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Publié le 24 Décembre 2007

Hubert Allouche, Président du CRIF Montpellier : «Nous avons compris combien cette représentation pluraliste de notre communauté apportait de richesse au débat…»

Question : Hubert Allouche, la délégation Régionale du CRIF Languedoc Roussillon que vous présidez a un peu plus de quatre ans d’existence, c’est peu. Avec ce recul, qu’est est la plus-value d’une telle instance régionale?


Réponse : Le CRIF national a une renommée et un crédit qu’il est inutile de rappeler. Toutefois pour nos décideurs régionaux comme pour les associations membres, c’est une instance qui gère des thèmes et des crises d’importance nationale. Nous avons donc reçu un excellent accueil car chacun a compris que nous avions la possibilité de travailler en proximité, sur des problèmes locaux. Nous avons en outre tissé des relations interpersonnelles de confiance avec maints acteurs de la vie régionale et chacun sait combien c’est important en cas de problème. Cela nous a permis de gérer des dossiers délicats tout simplement du fait de ce crédit de confiance.
Question : Quelle a été votre première action publique ?
Réponse : Nous avons tout d’abord été sollicités par le préfet de Région en 2004 dans le cadre de la préparation des commémorations liées au centenaire de la loi instaurant la laïcité. Nous avons donc travaillé en commission durant près d’un an autour du préfet, au sein d’un groupe de travail comportant des représentants du rectorat, du conseil du culte musulman, de l’église catholique et de l’église réformée. Ce fut là l’occasion de débats constructifs et surtout de relations interpersonnelles amicales qui nous ont permis ensuite de gérer les situations les plus délicates. Nous avons compris là combien cette représentation pluraliste de notre communauté apportait de richesse au débat, qui se situait sur un plan autre que théologique bien sur. Ces relations régulières perdurent du reste et nous nous rencontrons de façon informelle très régulièrement.
Question : Avez-vous mis en place des actions particulières ?
Réponse : Nous intervenons bien sur à chaque fois que l’actualité nous y contraint et nous veillons à transformer chaque crise en ‘’outil de progrès’’. Ainsi, nous avons bien sur organisé une manifestation lors de l’assassinat d’Ilan Halimi et avons été reçu par le préfet de région accompagné du recteur afin que des engagements soient pris au niveau de la sécurité comme au niveau des contenus éducatifs. De façon plus positive, nous avons été très souvent interrogés par la presse qui souhaitait des éclaircissements sur notre communauté ou sur Israël.
Question : Votre action est essentiellement liée aux situations de crise ?
Réponse : Pas du tout ! Nous voulions éviter cet écueil de n’apparaître qu’en cas de problème, car je suis un ardent défenseur de la prévention et de l’anticipation. Nous avons donc mis en place « les rencontres du CRIF » qui permettent aux décideurs académiques, culturels et politiques de rencontrer les présidents des associations membres du CRIF. C’est à chaque fois, l’occasion d’un débat ouvert et convivial sur les thèmes d’intérêts communs. Nous avons ainsi reçu l’archevêque de Montpellier, le maire de la ville, le recteur etc. C’est au cours d’une de ces rencontres que le recteur de l’académie de Montpellier a décidé d’insérer dans l’ouvrage qu’il éditait pour les enseignants des encarts sur la présence juive en Languedoc Roussillon afin que « les élèves sachent construire leur avenir commun en s’appuyant sur leurs racines spécifiques. »


Je pense que ce type d’initiative, dont je remercie encore Christian Nique, est vraiment de nature à faciliter la mixité culturelle. Nous organisons aussi chaque année l’étape Montpelliéraine du bus des amitiés judéo-musulmanes de France en allant dans les quartiers. C’est un rendez-vous important et nous y travaillons avec Radio Aviva chaque année.
Outre ces rencontres régulières, nous tirons partie de l’actualité pour susciter des discussions qui permettent de sensibiliser nos institutionnels sur certains sujets. Ainsi, Nous avons organisé un diner-débat avec l’ambassadeur d’Israël en France, Daniel Shek afin de mieux faire percevoir la situation et la complexité de ce pays. C’est une pale contribution à l’avancée d’une paix que nous espérons tant.
Question : Vous avez organisé votre premier dîner du CRIF, en 2006. Que pouvez-vous nous en dire ?
Réponse : Je voudrais d’abord dire à quel point nous sommes touchés par la confiance du CRIF national car « le dîner du CRIF » c’est une véritable institution et le décliner en province est une responsabilité qui nous a valu quelques cheveux blancs ! Ce dîner a été un grand succès et nous sommes fiers de voir les participants en parler encore en demandant la date du prochain dîner. Avec près de 400 personnes, ce dîner a été présidé par François Copé, alors ministre du Budget, et il a été placé sous le signe du dialogue en rassemblant toutes les autorités académiques, religieuses, judiciaires, culturelles, économiques et politiques bien sur. Il était important pour nous que tous les partis soient représentés et ce fut le cas puisque tous les maires et députés ont répondu présents de même que le président du Conseil Régional, Georges Frêche. Nous avons institué la remise du « trophée du CRIF Languedoc Roussillon » ; le premier trophée a été remis aux 2 coprésidents de l’amitié judéo-musulmane de France -Michel Sarfaty et Djelloul Seddiki – afin de les remercier pour leur action et afin de signifier la volonté de dialogue du CRIF.
Question : Quelle est la prochaine action que vous préparez ?
Réponse : Nous préparons le prochain dîner du CRIF mais nous avons choisi de le reporter après les élections municipales, afin d’éviter les pressions temporelles. Nous aimerions en effet que – comme lors du premier dîner- nos invités puissent prendre congés en se réjouissant d’avoir entendu parler de valeurs lors des allocutions.


Propos recueillis par Perla Danan avec la collaboration de Marc Knobel
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