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Publié le 13 Octobre 2010

Voyages dans la planète «tune»

Organisée avec le soutien du CRIF et le concours de l’ATPJT et de la FOSF, la « Semaine des Arts et Traditions Populaires des Juifs de Tunisie », lancée le 10 octobre 2010 au Centre Rachi d’Art et de Culture s’est poursuivie le 11 et le 12. Après une première soirée, consacrée aux « écrivains juifs tunisiens de langue française » , historiens et chercheurs ont évoqué la « Saga des Juifs de Tunisie ». Autour de Jean-Pierre Allali, membre du Bureau Exécutif du CRIF et modérateur, étaient réunis Albert-Armand Maarek, Claude Sitbon, Georges Cohen et Frédéric Gasquet. Après Georges Cohen, qui a rappelé, par le biais d’anecdotes savoureuses, la vie juive en Tunisie dans les années cinquante, Albert-Armand Maarek, qui s’est révélé être un conteur hors-pair, a tracé les grandes lignes de son dernier ouvrage, « Les Juifs de Tunisie. Histoire d’une émancipation. 1857-1958 », montrant comment les Juifs de Tunisie, jusqu’ici baignés dans une culture arabe, pratiquant le judéo-arabe et vêtus à l’orientale, se sont littéralement engouffrés dans la civilisation française qui les sortait enfin du statut infamant de la dhimma. 1857, c’est l’affaire tragique de Bathou Sfez, un modeste cocher de fiacre juif, accusé de blasphème contre l’islam et qui sera exécuté malgré toutes les interventions dont celle du consul de France, Léon Roches, une affaire dont A.Maarek estime qu’elle est à l’origine de l’instauration du protectorat français sur la Tunisie. 1958, c’est l’expropriation du cimetière juif de Tunis par le maire Ali Belhouane, le broiement par les pelleteuses et les bulldozers des ossements de centaines de sépultures et la transformation d’un lieu sacré de mémoire juif en jardin public.




Claude Sitbon, pour sa part, a centré son exposé sur le sionisme en Tunisie qui est apparu très tôt, dès les premiers congrès sionistes. Faisant remarquer que plus de cinquante mille Juifs de Tunisie ont choisi de vivre en Israël, créant notamment le kibboutz de Regavim, l’orateur a insisté sur la forte conviction sioniste des Juifs de Tunisie. Enfin, dans une intervention très émouvante, Frédéric Gasquet a narré sa longue quête à la recherche de la vérité sur la mort de son père, de son oncle et de son grand-père, les Scemla, déportés en Allemagne depuis la Tunisie alors occupée par les Allemands et exécutés à la hache dans la prison de Halle.



Une très belle soirée qui s’est prolongée tard dans la nuit tant le plaisir des retrouvailles entre « pays » était intense.



Le lendemain, 12 octobre, le cinéma était à l’affiche avec la projection du film de Lucie Cariès, « Bons baisers de La Goulette » en présence de la réalisatrice et de Serge Moati qui n’est autre que son oncle. C’est en petit comité, en raison de la grève, qu’ après une introduction de Jean-Pierre Allali, la réalisatrice a dit ses motivations et raconté le tournage du film, il y a trois ans. Serge Moati, de son côté, a rappelé l’attachement indéfectible des « Tunes » à leur terre d’origine. Le jeune Adrien Lévy-Cariès, élève de quatrième et fils de la réalisatrice, représentant en somme la « nouvelle génération » de « Tunes » née en France, a, en quelques mots bien choisis, expliqué ce qu’était, pour lui, la Tunisie. « Bon baisers de La Goulette », très applaudi, est un film chaleureux et équilibré qui, avec beaucoup de doigté, n’évite aucune problématique et constitue un témoignage précieux sur les « Tunes ».



Ce mercredi 13 octobre a lieu, à 18 heures, le vernissage de l’exposition « Mes Tunes », une cinquantaine de toiles et d’aquarelles, signées Jean-Pierre Allali. Le 14, on parlera archéologie. La « Semaine Tune » s’achèvera le 17 avec une soirée consacrée aux « Médecins juifs de Tunisie ».



Jean-Pierre Allali



Photo : D.R.
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