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Published on 6 July 2020

Europe - Allemagne: un des tout derniers procès du nazisme proche du dénouement

Un des tout derniers procès allemands des atrocités commises dans les camps de concentration nazis touche à sa fin. L'accusation fera connaître ce lundi ses réquisitions contre Bruno Dey, 93 ans, qui fut vers la fin de la guerre un garde SS du camp de concentration de Stutthof, en Pologne.

Publié le 6 juillet dans BFM TV

Bruno Dey, 93 ans, était un garde SS en avril 1944 et avril 1945 du camp de Stutthof, situé à 40 km de la ville de Gdansk, aujourd'hui en Pologne.

17 ans lors de la guerre

Alors âgé de 17 ans, il est jugé par la cour des mineurs pour complicité du meurtre de 5.230 prisonniers - 5.000 en "créant et maintenant des conditions qui mettent la vie en danger", 200 par gazage et 30 d'une balle dans la nuque. Aujourd'hui boulanger à la retraite, poussé sur un fauteuil roulant par une infirmière, il cache depuis le début des audiences à l'automne son visage à l'épaisse moustache derrière une chemise cartonnée.

Le verdict sera rendu le 23 juillet.

Rouage essentiel

Créé en 1939 pour des prisonniers civils, ce premier camp construit hors d'Allemagne a été peu à peu agrandi sous la responsabilité des SS. Quelques 115 000 déportés y ont été emprisonnés, dont 65 000 ont perdu la vie, selon le Mémorial Yad Vashem. Le site, où les conditions de vie étaient épouvantables et qui comportait une chambre à gaz, comptait environ 3.000 gardes SS et auxiliaires ukrainiens. Les exécutions y étaient fréquentes.

Depuis le début du procès, comme durant l'enquête, Bruno Dey n'a pas nié avoir été garde mais il assure avoir été obligé d'y travailler et ne rien avoir pu faire contre la machine concentrationnaire SS. "Je veux oublier, je ne veux plus continuer à me pencher sur le passé", a-t-il répondu le 20 mai à la présidente de la cour qui lui demandait s'il lui arrivait d’évoquer son passé avec ses enfants et petits-enfants. "Je ne me sens en rien coupable pour ce qui s'est passé à l'époque", a-t-il déclaré, "je n'y ai en rien contribué autrement que par le fait d'être garde". "Mais j'ai été obligé de le faire, c'était un ordre", s'est-il défendu.

Ses avocats affirment pour sa défense qu'il n'avait pas rejoint volontairement les SS dans le camp mais qu'il y fut affecté car sa santé de permettait pas de le mobiliser au front. L'accusation juge en revanche qu'il a été un rouage essentiel de la "solution finale" nazie visant les Juifs.

Le procès a été marqué à l'automne par le témoignage d'un Américain de 76 ans, Moshe Peter Loth, qui prétendait avoir, tout jeune enfant, été interné dans le camp. Mais une enquête de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel a révélé des inexactitudes dans son témoignage. Il s'est défendu en invoquant une quête d'"identité", avant de retirer sa plainte.

Sévérité tardive de la justice

Ces dernières années, l'Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS pour complicité de meurtre, illustrant la sévérité tardive de sa justice, accusée d'avoir longtemps fermé les yeux.

Parquets et tribunaux allemands ont élargi aux gardiens de camps le chef d'accusation de complicité de meurtre, auparavant réservé aux personnes qui occupaient des postes élevés dans la hiérarchie nazie ou directement impliquées.

Aucun de ces condamnés n'est cependant allé jusqu'ici en prison, en raison de leur état de santé. Le cas le plus emblématique fut la procédure engagée contre John Demjanjuk. Ancien gardien du camp d'extermination de Sobibor, il écopa en 2011 d'une peine de cinq ans de prison. Il mourut en 2012 avant son procès en appel.

Il y a encore une vingtaine d'affaires de ce type en cours d’instruction dont une dizaine concernent le seul camp de Sachsenhausen.

 

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