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Publié le 10 Juin 2011

Mission en Arménie - mon «carnet de route», deuxième partie, par Jean-Pierre Allali

Nous poursuivons la publication du carnet de route de Jean-Pierre Allali qui relate le voyage exceptionnel en Arménie organisé par les associations COL (Communauté On Line présidée par Simon Midal, par ailleurs membre du Comité Directeur du CRIF) et Sassoun (Amitié du peuple arménien avec le peuple juif présidée par Paul Kieusseian) du 30 mai au 3 juin 2011. Aujourd’hui : les journées des 1er, 2 et 3 juin 2011.




Mercredi 1er juin 2011



Il faut se lever très tôt car le monastère de Hagharstine, le « Nid des Aigles », vers lequel nous nous dirigeons est assez loin. Entouré par les hauts monts du Pambak qui culmine à 3016 mètres, il se compose de trois églises aux murs rustiques de pierres blanches, d’un narthex, d’une chapelle et d’un réfectoire. Pour y parvenir, ce n’est pas une mince affaire : le car est obligé de s’arrêter en chemin, la pente devenant trop raide. On n’est récompensé de nos efforts qu’au bout d’une demi-heure de marche sous un soleil ardent. Construit sur ordre du roi géorgien Georges III et de ses vassaux arméniens zaccharides, il a été restauré par la suite par les Arméniens de Tiflis. Dans les environs, une construction est en cours : la résidence du catholicos Gariguin. Les touristes sont particulièrement nombreux et, parmi eux, une foule d’Iraniens reconnaissables aux voiles des femmes. Nous le constaterons tout au long de notre séjour : les Iraniens semblent être les visiteurs les plus nombreux du pays.



Sur le chemin du restaurant, il n’est pas rare de croiser des petites vieilles toutes fripées et des petits vieux tout ridés, qui avec un balai élémentaire, qui avec une pelle, s’échinent littéralement à désherber un bord de route ou un espace planté. Telle est aussi l’Arménie. Sur la route, nous remarquons aussi toute une théorie de petits marchands qui proposent fruits, miels, grillades et souvenirs.



Nous rejoignons l’Île aux Oiseaux près du lac Sevan, l’un des plus étendus du monde en haute montagne, et avant de déjeuner dans un restaurant qui surplombe le lac, nous grimpons les escaliers escarpés qui nous conduisent à deux petites églises médiévales. Nous sommes à 2000 m d’altitude et les mouettes qui vont et viennent nous offrent un agréable spectacle.



Sur le chemin du retour un « arrêt obsidiennes » a été programmé. Les voyageurs descendent du car et disposent de cinq minutes, montre en main, pour récolter, à flanc de montagne, autant d’obsidiennes-des roches volcaniques d’un beau noir de jais qui servent notamment à réaliser des bijoux- qu’ils le désirent. Chacun s’affaire à trouver la pierre la plus jolie qui agrémentera son intérieur ou qui fera plaisir à un ami collectionneur.



Le soir, les organisateurs du voyage et moi-même, sommes reçus par Alina Khachatryan, pour une émission télévisée à « Armenia TV Company ».



Un peu plus tard, c’est la ministre arménienne de la Diaspora qui reçoit l’ensemble de la délégation (Voir la Newsletter du lundi 6 octobre 2011).



Jeudi 2 juin 2011



Nous revoilà sur les routes de montagne. Le paysage est superbe mais la route l’est moins. Nids de poules et ornières se succèdent. Pour l’habile Rafi c’est le gymkhana continu. Nous roulons vers l’est du pays en direction de Garni. C’est là qu’a été érigé, au 1er siècle de notre ère, le seul temple païen qui n’ait pas été détruit après l’avènement du christianisme. Dédié à la déesse Mithra, il est entouré des ruines d’un palais et de thermes. Nous avons la surprise d’y voir un groupe de pèlerins arméniens y célébrer un office chanté accompagné à la flûte du pays. Et partout, toujours et encore, des touristes iraniens.



Nous quittons Garni pour Gueghard, un monastère rupestre taillé dans le roc, haut lieu de la spiritualité arménienne classé au patrimoine mondial de l’Unesco. L’endroit est impressionnant, une sorte de canyon entouré de cascades. En chemin, nous croisons des saltimbanques et même un funambule. Partout, des musiciens le disputent aux marchands de souvenirs. C’est qu’aujourd’hui, on célèbre l’Ascension d’une manière originale : pour l’occasion, la lance (Gueghard) avec laquelle un centurion romain aurait, selon la légende, transpercé Jésus après sa crucifixion, pour vérifier qu’il était bien mort, est exposée aux regards du public. Un public nombreux au milieu duquel on distingue des ecclésiastiques en soutane, certains avec des chapeaux pointus impressionnants.



La foule est dense et notre temps mesuré. Nous ne verrons pas la lance de nos propres yeux.



Pour le repas de midi, nous déjeunons « chez l’habitant ». En l’occurrence le sieur Sergey Gabrielyan qui a eu la bonne idée et la bonne fortune d’aménager le terrain mitoyen de son habitation en restaurant d’extérieur. Des grandes tables sont dressées qui accueillent essentiellement des groupes. Le lavache, pain national arménien qui ressemble à une crêpe, pétri et fabriqué sous nos yeux dans un four très particulier et les crudités sont encore à l’honneur et une foultitude de chats se glisse entre les jambes des convives.



Retour à Erevan pour une visite de la synagogue. Dirigée par le Grand rabbin loubavitch Gershon Meir Burshtein, lui-même né dans la ville, cette synagogue, située dans la rue Nar-Dosi, a été construite il y a 12 ans grâce à la générosité d’un mécène arménien. Elle a été récemment rénovée. L’échange avec le rabbin est très convivial.



Nous quittons la synagogue pour l’ambassade de France. En l’absence de l’ambassadeur, S.E. Henri Reynaud, c’est Jean-Paul Martin, conseiller de coopération et d’action culturelle qui nous reçoit dans la bibliothèque de l’ambassade. Il nous dresse un bilan de l’action française en Arménie dans les domaines les plus divers. La présence commerciale française dans le pays est diversifiée : Orange, Ricard, Crédit Agricole…Le français est enseigné dans 250 écoles. Une université franco-arménienne a été créée sous l’égide de Lyon III. La France participe à des festivals divers. Monsieur Martin évoque par ailleurs la volonté de l’Arménie, actuellement membre associé de l’Organisation Internationale de la Francophonie, de devenir un membre à part entière.



C’est en compagnie de Jean-Paul Martin et de son épouse que nous nous rendons ensuite dans la forêt du Mémorial où un arbre, un petit pin, va être planté à la mémoire des victimes du génocide.



Et c’est toujours en compagnie de Monsieur et Madame Martin que prenons notre dernier dîner à Erevan. On revient sur la question de la francophonie et sur le fait qu’Israël ne soit pas membre de l’O.I.F. à cause du veto libanais. Monsieur Martin revient sur la spécificité de la culture française en Arménie et sur les projets en cours.



Notre séjour touche à sa fin. Nous partons aux aurores et la nuit sera courte.



Vendredi 3 juin 2011



Réveil à 6h pour un départ à 9h. Compte-tenu du décalage horaire, nous allons regagner les trois heures de l’aller. A l’aéroport, surprise : situé à plus de cent kilomètres, le mythique mont Ararat, jusqu’ici, difficile à apercevoir, se présente à nous, visiblement. Les appareils photographiques s’activent avant le départ. Nous arrivons à Paris à midi.



Un très beau voyage. Une expérience humaine exceptionnelle de rapprochement entre Juifs et Arméniens et, par ricochet, entre l’Arménie et Israël



Jean-Pierre Allali



Photos (le groupe des Français devant la synagogue d’Erevan ; Simon Midal plantant l’arbre du souvenir dans le parc du Mémorial du Génocide des Arméniens ; le groupe des Français entourant Jean-Paul Martin et son épouse devant l’arbre planté) : D.R.
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