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Published on 11 January 2022

Israël - Covid-19 : touché par la vague Omicron, Israël desserre des restrictions jugées trop paralysantes

Estimant qu’il n’a plus avantage à se cloîtrer, le pays a rouvert ses frontières, assoupli les conditions d’isolement pour les cas positifs et fait évoluer sa politique de dépistage, tout en misant sur une amplification de la vaccination.

Publié le 10 janvier dans Le Monde

Avec un mois de retard sur l’Europe, la « citadelle » Israël voit déferler à son tour le variant Omicron du SARS-CoV-2 et lâche du lest. Depuis la fin décembre, le nombre de contaminations recensées chaque jour est passé de moins de 2 000 à 23 000 cas. Face à cette vague qui pourrait contaminer entre 2 millions et 4 millions d’Israéliens (sur 9,3 millions au total), selon le premier ministre, Naftali Bennett, le pays assouplit une série de restrictions jugées inutilement paralysantes. Dimanche 9 janvier, il a rouvert ses frontières.

Le pays n’a plus avantage à se cloîtrer, estime depuis plusieurs semaines le conseil scientifique qui assiste le gouvernement. L’aéroport international Ben-Gourion admet de nouveau les touristes venus de pays classés en décembre sur une liste rouge, dont la France et les Etats-Unis. Les voyageurs vaccinés et qui ne font pas partie d’un groupe à risque ne sont soumis qu’à un test antigénique et à vingt-quatre heures d’isolement au maximum.

Ce mois « d’avance » a permis à l’Etat de reconstituer ses stocks de vaccins, de se procurer un traitement du laboratoire Pfizer récemment approuvé pour les personnes à risque (Paxlovid), et d’évaluer les dégâts que le variant cause à l’étranger. Pour l’heure, il se rassure en constatant que le nombre de cas graves demeure limité : on en dénombre 221, dont la majorité ne sont pas à jour de leurs vaccins contre le Covid-19, et 59 sont sous ventilateur. Pour Nadav Davidovitch, directeur de l’école de santé publique de l’université Ben-Gourion, et membre du conseil scientifique, ce nombre pourrait cependant dépasser, dans quelques semaines, les capacités des hôpitaux, qui cumulent 3 000 lits en réanimation.

Règles de quarantaine assouplies

Choisissant ses batailles, le gouvernement mise sur ce qu’il connaît et sait faire : vacciner. Il s’efforce, pour le reste, de prévenir une rupture des capacités de test et assouplit ses règles de quarantaine, afin d’éviter de paralyser le pays. « La règle qui doit nous guider, c’est que le vaccin vous protège de la maladie grave et de la quarantaine. Quiconque est totalement vacciné est protégé contre le besoin de s’isoler » : tel est le cap fixé, dès le 3 janvier, par Naftali Bennett.

Depuis le 6 janvier, les tests PCR sont donnés en priorité aux personnes non vaccinées, aux plus de 60 ans et aux catégories à risque. Quitte à susciter des critiques sur un traitement « préférentiel » accordé aux non-vaccinés. En cas de contact avec une personne contaminée, les autres sont incités à utiliser des tests antigéniques à domicile – de plus en plus chers et moins efficaces.

Le conseil scientifique a recommandé en sus, mardi, la réduction du temps d’isolement des personnes infectées vaccinées à sept jours au lieu de dix. La question se pose avec plus d’acuité pour le personnel médical, alors que les hôpitaux craignent de manquer de bras. Le ministère de la santé envisage qu’ils continuent d’exercer même s’ils sont déclarés positifs, à condition qu’ils ne présentent pas de symptômes.

Un code couleur qui régulait les fermetures des écoles dans les villes selon le degré de circulation de l’épidémie a également été abandonné, dimanche. Les autorités locales disposeront de plus de marge de manœuvre pour maintenir les classes ouvertes, dans un pays où les fermetures d’écoles ont été massives jusqu’à la quatrième vague, en comparaison de la France.

Rassemblements de masse autorisés

Enfin, dimanche, l’Etat a pris acte de l’efficacité réduite du « passe vert », certificat de vaccination ou de rémission, qui régule l’entrée dans les lieux publics. Devant un rythme de contaminations si rapide, qui touche bien des détenteurs du passe, les centres commerciaux n’ont plus à l’exiger. Ils doivent respecter une simple limite de fréquentation. Ils ne peuvent cependant servir de la nourriture qu’aux porteurs d’un passe vert.

Pour le reste, le pays ne s’est pas résolu à limiter de façon significative les rassemblements publics, et c’est là l’originalité d’Israël. « Le gouvernement aurait dû interdire les rassemblements de masse à haut risque, comme les mariages », estime Hagaï Levine, directeur de l’école de santé publique de l’Université hébraïque. Le conseil scientifique a bien recommandé une jauge pour les concerts, en plus de l’obligation de présenter un passe vert. Mais le ministère des finances rechigne à débloquer de nouveaux fonds d’indemnisation durant cette vague. L’Etat cherche à faire respecter dans les entreprises publiques un taux de présence de 50 % et, depuis dimanche, à imposer le travail d’équipes restreintes en capsules. Cependant, la confusion demeure dans le privé.

Ce mélange d’alarme, de fatalisme et de maintien d’une vie « normale » suscite une réelle confusion parmi les Israéliens, qui se voient incités à la responsabilité individuelle. « Nous ne nous attendons pas à ce que des restrictions légères changent vraiment la donne, donc elles n’ont pas de raison d’être », a justifié, jeudi, Nachman Ash, le directeur général du ministère de la santé.

Quatrième dose pour les plus de 60 ans

Pays pionnier de la vaccination contre le Covid-19 fin 2020, Israël a réduit, début janvier 2022, le délai entre deux doses de rappel à trois mois. Il a surtout choisi d’autoriser une quatrième dose aux plus de 60 ans et aux personnels médicaux, avant même que celle-ci ait reçu l’aval des principales agences de régulation. Depuis lors, 250 000 personnes s’y sont pliées. Les premiers résultats d’une étude menée au centre hospitalier Sheba, près de Tel-Aviv, montrent que ce rappel multiplie par cinq le niveau d’anticorps en une semaine et pourrait donc réduire le risque d’être contaminé par le variant comme de le transmettre à son entourage. Quant aux effets secondaires, ils n’apparaissent pas différents de ceux suscités par la troisième dose, affirme l’hôpital.

Selon le ministère de la santé, 38,5 % des Israéliens ne sont pas vaccinés ou pas à jour de leur vaccin. Dans ce pays jeune (28 % de la population a moins de 14 ans, contre 18 % en France), ce sont surtout les moins de 40 ans qui n’ont pas effectué le rappel. La vaccination des enfants, possible jusque dans les écoles primaires, demeure, elle aussi, limitée : 11 % seulement ont reçu leur première dose.