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Publié le 22 Octobre 2009

Richard Prasquier : trois questions sur le rapport Goldstone

Le conseil des Droits de l’Homme de l’ONU a adopté le rapport Goldstone qui condamne Israël. Cela vous a-t-il étonné ?



Non, car, malheureusement, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU n’est qu’une caricature de ce qu’il devrait être. La parole de ce conseil a été kidnappée par un groupe de pays qui sont parmi les plus actifs violateurs des Droits de l’Homme de la planète, comme la Libye, l’Iran ou Cuba. Autour d’eux, autour des pays de la Conférence Islamique mondiale et de ses alliés, existent des majorités automatiques à objectifs purement politiques: Israël est la cible permanente de ce Conseil (26 résolutions sur 32 ont visé Israël) qui avait donné d’emblée à la Commission Goldstone l’objectif d’enquêter sur les « crimes de guerre » d’Israël pendant l’opération « Plomb durci » de Gaza. La messe était écrite par avance.



L’une des membres de la Commission s’était déjà violemment exprimée au printemps contre Israël (vous avez dit neutralité ?) et Mme Robinson, qui n’est certes pas une sioniste extrémiste, avait refusé de présider une commission qu’elle jugeait biaisée dès le départ. Le Juge Goldstone a malheureusement sciemment accepté de tomber dans ce piège.



Les Israéliens qui ne se faisaient pas d’illusion, ont préféré de ne pas coopérer. Certains le leur reprochent. Les rapports de la commission sur Gaza, d’ailleurs techniquement superficiels sans vrai spécialiste militaire, ont été établis sur la base de témoignages systématiquement contrôlés par le Hamas, et les quelques lignes de critiques du Hamas dont le juge Goldstone était si fier ne font même pas partie du rapport tel qu’il a été voté par le conseil. La légitime défense est de fait déniée à Israël par ce rapport qui malheureusement, une fois reçue l’imprimatur de l’ONU et le prestige que ce sigle lui apporte, risque de passer pour ce qu’il n’est pas, à savoir un texte de condamnation d’Israël sur des bases sérieuses et impartiales. C’est pourquoi nous sommes étonnés et peinés de ne pas voir la France parmi les pays qui ont voté contre l’adoption du rapport Goldstone.



Considérez-vous qu’Israël n’a rien à se reprocher?
Je n’ai là-dessus aucune compétence, mais je me refuse à croire à la culpabilité collective de l’armée israélienne. Je me réfère au témoignage d’un expert neutre, le Colonel Kemp, ancien commandant des forces britanniques en Afghanistan, devant le Conseil des Droits de l’Homme : il a dit que jamais une armée n’avait pris autant de précautions pour éviter les pertes civiles, alors que les conditions à Gaza étaient particulièrement difficiles.



Il faut s’incliner devant les victimes civiles de l’opération Plomb durci. La guerre est terrible, celle-ci l’a été et il y a peut-être eu du côté israélien aussi des comportements individuels inacceptables. L’armée a inculpé certains soldats. Je crois qu’une enquête civile nationale, comme celles qui ont eu lieu dans le passé et qui ont été sans complaisance, ne signifierait pas la reconnaissance préalable par Israël de sa culpabilité et pourrait avoir son utilité, même si on comprend la réticence des israéliens. Et qui pourrait rêver d’une telle enquête dans les rangs du Hamas ?



Mais on ne peut pas critiquer Israël pour la façon dont il a mené la guerre à Gaza sans se demander pourquoi dans le conflit concomitant qui, au Sri Lanka entrainé quinze fois plus de morts civiles, le Conseil des Droits de l’Homme n’a pas jugé utile de diligenter la moindre Commission d’enquête Et faut-il rappeler le silence de ce même Conseil vis-à-vis des massacres au Darfour et ses innombrables manquements devant des violations caractérisées des droits humains provenant d’Etats que leurs alliances à l’ONU protègent systématiquement?



Est-ce qu’Israël est attaqué en raison de ce qu’il a fait ou plutôt pour ce qu’il est, un Etat dont beaucoup de pays ne peuvent toujours pas accepter l’existence et qu’ils cherchent à délégitimer par tous les moyens en lui imposant des contraintes de comportement dont ils n’ont pour eux-mêmes que faire ?



Quelles conséquences peut entrainer l’adoption de ce rapport ?
Elles peuvent être graves à plusieurs titres : étape nouvelle dans la diabolisation d’Israël, incitation à l’inculpation des responsables israéliens, obstacle vers la paix par la radicalisation qui semble avoir déjà lieu de l’Autorité Palestinienne, poussée vers des postures d’incrimination des dirigeants israéliens, évidemment incompatibles avec des négociations sérieuses ….



Pour notre pays, n’oublions pas que les bouffées de violence antisémite ont été alimentées jusqu’à maintenant par les épisodes où l’Etat d’Israël était mis au pilori. Ce qui fait que, malheureusement, les conséquences du rapport Goldstone risquent de se faire sentir en France également, et que de ce fait aussi, elles inquiètent le CRIF.



Photo : D.R.


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