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Publié le 29 Janvier 2021

Actualités des régions - Le Crif Marseille Provence commémore les victimes de la Shoah

Cette semaine, le Crif Marseille Provence a commémoré les victimes de la Shoah, le 24 janvier à la cérémonie de commémoration du 78ème anniversaire de l’évacuation de la déportation des populations des quartiers du Vieux-Port et de l’Opéra et mercredi 27 janvier, lors de la commémoration officielle au Camp des Milles. La commission mémoire du Crif Marseille-Provence a également organisé une conférence-débat sur le thème : "Pourquoi commémorer encore le 27 janvier ?".

27 janvier 2021 : Commémoration officielle au Camp des Milles 

Le Crif Marseille Provence était à la cérémonie en mémoire des victimes de la Shoah au Camp des Milles. Comme chaque année, une cérémonie officielle a été organisée au Site-mémorial du Camp des Miles à l’occasion de la Journée Internationale de commémoration des victimes de la Shoah. 

Découvrez le discours prononcé par le président du Crif Marseille Provence, Bruno Benjamin, (en bas de page).

"En cette date du 27 janvier 2021, la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah et de la libération du camp d’Auschwitz, que le Temps qui passe tendrait à effacer si la conscience d’Hommes éclairés ne venait pas là où d’autres l’ont obscurcie, ce travail de Mémoire n’est pas de réparer le passé en l’évoquant, mais de repenser le présent et de préparer le futur, en l’invoquant et en exposant à son éclairage, les conséquences de nos actes, de nos paroles et de nos pensées".

La cérémonie était en Live sur la page Facebook du Crif Marseille Provence

Mercredi 27 janvier 2021 : Conférence-débat en live Facebook : “Pourquoi commémorer encore le 27 janvier ?”

À l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, la  commission « mémoire » du Crif Marseille-Provence a organisé ce 27 janvier 2021 une  conférence-débat sur le thème : Pourquoi commémorer encore le 27 janvier ? 

Dans le cadre d’un webinaire, Iannis Roder est intervenu comme expert de la Shoah et de son  enseignement ainsi que comme formateur, responsable des formations au Mémorial de la  Shoah. 

Quand on sait le rôle décisif qui a été celui des témoins dans la prise de conscience de ce qu’a été la Shoah, on ne peut que s’inquiéter de leur disparition progressive. Celle-ci ne conduit elle pas, à terme, à un épuisement de la mémoire de la Shoah ?

Prenant appui sur l’histoire de  la découverte du camp d’Auschwitz et de sa mémorialisation, Iannis Roder a montré qu’il  n’en était rien. Certes, l’accueil du témoin, notamment dans les classes ou lors des  commémorations va disparaître, et, avec lui, la charge émotive inhérente à la parole de celui qui a vécu les drames de la déportation. Néanmoins, ce qui va être perdu en émotion et en compassion sera certainement gagné en réflexion historique ; à la condition toutefois, que la  recherche du sens permette de déjouer les manipulations du passé que tentent d’instrumenter les négationnismes à des fins politiques souvent haineuses.

Gérald Attali, Président de la Commission Mémoire du Crif Marseille Provence

 

Le discours du Président du Crif Marseille Provence, Monsieur Bruno Benjamin   

« Mesdames et Messieurs, Chers amis,  

Dans la vie des hommes, la mémoire est une longue liste de dates, de lieux, de noms et de  visages que l’on n’oublie jamais.  

Cette mémoire nourrit l’histoire et nous rappelle les horreurs du régime nazi qui, pendant les 2  194 jours que dura la seconde Guerre Mondiale, constitua la tyrannie la plus immonde et la  plus destructrice des âmes qui ait jamais entaché les pages de l’Histoire avec un grand H.  

Alors, en cette date du 27 janvier 2021, la journée internationale dédiée à la mémoire des  victimes de la Shoah et de la libération du camp d’Auschwitz, que le Temps qui passe tendrait  à effacer si la conscience d’Hommes éclairés ne venait pas là où d’autres l’ont obscurcie, ce  travail de Mémoire n’est pas de réparer le passé en l’évoquant, mais de repenser le présent et  de préparer le futur, en l’invoquant et en exposant à son éclairage, les conséquences de nos  actes, de nos paroles et de nos pensées.  

Cela ne peut être ignoré et encore moins oublié. Et parce que la mémoire repose sur les  réminiscences et les sentiments, notre présence ce matin témoigne d’abord du lien affectif qui  nous lie à l’ensemble des victimes de la barbarie; à ceux qui ont été internés comme à ceux et  celles qui ont été blessés, menacés, séquestrés, avilis et tués. 

Ici, dans cette ancienne tuilerie, entre 1939 et 1942 plus de 10 000 personnes de la zone dite «  libre » (en fait 14 500 sur décision de Pierre Laval) furent livrées aux nazis par le  gouvernement de l’Etat français installé à Vichy, des réfugiés fuyant le totalitarisme d’entre  eux étaient des intellectuels et artistes, Max Ernst, Hans Bellmer, Karl Bodek, Lion  Feuchtwanger qui fut l’ami de Bertolt Brecht, ou encore Otto Meyerhof, prix Nobel de  médecine en 1922. 

Ils furent rejoints par plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs dont le plus jeune  n’avait pas un an.  

En août et septembre 1942, sur ordre de Pierre Laval, chef d’un gouvernement complice de  l’Occupant, ces 2000 personnes furent déportées vers le camp d’extermination d’Auschwitz,  via Drancy et Rivesaltes. 

Leurs noms sont gravés dans la pierre, capital mémoriel qui fait du camp des Milles un lieu  unique, permettant le passage d’une histoire tragique à une histoire critique. Car toute visite  ici à une dimension pédagogique : transmettre à tous l’esprit de vigilance et de résistance, fort  bien mis en valeur par Alain Chouraqui et son équipe que je salue.

Ceux qui avaient été ciblés étaient des Juifs, comme s’ils n’appartenaient pas à la  communauté nationale. La haine du juif, c’était le mobile premier. D’autres l’ont dit avant  moi, cette haine venait de loin, traversant les siècles, mais ne vous y trompez pas, Mesdames  et Messieurs, elle est toujours là, portant le masque de l’antisémitisme. 

Autrefois affiché et assumé, le phénomène resurgit épisodiquement aujourd’hui en France,  entretenu dans certain terreau du séparatisme.  

Nous avons tous en mémoire les noms de Ilan Halimi, de Mireille Knoll, l’attentat de l’Hyper  Cacher, d’autres faits-divers choquant, et même, maintenant, ayant muté comme un virus, un  antisionisme qui flirte avec l’antisémitisme.  

Les injures racistes proférées récemment sur Twitter et visant April Benayoum, Miss  Provence, première dauphine de Miss France, est typique d’une dangereuse évolution.  

On ne compte d’ailleurs plus les gens qui sont vilipendés sur les réseaux sociaux, ciblés par  une haine idéologique. 

Malgré l’indignation suscitée, je crains que les mots et l‘arsenal du droit ne suffiront à endiguer  les flots charriés par ces vecteurs de communication. Le moment est venu de dire, haut et fort,  que tout n’est pas permis dès lors que la dignité d’une personne est en jeu. 

On ne peut continuer à laisser se déverser la haine antisémite sans réagir. Le débat sur la  préservation de l’anonymat est ouvert. La responsabilité des plateformes en ligne - qui ont  accès à l’identité réelle de ceux qui utilisent leurs réseaux – est engagée. Elles ne peuvent plus  invoquer une quelconque neutralité. 

Aux législateurs, je dis que le poison de l’antisémitisme s’insinue quotidiennement dans  toutes les strates de la société, inoculé ou répandu par les praticiens de l’exclusion, et qu’ils  doivent impérativement y mettre un terme. Il en va de l’équilibre, de l’assise même de notre  société fondée sur les valeurs de la République et des droits de l’Homme. Je vous en  remercie »

 

Pour en savoir plus sur le déroulement de la cérémonie, cliquez ici

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