dans le cœur plantée que de penser à eux sans avoir pu faire le deuil concret de leur grand départ pour « là-haut ».

Si j’avais l’assurance d’Elizabeth II et la foi du charbonnier, je pourrai leur dire avec beaucoup de sang froid « We will meet again » mais je n’y crois pas trop, enfin pas comme ça.

Ce que je veux surtout leur dire c’est qu’ils ont tous à leur manière enrichi mon existence, ouvert mon esprit à des récits inimaginables, repoussé les limites de ce que je pouvais supporter, ils ont fait de moi une femme un peu plus forte et beaucoup plus patiente.

Leur départ pour le grand voyage sans retour, il fallait certes s’y attendre mais il est dans la vie des choses qu’on sait au fond de nous et qu’on occulte.  Ce texte est écrit simplement pour leur dire au revoir, pour leur dire qu’ils vont tous me manquer et que je pense à eux pour l’éternité.

Et à l’instant précis où j’écris ces lignes je revois Milo qui avait beaucoup d’humour et  m’aurait répondu à la Woody Allen : «L’éternité c’est long, surtout vers la fin.»

Stéphanie Dassa

 

Nos pensées émues vont également également à ces disparus : Henri Kichka, l'une des dernières mémoires belges des camps de concentration et seul survivant de  sa famille, Asia Turgel, également la seule survivante de sa famille, Paulette Sarcey, résistante juive engagée et à Roger Helwaser l'orphelin de la Shoah. Ils ont tous survécus à l'horreur de la Shoah. Nous ne les oublierons jamais.