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Publié le 7 Février 2011

Comprendre et combattre le négationnisme

C’est sur ce thème que Frédéric Encel a organisé, dimanche 30 janvier 2011, les huitièmes entretiens de l’ESG Management School. Docteur en géopolitique, auteur de plusieurs ouvrages, Fréderic Encel est Docteur de relations internationales à l'ESG Management School et maître de conférences à Sciences-Politiques Paris. Il a obtenu en 1987 le premier Prix au Concours national de la Résistance et de la Déportation.




Frédéric Encel, les négationnistes sont de plus en plus actifs en ce début du 21ème siècle. Le 20ème siècle n’a-t-il servi à rien?



Le XXe siècle aura été celui des génocides et de leur négation respective par les bourreaux d'abord, les idéologues ou les imbéciles ensuite. Cela dit, c'est aussi durant les dernières années de ce siècle - effrayant à maints égards au regard de l'histoire humaine - que la lutte contre la peste négationniste aura connu de belles victoires. Pensez aux diffusions fréquentes de films et documentaires ainsi qu'à la construction de musées, de mémoriaux et de programmes scolaires pédagogiques en Europe et en Amérique, ou encore aux premières lois de pénalisation de type loi Gayssot de 1990 en France. En outre, l'ONU a adopté il y a peu, à une écrasante majorité de ses membres, le 27 janvier comme journée mondiale du souvenir de la Shoah. En même temps, beaucoup reste à faire, notamment hors Occident. A cet égard, les visites d'Auschwitz organisées - entre autre dans le cadre du programme Aladin - pour de jeunes gens issus de pays arabes sont très positives et encouragent à l'espoir. J'ajoute que le négationnisme ne concerne pas que la Shoah ; le génocide arménien de 1915 demeure activement nié ou minimisé dans de nombreux milieux et Etats, tout comme, dans une moindre mesure, le génocide des Tutsi rwandais de 1994 via l'écœurante théorie du "double génocide".



S’il fallait faire une hiérarchie des négationnistes d’Etat, qui gagnerait le premier prix ?



S'agissant des personnalités, la palme du négationnisme le plus grossier revient sans conteste au dictateur iranien Ahmadinedjad. On se souvient de son "Colloque" négationniste organisé à Téhéran, mais ses diatribes sont hélas très fréquentes. Par ailleurs, lorsqu'il évoque Israël comme "un sale petit microbe noir", comme un "cancer" à faire disparaître, quelles sont ses intentions sinon perpétrer - pour le coup - un génocide ? Que faites-vous d'une tumeur ou d'un microbe, vous ?... Mais si votre question concerne un Etat et non plus un individu, alors la Turquie remporte le trophée du négationnisme, flanquée de l'Azerbaïdjan. Tout de même, là encore, un mot d'espoir : ces dernières années, en Turquie, de courageux signes sont apparus qui tendent vers la reconnaissance du premier grand génocide du XXe siècle, celui qui a englouti plus d'un million de civils arméniens en quelques mois. Par la pédagogie, l'éducation, mais aussi par la loi, il faut combattre partout le fléau négationniste. C'est un enjeu de civilisation !



Photo : D.R.
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