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Publié le 16 Septembre 2005

Beate Klarsfeld, citoyenne allemande, commente les enjeux des élections législatives, qui auront lieu en Allemagne le 18 septembre 2005

Question : En Allemagne, l’économie est en panne faute de consensus sur la réforme d’un modèle allemand en lambeaux: la tâche du chancelier qui sortira des urnes le 18 septembre s’annonce difficile. Que voyez vous se dessiner après les élections ?



Réponse : Quels que soient le résultats des élections, il y aura certainement des réformes drastiques à faire pour réduire les dépenses publiques et le chômage, par le biais d'une politique plus libérale permettant aux entreprises allemandes d’être plus compétitives.

Question : Pensez-vous que les partis politiques en Allemagne offrent leur chance aux candidats et personnes issues de l'immigration? Et le débat sur l'immigration est-il très présent comme il l’a été en France, ces dernières années ?

Réponse :
Non, je ne pense pas. Comme dans tous les pays occidentaux, il faudra attendre une ou deux générations pour que les candidats issus de l’immigration puissent se révéler. Ceci étant, je constate que le débat sur l'immigration est moins présent qu'auparavant.

Question : Pour des raisons historiques, l’extrême droite, en Allemagne, n’a pas voix au chapitre. Pourtant, un parti comme le NPD – DVU peut-il capitaliser la colère sociale ?

Réponse :
Non, il ne me semble pas que le NPD-DVU puisse capitaliser la colère sociale, parce que les élections anticipées qui ont été voulues par le Chancelier, l'ont pris de vitesse. Comme il faut 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag (le parlement allemand), les électeurs penseront que voter pour le NPD-DVU, sans avoir la certitude qu’il obtienne 5 % des suffrages, ce serait permettre probablement à la gauche de remporter les élections. Ces voix seront donc perdues. Je pense que les électeurs potentiels du NPD-DVU vont voter CDU-CSU et qu’en Allemagne de l’Est, ils voteront pour le PDS (extrême gauche).

Question : Depuis la chute du mur de Berlin, l’Allemagne réunifiée a reçu un nombre considérable de juifs originaires de l’ancienne Union soviétique. Aujourd’hui la communauté juive vivant en Allemagne est la plus nombreuse d'Europe après celles de France et de Grande Bretagne. Pourriez vous nous dire ce qu’il en est de la vie juive en Allemagne ?

Réponse :
Les Juifs récemment immigrés de l'Est se sont ajoutés aux Juifs qui vivent en Allemagne, ils participent maintenant à la vie communautaire, ils enrichissent les institutions, qu'ils ont revivifiées. Les Juifs originaires de l’Est de l’Europe savent qu’ils vivent mieux en Allemagne que s’ils étaient restés en Russie, en Ukraine, en Biélorussie et dans les autres pays de l’Est. Et, je pense que d'ici vingt à trente ans, une nouvelle « élite » juive allemande apparaîtra, la vie juive sera sûrement plus intense et cette vie juive compensera le vide qui a été occasionné par le nazisme.

Question : Soixante ans après la fin de la guerre, Berlin estime mériter son siège permanent au Conseil de sécurité. C'est du moins la ligne du gouvernement Schröder, qui met en avant sa contribution financière. L'Allemagne est le troisième pays contributeur de l'ONU. Une ligne qui n'est pas tout à fait celle des libéraux. L'eurodéputé Alexander Lambsdorf estime qu'un siège pour l'Union européenne serait plus réaliste. Quelle doit être, selon vous, la place de l'Allemagne au sein de l'ONU?

Réponse :
J'ai manifesté en 1970 à Genève, et j'ai été la seule, au siège des Nations Unies à réclamer que les deux Allemagnes entrent à l'ONU. Je considère que le Conseil de Sécurité doit être suffisamment restreint pour être efficace et raisonnable. A mon avis, l'élargissement ne devrait concerner que l'Inde et le Brésil. Je suis favorable à ce que les sièges de la France et de la Grande-Bretagne soient supprimés au profit d'un seul siège de l'Union Européenne.

Propos recueillis par Marc Knobel

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