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Publié le 22 Décembre 2010

Al-Qaida peine à noyauter les factions radicales libanaises

La force de sécurité intérieure, crée par le Fatah, a réduit la marche de manœuvre de la la mouvance terroriste «globale».



Il y a quelques semaines, les haut-parleurs de la mosquée al-Zib ont annoncé la mort en Irak de plusieurs «martyrs» d'Ein Héloué. Parmi eux figuraient Hicham Awad, le fils de l'émir du Fatah al-Islam, Abdelrahman Awad, qui avait réussi à sortir du camp durant l'été, avant de tomber sous les balles de l'armée libanaise, non loin de la frontière syrienne.



Mais depuis le printemps, d'autres djihadistes ont effectué, eux, le chemin inverse, rentrant d'Irak pour venir s'abriter à Ein Héloué, et dans deux autres camps de réfugiés, Badawi au nord et Rachidia au sud. Au total, ils seraient une trentaine, selon les renseignements militaires libanais, qui ont transmis l'information à leurs homologues français. Ces combattants infiltrés sont les vecteurs de l'influence d'al-Qaida au Liban, où ils cherchent par tous les moyens à noyauter la nébuleuse djihadiste (Osbat al-Ansar, Jound al-Cham, Fatah al-Islam), apparue depuis quinze ans face aux partis traditionnels (Fatah et Hamas).



Mais, malgré tous ses efforts, la mouvance terroriste «globale» a du mal à s'implanter dans le paysage libanais.



«Même dans la poudrière d'Ein Héloué, seuls 3% des réfugiés soutiennent al-Qaida», affirme Sari Hanafi, sociologue à l'Université américaine de Beyrouth, qui vient d'effecteur une enquête d'opinion auprès de la population du camp.



Depuis que le Fatah a créé une force de sécurité intérieure regroupant plusieurs composantes palestiniennes, la marge de manœuvre des éléments incontrôlés est nettement entravée.



Jeunesse désœuvrée



Pourtant, les incidents n'ont pas totalement disparu. L'an dernier, un Algérien a accidentellement déclenché sa ceinture d'explosifs. Il était membre d'une cellule du Fatah al-Islam, composée de deux Tunisiens, d'un Soudanais et d'un Palestinien. Mais «ces accords entre factions ne sont que de circonstance, pour s'assurer du contrôle de tel ou tel secteur d'Ein Héloué», regrette un diplomate occidental.



Pour les groupes djihadistes, même prêts à jouer le jeu de la stabilité dans le camp, livrer un des leurs reste une ligne rouge. «Ils préféreront toujours lui organiser une fuite hors du camp», déplore le diplomate.



Devant son échoppe, Abou Hussein résume le pessimisme ambiant, qui justifie toutes les dérives. «Depuis cinquante ans que nous survivons dans la misère, nous avons perdu tout espoir. Nous ne croyons plus à la paix ni aux négociations. Mais nous savons également que notre avenir ne pourra être au Liban, il ne sera que dans le combat face à l'ennemi.»



Dans ces conditions, une partie de la jeunesse désœuvrée continue de se tourner vers les prédicateurs salafistes, qui relaient les thèses les plus radicales et diffusent un enseignement extrémiste. Certains cheikhs, responsables du recrutement et de l'encadrement de ces jeunes Palestiniens sur la voie du djihad, entretiennent cette dynamique extrémiste. Ce sont eux qui prennent également en charge les candidats étrangers à la «guerre sainte» qui sont ensuite envoyés vers les zones de combat (Afghanistan, Pakistan, Irak ou Europe).



Photo : D.R.



Source : le Figaro du 22 décembre 2010
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