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Published on 21 February 2022

Ça s'est passé aujourd'hui - 21 février 1944 : L'Affiche rouge

Il y a peut-être 1, 5, 10 ans ou encore un siècle tout juste, se produisait un événement marquant. Dans cette nouvelle rubrique intitulée « Ça s’est passé aujourd’hui », à l'image d'un éphéméride, le Crif revient sur quelques événements majeurs de l’Histoire date par date.

21 février 1944 : L'Affiche rouge

 

Il y a 78 ans, le 21 février 1944, les murs de Paris se couvraient de grandes affiches rouges, affiches de propagande allemande.

Placardées à 15 000 exemplaires, elles font état de l'exécution au mont Valérien de 23 "terroristes" membres d'un groupe de Francs-Tireurs et Partisans – Main-d'Œuvre Immigrée (FTP-MOI), résistants de la région parisienne, qualifiés d' "armée du crime". Le chef de ce groupe de résistants s'appelle Missak (Michel) Manouchian*.

Du 15 au 18 février 1944, 23 accusés comparaissaient à Paris, devant une cour martiale allemande. Ils forment le noyau d'intervention, parmi un groupe de 68 francs-tireurs et partisans de la MOI incarcérés depuis trois mois et quotidiennement torturés.

Le verdict tombe le 21 février au matin et, le jour même, tous sont fusillés au Mont-Valérien, à l'exception de la Hongroise Olga Bancic, qui sera décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944.

 

Au cours des six premiers mois de l'année 1943, ces groupes FTP-MOI parviennent à exécuter 92 attentats. Pourtant, le nombre des combattants ne dépassera jamais 65, chiffre atteint en août 1943, lorsque l'Arménien Missak Manouchian devient commissaire militaire de l'ensemble des FTP-MOI de la région parisienne.

Le fait d'armes le plus spectaculaire des FTP-MOI est l'attentat du 28 septembre 1943 qui coûta la vie au général SS Julius Ritter, un colonel SS qui supervisait en France le Service du travail obligatoire, qui envoyait des dizaines de milliers de travailleurs français en Allemagne pour y soutenir l'industrie nazie.

 

Sur cette affiche on observe les photos, les noms et les actions menées par dix résistants du groupe Manouchian :

  • Grzywacz – Juif polonais, 2 attentats ;
  • Elek – Juif hongrois, 8 déraillements ;
  • Wasjbrot (Wajsbrot) – Juif polonais, 1 attentat, 3 déraillements ;
  • Witchitz – Juif hongrois, 15 attentats ;
  • Fingerweig – Juif polonais, 3 attentats, 5 déraillements ;
  • Boczov – Juif hongrois, chef dérailleur, 20 attentats ;
  • Fontanot (Fontano) – Communiste italien, 12 attentats ;
  • Alfonso – Espagnol rouge, 7 attentats ;
  • Rajman – Juif polonais, 13 attentats ;
  • Manouchian – Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés ;

Ainsi que six photos d'attentats ou de destructions, représentant des actions qui leur sont reprochées.

 

Depuis 1985, l'Affiche rouge s'impose peu à peu comme le symbole de la part prise par les étrangers dans la Résistance.

 

*Pour en savoir plus sur Missak Manouchian :

«Vous avez hérité de la nationalité française, nous l’avons méritée.» La scène se passe à l’hôtel Continental à Paris, le 15 février 1944. Grâce à la ténacité des Brigades spéciales des renseignements généraux de la préfecture de police de Paris, les nazis sont venus à bout du «groupe Manouchian» qui, depuis deux ans, harcèle les troupes d’occupation. Les nouveaux maîtres de l’Europe se croyaient tout-puissants, mais voilà que, recourant à une tactique de guérilla urbaine rudement efficace, une soixantaine de jeunes gens aux noms difficiles à prononcer exécutent en deux ans une trentaine de soldats et dignitaires allemands dans la capitale. Ce jour-là, une parodie de procès est organisée dans le Grand Hôtel de la rue Scribe. Face à ces accusateurs, Missak Manouchian lance cette phrase qui résonne jusqu’à aujourd’hui. Quelques jours plus tard, le 21 février 1944, il est fusillé au Mont-Valérien, en même temps que 21 de ses camarades. Il a 37 ans.

Un collectif de personnalités, dont l’historien Serge Klarsfeld et le cinéaste Robert Guédiguian, ainsi qu’une vingtaine de députés et sénateurs, appellent à la panthéonisation du héros de l’Affiche rouge, fusillé au Mont-Valérien il y a 78 ans.

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