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Publié le 22 Septembre 2011

Ygal Palmor, Porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères, réagit aux allocutions qui ont été prononcées à l'Assemblée générale de l'ONU mercredi 20 septembre 2011

Le président français Nicolas Sarkozy a proposé mercredi 21 septembre 2011 un statut "intermédiaire (...) d'Etat observateur" à l'ONU pour les Palestiniens, offrant un calendrier d'un an pour parvenir à "un accord définitif" de paix avec Israël. Il a aussi mis en garde les Palestiniens et les Etats-Unis contre un bras de fer au Conseil de sécurité, prévenant qu'un veto américain à la démarche palestinienne visant à obtenir l'admission d'un Etat de Palestine à l'ONU "risquerait d'engendrer un cycle de violences au Proche-Orient". Comment Israël réagit-il à l’allocution de Nicolas Sarkozy ?




La proposition faite ne nous a pas été présentée avant le discours, nous la découvrons avec vous et nous allons l’examiner sérieusement. Nous réagirons après l’avoir examine et pas à chaud. Il va falloir en connaître tous les détails. Ce que je peux dire pour l’instant, c’est qu’un statut d’Etat membre ou pas qui ne soit pas issu d’un accord négocié reste une mauvaise bonne solution. Cela serait atteler la charrue avant les bœufs. Un Etat ne peut être que le résultat d’une négociation comme ce fut notamment le cas récent du Sud Soudan. Qui plus est, les palestiniens ne cachent pas leur intention qu’une fois obtenue cette proclamation, ils l’utiliseront pour attaquer Israël devant certaines instances internationales. Il faut donc se garder de faire le jeu de ceux qui cherche à continuer la confrontation par d’autres moyens.



Lors de son allocution, le président français a parlé de « tragédie » en évoquant ce conflit. Il a ajouté « Mais il serait trop accablant que l’Assemblée générale des Nations unies ne profite pas de l’opportunité du réveil des peuples arabes au service de la démocratie pour régler un problème qui fait le malheur de ces deux peuples qui, de toutes façons, sont condamnés à vivre à côté les uns des autres. Si nous prenons une solution de compromis, nous redonnerons de la confiance et nous redonnerons de l’espoir. » Comment Israël interprète ces paroles ?



Ce sont des paroles que nous aimerions bien entendre de la bouche d’un dirigeant palestinien, étant donné que nous sommes condamnés a vivre ensemble, nous sommes également condamnés a dialoguer. Revenons au dialogue direct, tout de suite sans préalable et sans tabous, en toute simplicité, parlons-nous ! Ce ne sera pas facile, mais il n’y a simplement pas d’autre voie vers une solution de paix et de compromis



« Nous sommes d’accord depuis longtemps sur le fait que les Palestiniens méritent d’avoir un État. Israël a besoin de sécurité. Tous les deux veulent la paix », a indiqué le Secrétaire général de l’ONU. « Nous promettons de déployer des efforts sans relâche pour aider à parvenir à cette paix grâce à un accord négocié », a dit Ban Ki-moon. Que répondez-vous ?



La paix négociée est effectivement incontournable, il faut cesser de poser des conditions a une retour aux négociations. Les palestiniens n’ont de cesse de poser conditions après conditions en évoquant leurs griefs et leurs revendications, mais ces choses là doivent être traitées dans le cadre de la négociation et ne doivent pas servir de prétexte pour empêcher celles-ci et les renvoyer aux calendres grecques. Affirmer qu’il y a un problème, ne signifie qu’il faille le résoudre avant même de se parler, au contraire, cela signifie qu’il faut se parler pour le résoudre.



Le président des Etats-Unis Barack Obama, dont la position est inconfortable, a affirmé qu'il n'existait pas de "raccourci" pour parvenir à la paix au Proche-Orient, rejetant d'avance la démarche des Palestiniens. Comment sont interprétés les propos de Barak Obama, en Israël ?



Nous croyons également qu’il n’y a pas de raccourci et les gens qui cherchent à tout prix ce raccourci vont finir pas court-circuiter les chances de paix. Ce n’est peut être pas populaire de le dire, mais on ne le répétera jamais assez, la paix passe obligatoirement par un travail commun, difficile, ce travail est ardu parfois ingrat et souvent frustrant. Mais ce n’est qu’en prenant le taureau par les cornes, ce n’est qu’en s’apprêtant à travailler dur et ensemble, toujours ensemble que l’on pourra parvenir a une véritable réconciliation que nos deux peuples attendent.



On lit un peu partout dans la presse française qu’Obama aurait été influencé par le lobby Juif américain, on laisse entendre également qu’il serait tenu par lui, le vote Juif pouvant faire la différence, lors des prochaines élections présidentielles…



Mais en voilà assez avec toutes les théories du complot et des lobbies, ou des motivations inavouables ! Ce discours là compte des relents qui renvoient à des mentalités que l’on croyait bel et bien disparus. Il faut analyser les politiques des USA, de la France et d’autres pays, avec les outils de la science politique qui valent pour tout le monde : c'est-à-dire les intérêts, les valeurs, les acteurs, la psychologie et les circonstances nationales et internationales. Faire Croire qu’il ne peut y avoir de positions, ne serait ce que symboliquement, favorable a Israël, basée sur de véritables faits et valeurs objectives, relève d’une mauvaise foi évidente.



Propos recueillis par Marc Knobel



Photo (Ygal Palmor) : D.R.