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Publié le 5 Mai 2011

Le Fatah et le Hamas, vingt-quatre ans de rivalités

Combien de temps durera la réconciliation inter palestinienne? La question peut être posée à la lumière des relations délicates entretenues par les deux principales factions palestiniennes. Au départ, rien n’indiquait que le Fatah, fondé par Yasser Arafat au Koweït en 1959, devrait subir la concurrence d’une autre formation. Pilier de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Fatah, parti attrape-tout dont la plasticité a longtemps permis de s’adapter aux changements idéologiques, semblait incarner l’idéal national palestinien jusqu’à la réalisation de ses objectifs réduits à partir de la fin des années soixante-dix aux territoires occupés en 1967 (la Cisjordanie et Gaza).




Le développement du Hamas, initialement sur une base piétiste, avant les trois coups marquant l’essor de l’islamisme politique (Révolution islamique iranienne, prise de La Mecque par un groupuscule saoudien messianique et assassinat d’Anouar Al-Sadate, entre 1979 et 1981) fut observé avec attention par Israël qui espérait voir les Palestiniens se détourner de leurs ambitions nationales. En 1987, la création du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), dans les premiers jours de la première intifada, allait démontrer la vacuité de ce calcul.



A partir de cette date, l’essor du Hamas sur une base islamo-nationale allait ouvrir les hostilités avec le Fatah rentré au bercail à partir des accords d’Oslo conclus en 1993 et suivis en 1994 par le retour à Gaza de Yasser Arafat. Le Hamas qui rejoint le front du refus hostile à Oslo (FPLP, FDLP, PPP, Jihad islamique) refuse de participer aux proto-institutions palestiniennes et défie Israël par des attentats suicides à partir de la fusillade d’Hébron en février 1994. Près de deux ans plus tard, la vague d’attentats déclenchée après l’assassinat par Israël de l’artificier de l’aile militaire du Hamas, Yéhia Ayache, oblige Yasser Arafat, élu président de l’Autorité au cours d’une élection boycottée par le Hamas, à s’engager dans une répression opiniâtre des miliciens islamistes qui perdurera jusqu’au début de la deuxième intifada.



Ce deuxième soulèvement sert la stratégie du Hamas, il suit l’échec de Camp David qui montre selon lui que la piste des négociations est vaine. C’est au contraire le Fatah qui rejoint la lutte armée et qui renoue avec le terrorisme, adoptant même la pratique des attentats suicides (héritage du banissement par Israël de militants islamistes à la frontière libanaise en 1992, où ils prennent contact avec le Hezbollah chiite). La mort de Yasser Arafat dépouille le Fatah d’un symbole unificateur en novembre 2004 alors que le Hamas a surmonté sans difficulté l’assassinat de son chef spirituel Ahmed Yassine, quelques mois auparavant. Le retrait non négocié israélien de Gaza, à l’été 2005, est également porté au débit de l’Autorité palestinienne et du Fatah, qui essuie six mois plus tard une défaite humiliante face au Hamas aux élections législatives de 2006 alors qu’il avait encore boycotté la présidentielle de 2005 remportée par Mahmoud Abbas.



Une nouvelle fois, les deux mouvements s’engagent dans une épreuve de force, mais le Fatah déconsidéré et désuni n’est plus en mesure comme par le passé de l’emporter. En juin 2007, après une brève trêve sous l’égide des Saoudiens, l’éviction du Fatah de Gaza consacre la cassure politique et géographique du camp palestinien, un fait sans précédent dans l’histoire de ce mouvement national. Il faudra attendre quatre ans et la signature du Caire, le 4 mai, pour que cette guerre fratricide soit mise entre parenthèse à la faveur du blocage du dernier processus de paix en date, des changements politiques intervenus et du sanglant “printemps syrien” qui fragilise le Hamas dont le bureau politique est replié à Damas. Jusqu’à quand?



Photo : D.R.



Source : le blog de Gilles Paris, journaliste au Monde



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