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Published on 12 May 2020

L'article de presse que vous avez le plus lu cette semaine

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l'un des chefs-d'oeuvre de Gustav Klimt a été pillé par les nazis. Découvrez son histoire dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire".

Cet article avait été publié dans le newsletter du 13 mai 2020. Il est l'article de presse que vous avez le plus lu cette semaine. 

Mémoire - Le saviez-vous ? Une oeuvre de Gustav Klimt pillée par les nazis a failli ne jamais être restituée

Publié le 12 mai sur Europe 1

En écoutant le récit consacré à la course aux trésors nazis vous avez peut être eu envie d'en savoir sur les chefs d'oeuvres dérobés. Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars vous raconte l'histoire d'un tableau exceptionnel : le Portrait d'Adèle Bloch Bauer intitulé aussi La dame en Or de Gustav Klimt.

Adèle Bloch Bauer vécut de 1881 à 1925. Cette fille de banquier était l’épouse de Ferdinand Bloch Bauer, un magnat du sucre, propriétaire de la plus grande raffinerie sucrière d’Autriche. Il était un collectionneur d’art et un mécène de la Sécession viennoise. Leur salon était fréquenté par de nombreux artistes. C’est en 1904 que Ferdinand demande au peintre de faire un portrait de son épouse Adèle.

Klimt ne l’achèvera qu’en 1907. C’est l’un de ses chefs-d’oeuvre. C’est un carré de 136 cm de côté. Une peinture à l’huile dont le fond et la magnifique robe d'Adèle sont rehaussés d’or et d’argent. Adèle est brune, très belle. Elle porte aussi un collier de diamants et de pierres précieuses qui enserre son cou. Le tableau mêle habilement les influences byzantine, orientale et Art Nouveau.

Saisi par les nazis puis installé au musée du Belvédère 

Ce portrait était accroché dans le salon des Bloch Bauer jusqu’en 1941. Lors des persécutions et spoliations que subit la communauté juive de Vienne de la part des nazis,  les tableaux et œuvres d’art du couple sont saisis. La famille a pu quitter Vienne à temps.

Dans les années d’après-guerre, alors que le Palais du Belvédère, à Vienne, est devenu le grand musée de la Sécession, le portrait d’Adèle se trouve accroché dans la salle des Klimt. Il est si beau et si envoûtant qu’il devient le phare de cette collection et une sorte d’emblème du mouvement de la Sécession viennoise. 

C’est là qu’une nièce d’Adèle, Maria Altmann, installée aux Etats-Unis, le découvre. Elle reconnaît un tableau qu’elle avait toujours vu dans le salon familial. Elle est la seule descendante des Bloch Bauer. La restitution semble s’imposer mais ce fut loin d’être facile. Son avocat engage des tractations avec le musée du Belvédère. Il se heurte à un mur. Le tableau est un tel trophée que Vienne ne veut s’en séparer à aucun prix. 

Après de nombreux échecs judiciaires auprès de la justice autrichienne, la nièce d’Adèle et son avocat décident de s’adresser à la Cour Suprême des Etats-Unis. Cette juridiction reconnaît les droits de la plaignante. Le tableau lui est donc rendu mais il est si magnifique qu’elle préfère que le public puisse continuer à l’admirer.

Le joyau de la Neue Galerie à New York

Le 18 juin 2006, Ronald Lauder, président de l’empire cosmétique de sa mère Estée Lauder, rachète le tableau à Maria pour 135 millions de dollars. L’œuvre est désormais le joyau de la Neue Galerie à New-York. Ce musée, installé par Ronald Lauder dans l’hôtel particulier de sa mère sur la Cinquième Avenue, est entièrement consacré à la Sécession viennoise. Il y a non seulement des tableaux mais aussi  du mobilier, de l’argenterie, des objets d’art. C’est un endroit exceptionnel, une sorte d’enclave viennoise au coeur de New-York. Comme sa mère hongroise, Ronald Lauder voue un culte à ce mouvement artistique. 

Si vous avez envie d’en savoir plus sur cette histoire, je vous conseille de regarder le film, très réussi, de Simon Curtis La femme au tableau, dans lequel Helen Mirren incarne la nièce d'Adèle Bloch Bauer...

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