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Publié le 23 Août 2010

La décennie du Proche-Orient? Par Yves Thréard

Et si la décennie des années 2010 était celle de la paix au Proche-Orient ? L'espoir renaît avec l'invitation faite aux Israéliens et aux Palestiniens de se retrouver le 2 septembre aux États-Unis pour des négociations directes.




La lassitude de voir ce conflit s'éterniser est telle qu'on se dit qu'elle finira peut-être par avoir un jour raison des armes. L'Amérique, sans laquelle rien n'est envisageable, a un nouveau président. Ainsi Barack Obama justifierait-il pleinement son prix Nobel de la paix. Après les années 1990, marquées par le processus d'Oslo, prometteur, la décennie 2000 fut celle des impasses. De Camp David à Annapolis, en passant par Taba et Genève, les rendez-vous manqués se sont succédés. La mort d'Arafat et l'influence grandissante du Hamas, d'un côté, la maladie de Sharon et le jeu des partis d'extrême droite, de l'autre, n'ont pas favorisé le dialogue. Tout comme la deuxième intifada et la guerre du Liban.



D'autant que George Bush ne s'est guère mobilisé, tout occupé qu'il était par les fronts irakien et afghan. Nommé à la tête du Quartette (États-Unis, Russie, Union européenne, ONU) pour le Proche-Orient, Tony Blair a, quant à lui, brillé par son absence et son inefficacité. Difficile, pourtant, de croire que le rêve puisse désormais devenir réalité. Le champ des possibles est étroit. Dans un camp comme dans l'autre, la mauvaise foi et le mensonge continuent à prévaloir, chacun imputant la responsabilité de l'échec à l'adversaire. Pire encore : aucun des deux protagonistes n'a le charisme suffisant et la liberté nécessaire pour prendre l'initiative. Mahmoud Abbas est un président affaibli par le jusqu'au-boutisme des terroristes du Hamas, car c'est ainsi qu'il faut les qualifier. Benyamin Netanyahu… gouverne au gré des humeurs de sa majorité, hostile à l'arrêt définitif des constructions israéliennes en Cisjordanie, divisée sur le sort de Jérusalem. Dans ce contexte, il est délicat de savoir dans le détail ce qui est négociable pour chaque partie. Et à quelles conditions. Barack Obama le sait-il lui-même ? Après tout, peu importe aujourd'hui. On espère simplement qu'après avoir forcé le dialogue, le président américain ne se découragera pas. Une chose est sûre : mieux vaut une porte entrouverte qu'un blocage absolu.



Editorial publié dans le Figaro du 23 août 2010.



Photo : D.R.
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