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Publié le 4 Mars 2010

Les défis de la communauté juive allemande

Lutte contre l’antisionisme, l’antisémitisme, le négationnisme ; l’intégration des juifs russophones. Stephan J.Kramer, le secrétaire général du Zentralrat, le conseil général des juifs d’Allemagne, qui était l’invité, voici quelques jours du CRIF à Paris, énumère les enjeux d’une communauté en pleine renaissance




Quels sont les défis pour la communauté juive allemande?



Outre la lutte contre l'antisémitisme, l'antisionisme, le racisme et la xénophobie dans notre société, combat qui ne diffère pas beaucoup de celui mené dans les autres pays européens, nous devons nous concentrer sur les questions de négationnisme et l'éducation des jeunes générations à l'histoire de la Shoah.



En outre, le deuxième grand enjeu est le défi que représente l'intégration des immigrants russophones provenant de l'ex-Union soviétique au sein de la Communauté juive allemande, avec la variété de questions qui se posent, comme les problèmes de langue, la reconnaissance des écoles et des certificats d'études, les problèmes sociaux, les problèmes de santé, etc.



Outre tout cela, nous travaillons en permanence, comme peut-être toutes les autres communautés juives du monde entier, sur les programmes visant à construire une identité juive et à éduquer les générations futures en conséquence.

Comment la chute du mur de Berlin a-t-elle été vécue par les Juifs allemands?



Bien sûr, la chute du mur de Berlin a été considérée comme un jour de bonheur et de soulagement. Le mur de Berlin divisait non seulement Berlin de l’Allemagne de l'Ouest, mais aussi l'Allemagne en tant que telle et enfin l'ensemble de l'Europe, entre la dictature communiste à l'est, et le monde libre à l'ouest. De plus, cette chute du mur de Berlin marque un jalon dans la revitalisation de la communauté juive allemande, car les programmes d'immigration des Juifs de l'ex-Union soviétique Glasnost et Perestroïka ont démarré à ce moment-là et ont amené plus de 200.000 personnes de l'ex-Union soviétique en Allemagne durant les 20 dernières années.



Etant donné que le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin a lieu le même jour que la commémoration de « la nuit de Cristal », nous avons dit très clairement que, d'une part, nous étions heureux de la chute du Mur de Berlin, mais d'un autre côté, ce jour ne sera jamais un jour férié ou un jour de fête pour la communauté juive allemande, parce que c’est pour nous, aussi, une journée de deuil. Nous sommes en deuil pendant cette journée de commémoration de la mort de nos six millions de frères et sœurs, qui ont été assassinés dans les camps de concentration allemands et les ghettos. Nous nous sommes sentis très heureux que les hommes politiques allemands de premier plan à la fois au niveau national, mais ainsi sur le plan fédéral, indiquent très clairement que l'Allemagne aura toujours la responsabilité de commémorer le 9 Novembre 1938 et de combattre toutes les formes d'antisémitisme d'antisionisme et de racisme en Allemagne et à l'étranger.



Quelles furent les conséquences de cet événement pour les Juifs allemands?



Comme je l'ai mentionné, la chute du mur de Berlin a aussi correspondu à la chute du rideau de fer, et donc à l'ouverture des frontières vers l'Europe centrale et orientale, avec Glasnost et Perestroïka. La chute du mur a été une condition préalable à l'immigration des Juifs de l'ex-Union soviétique vers l'Allemagne et donc un jalon essentiel dans l’évolution de la communauté juive d’Allemagne.



Photo (Stephan J.Kramer) : D.R.