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Publié le 2 Juin 2010

Pour la presse israélienne, cette opération est «un échec»

"A qui la faute ?" s'interroge, mardi 1er juin 2010, le journal Maariv. Au lendemain de l'abordage meurtrier d'un convoi maritime à destination de Gaza par l'armée, le deuxième quotidien israélien note que "tout le monde blâme tout le monde" : les militaires, le ministère de la défense, les passagers de la flottille, les services de renseignement...




Mais au-delà de cette bataille des responsabilités, Israël a "déjà perdu la bataille des opinions publiques", poursuit le quotidien du soir, tandis que le Jerusalem Post remarque que l'armée s'ingénie à publier des documents accréditant sa version des faits, comme la vidéo diffusée lundi après-midi sur la chaîne de télévision Arutz 2 où l'on voit notamment un soldat israélien jeté par-dessus bord.



"Un désastre pour l'image d'Israël, encore un", renchérit Yediot Aharonot, qui se désole que sur les images de l'assaut diffusées sur toutes les télévisions du monde, "une seule voix demeure silencieuse", celle d'Israël, laissant le champ libre aux "activistes et porte-parole du Hamas qui ont continuellement condamné Israël".



"L'armée a attendu bien trop longtemps", avant de réagir officiellement, se lamente Gil Hoffman dans le Jerusalem Post, "trop tard pour pouvoir changer la donne", et Israël va passer "un moment pénible" après avoir failli dans "ce conflit qui se joue sur le champ de bataille de l'opinion publique internationale".



"Quelle que soit la façon dont on la considère, l'opération elle-même est un échec", estime l'éditorialiste Reuven Pedatzur dans Haaretz. Le quotidien de gauche liste des erreurs au niveau du droit international ("Comment peut-on mener une action militaire contre des vaisseaux civils dans les eaux internationales ?"), du renseignement ("Que les commandos aient été attaqués par surprise est tout simplement incompréhensible"), de la stratégie ("Pourquoi n'y a-t-il pas eu de tirs de grenades lacrymogènes avant d'envoyer les soldats sur le pont ?"), et de la sincérité des arguments ("Pourquoi des hommes décrits comme les mieux entraînés et les plus efficaces au monde auraient-ils peur d'une foule armée de couteaux et de bâtons ?").



"C'est un jour de honte pour Israël, et de folie et de stupidité infinie, juge l'ancien député israélien Uri Avnery sur le site d'information palestinien Amin, un jour où le gouvernement israélien a pris grand soin de salir le nom de son pays dans le monde, ajoutant des preuves convaincantes d'agressivité et de brutalité à l'image déjà mauvaise d'Israël dans le monde, décourageant et éloignant le peu d'amis qui lui restaient."



"Nul ne peut prétendre avoir été surpris par [cette attaque], assure l'éditorialiste du site militant palestino-américain Electronic Intifada : depuis des jours, Israël menaçait ouvertement la flottille d'une attaque violente." L'unique raison de cette "obsession apparemment irrationnelle pour ces bateaux remplis de vivres" est que "les militants de la paix à bord étaient en train de déligitimer Israël", tente d'expliquer le webzine palestino-américain Palestine Chronicle. Une obsession sur laquelle s'interrogeait déjà Joharah Baker sur le webzine de Ramallah, Miftah, une semaine avant l'abordage : "De quoi ont-ils donc si peur ?"



(article publié dans le Monde du 2 juin 2010)



Photo : D.R.
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