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Publié le 28 Octobre 2010

«Il ne faut pas sous-estimer ces menaces»

Spécialiste du monde arabe et du terrorisme, Antoine Basbous décrypte le nouveau message d'Oussama ben Laden.




Pourquoi Ben Laden choisit-il d’intervenir maintenant?



Il s’exprime très rarement et de plus en plus tardivement. Ben Laden se cache, il se sent traqué. Les informations lui parviennent après un certain délai.
Ce n’est donc pas un hasard si son intervention a lieu que six semaines après l’enlèvement des otages français au Niger.



Il vise très directement la France…



Ce n’est pas la première fois! Il avait déjà menacé la France lors du débat sur le port du foulard en 2003. Son « lieutenant », Ayman al-Zawahiri, lui avait emboîté le pas. Et il ne s’était rien passé. La déclaration d’hier lui permet de revendiquer pour la première fois les enlèvements au Niger, et aussi de lier Niger et Afghanistan. Cela lui permet d’exister, mais cela ne veut pas forcément dire qu’il a la capacité d’agir. Mais il faut rester vigilant, Ben Laden a des adeptes et ils n’hésitent pas à faire verser le sang.



Quel crédit porter à ses menaces?



Il ne faut pas les sous-estimer, il reste le chef d’Al-Qaïda, même s’il ne peut plus organiser d’attaques de l’envergure du 11 septembre 2001. Ben Laden reste très écouté, ses émules croient en sa parole agissent en conformité à ce qu’il réclame, même s’ils ne lui sont plus liés hiérarchiquement et directement.



Quelles sont les relations entre Aqmi et Al-Qaïda?



Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a fait allégeance en 2006 à Al-Qaïda qui a accepté le groupe en satellite. Mais les liens sont assez lâches. Aqmi adhère à la doctrine, mais ses membres restent des francs-tireurs qui agissent chacun dans leur coin.



Quelles incidences potentielles pour les otages du Niger?



Que les négociations pour leur libération durent encore plus longtemps!



Le risque terroriste est-il très élevé pour la France?



Il est plus facile de prendre des otages à l’étranger que dans des pays où existe un Etat de droit. En France, il faut rester très vigilant et ne pas sous-estimer les risques. Mais le gouvernement français dispose d’informations dont nous n’avons pas toujours connaissance. Il dispose des données et des moyens préventifs pour agir.



Entretien publié dans le Parisien du 28 octobre 2010.



Photo (Antoine Basbous) : D.R.
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