Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - 25 février 1941: Les travailleurs d’Amsterdam protestent contre la persécution nazie des Juifs néerlandais

28 February 2022 | 167 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

I was interviewed in English and French, on EJP , Tuesday, May 31, 2016.

J'ai été interviewé, en anglais et en français, sur EJP, mardi 31 mai 2016.

Suite à mon élection à la Présidence du Crif, j'ai répondu aux questions de Paul Amar, sur tous les sujets de préoccupations des Juifs de France.

J'ai été interviewé par Marc-Olivier Fogiel et Eléanor Douet, sur RTL, lundi 30 mai 2016, à la suite de mon élection à la Présidence du Crif.

Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

A l'occasion de l'assemblée générale du Crif réunie le 29 mai 2016, j'ai prononcé mon discours de candidature.

Jean Pierre Allali's picture
LECTURES
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24 May 2016
Catégorie : France, Antisémitisme

Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois publient un ouvrage original sur un thème peu exploré jusqu'ici:la contribution de la société des transports parisiens à l'organisation de la déportation des Juifs de France aux heures sombres de l'Occupation nazie

Lors du 9ème Salon du Livre de la Licra, deux écrivains ont reçu un prix

Là-bas, la crainte d'une menace russe est la principale raison qui exacerbe les passions identitaires.

 
Lors d’une allocution devant le Conseil de sécurité, Rafael Ramirez, représentant du Venezuela auprès des Nations-Unies, a lancé… « Qu’est-ce qu’Israël a l’intention de faire avec les Palestiniens ? Vont-ils disparaître ? Est-ce qu’Israël cherche à imposer une Solution finale sur les Palestiniens ? » 
 

Décryptage.

 

Deux historiens français l’ont fait et publient ce mois d’avril en collection Que Sais-je Les 100 mots de la Shoah.

"La Place de la République ne vous appartient pas".

Dimanche dernier, des militants du Collectif Anti Boycott se sont rendu face à une manifestation BDS.

Quel est donc ce mouvement qui s'est vu offrir une tribune hier au journal télévisé de France 2 ?

Lundi 11 janvier, à Marseille, un jeune turc de 15 ans attaquait à la machette un enseignant juif portant une kippa. Une affaire qui devait provoquer une grande émotion, et qui a inspiré à Jérôme Fenoglio, le directeur du journal « Le Monde », un éditorial remarquable. En voici un extrait : « Ce mal, il faut le considérer pour ce qu’il est : le produit des noces mortelles entre djihadisme et antisémitisme. Le terrorisme fondamentaliste (…) reprend tous les stéréotypes du vieil antisémitisme européen, accommodé à la sauce de l’heure, mélange de théories du complot importées du Moyen-Orient et transportées par Internet ».

Pages

Il y a 81 ans le 25 février 1941 : la grève des travailleurs d’Amsterdam pour protester contre la persécution nazie des Juifs néerlandais

En 1940, après avoir rapidement vaincu la petite armée néerlandaise, l'Allemagne a occupé les Pays-Bas. Un mois seulement après le début de leur occupation, les autorités nazis ont commencé à mettre en place des mesures de persécution contre les Juifs hollandais. Les cafés et les restaurants ont été contraints d'afficher des pancartes « joden niet gewenscht » (« les Juifs sont indésirables »). A partir du début de l’année 1941, le parti fasciste local, le Nationaal-Socialistische Beweging in Nederland (Mouvement national-socialiste aux Pays-Bas, NSB) a envoyé sa milice, la Weerbaarheidsafdeling (WA), pour intimider et brutaliser les Juifs dans les différents quartiers d’Amsterdam, notamment à Jodenbuurt.

La création de groupes d’autodéfense chargés de protéger les Juifs

En réaction, des Néerlandais juifs et non juifs ont mis en place des groupes d’autodéfense « knokploegen » chargés de contrecarrer les actions menées par les membres antisémites du WA. De nombreux affrontements ont lieu. Le plus important a eu lieu le 11 février 1941où une bagarre particulièrement violente a abouti au décès d’un membre du WA. En guise de représailles, le 19 février, une unité du Sicherheitspolizei und Sicherheitsdienst (Sipo et SD), services de police allemands, a fait irruption dans un salon de thé-glacier nommé Koco, tenu par des immigrants juifs allemands, Alfred Kohn et Ernst Cahn. A leur grand surprise, les policiers allemands se sont heurtés à une grande résistance de la part d’un groupe de jeunes juifs car le salon de thé avait déjà fait l’objet d’attaques. Les Allemands ont été accueilli par des jets de gaz servant à fabriquer de l’eau de Seltz. Les deux propriétaires de Koco ont été aussitôt arrêtés. Le premier est mort en prison peu après son arrestation, le second sera fusillé le 3 mars. Le peloton d’exécution était commandé par l’Untersturmführer Klaus Barbie, le futur « Boucher de Lyon ».

De la rafle des Juifs d’Amsterdam au mouvement de grève

L’affaire du Koko est le prétexte d’une vaste rafle, le samedi 22 février, au Waterlooplein, un marché juif, et à la Jonas Daniël Meijerplein. 425 jeunes juifs ont été arrêtés et déportés dans les camps de concentration de Buchenwald et de Mauthausen. Seuls deux ont survécu. En guise de protestation face à ses arrestations, le lundi 24 février 1941, à 6 heures du soir, la direction du Parti Communiste des Pays-Bas a réuni des centaines de personnes en plein air sur la place Noordermarkt en pleine ville d’Amsterdam. Les dirigeants communistes ont appelé tous les Néerlandais à participer à une grève de protestation. Des tracts ont été imprimé « Staakt !!! Staakt !!! Staakt !!!” (Grève !!! Grève !!! Grève !!!). Le lendemain matin, le 25 février, les travailleurs les ont distribués dans toute la ville, en particulier aux portes des usines « pour montrer leur solidarité avec la partie juive de notre société qui a été si durement touchée ». Le mouvement de solidarité avec les Juifs connu par les Néerlandais sous le nom de « Februaristaking » a pris une ampleur particulièrement importante. Le mot d’ordre a été largement diffusé de bouche-à-oreille à l’ensemble des travailleurs d’Amsterdam. Les tramways ont interrompu leur service. Les dockers et les ouvriers des chantiers navals ont abandonné leur lieu de travail à Amsterdam Noord. Les services d’éboueurs, les entreprises métallurgiques, les grandes chaînes de magasins ont quitté leur travail. Les élèves ont déserté leurs salles de classe, tout comme les enseignants. Ce jour-là, des Néerlandais ordinaires, hommes, femmes et enfants ont exprimé leur opposition unanime face aux persécutions antisémites. Pour l’Occupant, la grève a été une surprise complète et elle s’est prolongée même le lendemain à Utrecht, Hilversum, dans le Kennemerland et dans la région du Zaan.  Au total on estime que pendant le « Februaristaking » près de 300 000 travailleurs néerlandais ont fait grève (ce qui est considérable si on considère que la population totale de la Hollande était inférieure à neuf millions).

Une répression impitoyable

Bien que prises au dépourvu, les autorités allemandes ont réagi avec brutalité et rapidité. Le 26 février, les Allemands ont tiré dans la foule et même lancé des grenades. Il y eut 9 morts et 45 blessés. La grève était finie. Au cours des jours qui ont suivi, le maire a été contraint de démissionner et de nombreux employés de la ville ont été licenciés. Des centaines de grévistes ont été arrêtés, incarcérés et maltraités, et particulièrement les communistes. Certains ont été déportés à Buchenwald et une poignée exécutée. Nous ne devons jamais oublier la Februaristaking qui est la première et la plus grande manifestation de masse contre les Nazis de toute l’Europe occupée. Cet événement unique est commémoré chaque année devant le monument au docker De Dokwerker – une statue située face à la synagogue portugaise sur la Jonas Daniël Meijerplein- une place du Jodenbuurt, l’ancien quartier juif d’Amsterdam.

statue

Ils n’ont pas fait grève pour du bien ou de l’argent,
Ni non plus pour un peu de pain ;
Ils ont fait grève contre la violence brutale ;
Ils ont fait grève pour les Juifs qu’on battait.
                         A. Den Doolaard (1941)