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Publié le 11 Septembre 2019

Actualités des régions - Le Crif Auvergne-Rhône Alpes à la commémoration de la Libération de Bron

Depuis plus de 10 ans le Crif Auvergne-Rhône Alpes est invité à partager lors de la commémoration de la libération de Bron du 3 septembre 1944 le souvenir de l'assassinat le 21 août 1944 sur l'aéroport de Bron de 109 prisonniers extraits des geôles du Fort Montluc, dont 72 juifs.

Cette année encore, Jacques Dias âgé de 93 ans, témoin oculaire du massacre alors qu'il avait 16 ans, a tenu à s'associer à la commémoration. Il avait gardé gravé dans sa mémoire, plus de 70 ans sans pouvoir en parler, le souvenir de ces victimes, dont certaines ensevelies sous ses yeux encore vivantes... !

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La cérémonie qu'organise la municipalité de Bron pour célébrer sa libération, il y a maintenant trois quarts de siècle, est toute particulière car elle commémore en même temps l'assassinat de 109 prisonniers tirés des geôles du Fort Montluc fin août 44 et fusillés lâchement sur ordre de Barbie.

Sans doute, la proximité chronologique de ces deux événements justifie cette double commémoration.

Mais en réalité, elle donne aussi tout son sens à cette libération.

Car que fut la libération ?

La reconquête d'une ville sur l'ennemi ? Oui sans doute.

Mais ce fu​t bien plus :

-Ce fut la fin de 4 ans du régime oppressif de Vichy,

-Ce fut la fin de deux ans d'occupation nazie avec des milliers de résistants emprisonnés, torturés, fusillés, déportés,

 -Ce fut la fin de 4 ans de chasse aux juifs, chasse menée conjointement par la machine administrative, juridique, policière, milicienne de Vichy et la machine mortifère des nazies allemands.

75 000 juifs de France finirent ainsi dans les camps de la mort.

 

Le massacre aveugle de Bron, dans son horreur, est emblématique de ce que fut cette terrible période : 109 fusillés, soit 37 résistants et 72 juifs tués parce que juifs.

Nous remercions les maires de Bron qui depuis plus de 10 ans associent le Crif Auvergne-Rhône Alpes pour évoquer à leurs côtés la mémoire de ces 109 prisonniers, civils jeunes et vieux, hommes et femmes, enfants, pour la plupart sélectionnés parce que juifs.

 

Oui, la libération n'a pas été seulement l'expulsion des ennemis de la ville.

Ce fut la fin d'un enfer, enfer dont l'intensité s'est accrue pendant l'été 44 dans toute l'Europe, alors que l'armée allemande se sentait acculée à l'est par l'armée soviétique, à l'ouest après le débarquement des alliés, au sud en Italie et plus encore après le débarquement en Provence.

Les populations civiles en ont payé le prix fort !

On ne compte pas le nombre de hameaux où ont eu lieu des massacres, Oradour sur Glane en étant le plus emblématique.

Notre région a aussi payé un lourd tribu. Les massacres de la Drôme et de l'Ain sont les plus connus.

De la prison Montluc furent extraits à plusieurs reprises des dizaines et des dizaines de résistants et de juifs pour être fusillés à Chatillon d'Azergues, à Genas, à St Genis Laval.

Tous les lyonnais connaissent les fusillés de la place Bellecour, là où a été érigée la statue du veilleur de pierre.

La milice de Touvier sentant aussi sa fin imminente assouvit sa soif sanguinaire avec les 7 fusillés juifs de Rillieux et enfin, n'oublions pas le dernier convoi du 11 août 44 qui emmena 650 prisonniers en déportation pour les uns et en camp d'extermination pour ceux qui étaient juifs.

Les 109 fusillés de Bron parachevèrent dans notre métropole cette funeste liste.

À propos de tous ces massacres, on parle de « folie meurtrière ».

Je n'aime pas ce mot de « folie » ! Il est, en ces temps, trop souvent en usage à propos d'assassinats.

Avec sa connotation médicale, il est prétexte à circonstances atténuantes, voire à exclusion du processus judiciaire.

Et aujourd'hui, bien que ce ne soit pas le lieu, j'ai une pensée pour toutes ces victimes de « folies meurtrières », comme Madame Halimi et Madame Knoll, deux femmes assassinées parce que juives par des auteurs qualifiés de fou...

J'ai une pensée pour toutes les victimes de meurtres de masse commis aux Etats-Unis !

J'ai une pensée pour les femmes victimes de leurs compagnons, eux aussi atteints de folie meurtrière !

J'ai enfin aussi une pensée pour les dernières victimes de Cusset, Samedi dernier, victimes elles aussi de « folie meurtrière » …

La « folie meurtrière » est en fait, le plus souvent, l'aboutissement ultime de formes de pensées, d'idéologies réfléchies, conçues, énoncées, édictées dans des livres, dans des discours, dans des prêches, et aujourd'hui sur internet et dans les réseaux sociaux.

Non je n'aime pas ce mot car il est le masque du déni qui cache ces réalités !

 

Ce début septembre 2019, c'est aussi les 80 ans du début du conflit dont nous commémorons la fin pour notre métropole.

On connaît les enchaînements qui conduisirent à ce conflit.

On connaît les lâchetés et les dénis qui ne l'empêchèrent pas.

À propos de la situation actuelle, internationale et européenne, il ne s'écoule pas un jour sans que ne soient évoqués les prémices de cette époque.

Saurons - ​nous ne pas répéter les erreurs du passé ?

Je veux le croire...

 

Le monument devant lequel nous nous recueillons ici porte gravés dans la pierre les noms des victimes à l'aéroport de Bron de fin août 1944.

Alors que ceux qui sont la mémoire vive de cette sombre période, et j'en profite pour saluer la présence de Monsieur Diaz, nous quittent irrémédiablement, seuls ceux des plus jeunes présents aujourd'hui se souviendront à leur tour et pourront réveiller d'autres consciences.

C'est une chaîne de la mémoire qui ne doit pas s'interrompre.

Nous devons ici remercier tous ceux qui des associations, des enseignants, des institutions, des politiques par leur travail et leur engagement n'ont pas baissé les bras face aux obstacles et/ou aux critiques et permettent que cette mémoire se perpétue.

Pour sa part, le Crif Auvergne-Rhône Alpes, dans le cadre de son programme « Faire ensemble pour vivre ensemble » essaye d'apporter sa pierre à l'édifice.

Cette année, nous avons emmené une 100aine de jeunes collégiens et lycéens accompagnés de leurs familles dans un parcours de mémoires partagées.

Ainsi, sommes-nous allés à Paris au Musée de l'immigration et au Mémorial de la Shoah, dans notre métropole à Montluc, au Mémorial du carré musulman du cimetière de la Mulatière dédié aux tirailleurs algériens de la guerre de 1914-1918, ainsi qu'au Mémorial du Tata Sénégalais de Chasselet, encore bien mal connu.

Souhaitons que les graines semées soient les germes d'un avenir apaisé.

Prochainement doit avoir lieu le lancement pour l'édification d'un Mémorial de la Shoah à Lyon.

Ce mémorial attendu depuis de nombreuses années viendra s'ajouter à tous ceux de la ville de Lyon qui en font déjà la capitale de la résistance.

Puissent ces lieux multiples dans notre région, puissent les commémorations comme celles d'aujourd'hui être d'efficaces para tonnerres contre d'éventuels orages...

 

Crif Auvergne Rhône-Alpes

 

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