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Publié le 14 Janvier 2011

Pourquoi la crise libanaise va durer

Que le pays soit sans gouvernement au moment où le Tribunal spécial sur le Liban publiera son acte d'accusation arrange le Hezbollah.



Après le départ de onze ministres, à l'initiative du Hezbollah et de ses alliés chrétiens emmenés par Michel Aoun, le gouvernement d'union nationale de Saad Hariri est donc démissionnaire. Saad Hariri a été chargé par le président Michel Souleïmane de gérer les affaires courantes en attendant la formation d'une nouvelle équipe.



Les consultations devraient débuter ce lundi 18 janvier. Elles risquent fort de durer, sauf si l'opposition parvient à constituer une majorité parlementaire de rechange. Ce scénario n'est pas impossible. Il suffirait en effet que six des onze députés appartenant au groupe du chef druze Walid Joumblatt changent de camp pour faire basculer la majorité parlementaire. Une hypothèse que le revirement politique de Walid Joumblatt, qui s'est rapproché de la Syrie au cours des derniers mois, rend plausible. Il restera cependant à trouver une personnalité politique sunnite qui accepte d'assumer la fonction de Premier ministre, ce dernier devant obligatoirement appartenir à cette communauté.



Cela ne sera pas facile: Saad Hariri reste la personnalité la plus populaire chez les Sunnites. Il bénéficie en outre d'un large soutien régional et international. Et le Hezbollah choisissait d'installer dans le fauteuil de Premier ministre l'un de ses hommes liges en se passant de l'accord de la communauté, il ferait voler en éclat l'accord de Doha de 2008, qui prévoit la représentation de toutes les communautés au sein du gouvernement.



La porte n'est cependant pas fermée, qui conduirait à un compromis avec Saad Hariri. Les négociations internationales et régionales- notamment entre les Saoudiens et les Syriens- pourraient reprendre afin de tenter de dégager un accord. Il s'agirait alors de constituer une équipe ministérielle remaniée, dont seraient exclus les faucons des deux camps. Celle-ci devrait s'engager à adopter une position claire sur l'acte d'accusation - attendu dans le prochains jours- du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de juger les assassins de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri- le père de Saad - en février 2005. Saad Hariri a toujours refusé de rejeter par avance les conclusions du tribunal.



L'absence de gouvernement au moment de la publication de l'acte d'accusation arrange le Hezbollah. Il rend en effet, impossible toute coopération entre le pouvoir libanais et le TSL.



Par Scarlett Haddad, publié dans lexpress.fr le 14 janvier 2011



Photo : D.R.
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