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Publié le 3 Mai 2019

Actu/Antisémitisme - Rapport du Centre Kantor : Un sentiment d’urgence grandissant au sein des communautés juives à travers le monde

Suite à la publication du Rapport Annuel sur l’antisémitisme dans le monde en 2018 par le Centre Kantor de l’université de Tel Aviv, le Congrès Juif Européen s'est exprimé et dénote « un sentiment d'urgence chez les Juifs dans certains pays, en ce qui concerne leur sécurité et leur place dans leurs sociétés respectives ».

L'antisémitisme progresse au sein de la société, notamment dans les régions d'Amérique du Nord et d'Europe, démontre ce rapport à partir de données statistiques officielles.  

"En 2018, nous avons assisté au plus grand nombre de juifs tués en un an (13) depuis des décennies" dans des attentats antisémites, affirme Moshe Kantor qui déplore également un bond de 13% des incidents "graves et violents". Le rapport combine leurs chiffres avec des témoignages d'experts issus de la recherche et de responsables de communautés. Il dépeint une situation alarmante.

Que dit ce rapport ?

Traduction partielle du rapport proposée par le Crif

Le développement le plus inquiétant, qui continue et s'intensifie depuis 2016, est que les Juifs de certains pays ont le sentiment de vivre dans l’état d’urgence en raison de la hausse continue des manifestations antisémites notamment en Europe occidentale et en Amérique du Nord.

En conséquence, les Juifs ont commencé à remettre en question et à douter de leur association avec des lieux et des sociétés dans lesquelles ils vivent depuis longtemps, parfois depuis des siècles. Cette année, les Juifs d’Ecosse, par exemple, considèrent le fait de quitter le pays. Ce sentiment de se tourner progressivement vers l’étranger s’accompagne d’un sentiment inquiétant de l’insécurité qui a atteint son apogée en octobre, après le meurtre de 11 juifs à Pittsburgh.

L'antisémitisme n'est plus un problème confiné à l’activité du triangle extrême gauche, extrême droite et islamiste radical - il a intégré et est devenu une partie intégrante de la vie.

"L'antisémitisme en France en 2018 est quotidien […] pas un jour [ne passe] sans un acte antisémite ", affirme le rapport du ministère français de l'Intérieur et du SPCJ de la Communauté Juive.

Selon les sondages menés, la plupart des Juifs, environ 75 à 80%, ne rapportent pas les manifestations antisémites qu’ils subissent - elles sont trop nombreuses et trop fréquentes pour être gérées.

L’intégration croissante des termes antisémites dans le discours antisioniste est également intégré au rapport. "Tous les stéréotypes de la judéophobie classique sont projetés sur l'État juif… et la haine liée à Israël devient une forme d'antisémitisme politiquement correcte."

Les enquêtes et les rapports, ainsi que la large couverture médiatique qu’ils ont obtenue, donnent à l’antisémitisme une certaine valeur et le statut d’un problème reconnu à traiter de manière publique, local et multinationale. Les autorités et les gouvernements ont récemment reconnu l’antisémitisme comme un problème grave. L'antisémitisme et ses implications ont été mis en 2018, et plus encore au cours des premiers mois 2019, à l’ordre du jour des autorités locales et internationales.

Il y a une prise de conscience croissante parmi les organismes gouvernementaux responsables du bien-être et de la sécurité de leurs Citoyens juifs de la nécessité de faire face à la situation et d’empêcher toute détérioration future. Face à cette situation, les responsables politiques, civils et religieux ont été abordés à plusieurs reprises afin d'agir, par le biais de l'éducation, de l'information, de la législation et de son application, et en établissant des normes de leadership qui correspondent aux valeurs de leurs pays respectifs.

En effet, des résultats encourageants ont été atteints et méritent d’être mentionnés : la définition de l'antisémitisme, telle que formulée et adoptée par l’IHRA (l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste) en 2016 a été adopté par un plus grand nombre de pays en 2018, et notamment au sein de l’’Union européenne.

En France

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur et du SPCJ (Service de protection de la Communauté Juive), en 2018, 541 actes contre des Juifs ont été rapportés, soit une augmentation de 74% par rapport à 2017, où 311 incidents se sont produits.

Les actes antisémites constituent la moitié des crimes motivés par la haine documentés en France en général.

Parmi les 541 actes, 81 étaient liés à des actes de violence physique, notamment le meurtre de Mireille Knoll, une survivante de l'Holocauste, chez elle. Le nombre de menaces a augmenté de 67% passant de 214 en 2017 à 358.

Le SPCJ affirme que l'antisémitisme existe quotidiennement et non pas une semaine sans acte de violence.

L’antisémitisme en ligne est aussi un défi majeur avec la publication de contenus antisémites sur les réseaux sociaux.

 

Source (EN) : Rapport Kantor 

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Communiqué de presse du European Jewish Congress

Moshe Kantor, Président du Congrès Juif Européen (EJC), a fait état d’une augmentation de toutes les formes d’antisémitisme dans le cadre de la publication du Rapport Annuel sur l’antisémitisme dans le monde en 2018 par le Centre Kantor de l’université de Tel Aviv.

« Si je devais résumer en une phrase la situation concernant l’antisémitisme en 2018 et au début de l’année 2019, je dirais qu’il y a une montée du sentiment d’urgence au sein des communautés juives dans de nombreux pays de par le monde ». M. Kantor a ajouté que : « l’antisémitisme a récemment progressé au point de remettre en question la continuité même de la vie juive dans un grand nombre de pays. Comme la deuxième tuerie de masse dans une synagogue aux États-Unis nous le rappelle, de multiples régions du monde autrefois considérées comme sûres ne le sont plus ».

« De plus, comme en témoigne la caricature honteuse récemment parue dans le New York Times, l’antisémitisme est entré graduellement dans le discours public. Les menaces, le harcèlement et les insultes sont devenus plus violents, incitant à davantage de violence physique à l’encontre des Juifs. La quasi-totalité des tabous concernant les Juifs, le Judaïsme ou la vie Juive semblent avoir été brisés ».

En 2018, nous avons observé le plus grand nombre d’assassinats de Juifs en une seule année depuis plusieurs décennies.

Le nombre des incidents violents les plus graves recensés mondialement par le Centre Kantor est proche de 400 – ce qui représente une augmentation de 13% par rapport à l’année précédente.

C’est dans les pays de l’Europe de l’Ouest que la situation est la plus préoccupante. Notamment en Allemagne où l’augmentation atteint 70% en ce qui concerne les actes antisémites violents.

Les pays ayant le plus grand nombre de cas violents sont les Etats-Unis (plus de 100), le Royaume-Uni (68) la France et l’Allemagne (35 respectivement) et le Canada, où 20 cas d’incidents violents envers les Juifs ont été rapportés.

D’après Moshe Kantor, « il est maintenant clair que l’antisémitisme ne se limite plus au triangle de l’extrême-gauche, de l’extrême-droite et du radicalisme islamique. Il s’est généralisé et est souvent accepté par la société civile. » M. Kantor conclut : « L’antisémitisme représente un danger avéré non seulement pour les Juifs mais pour la société dans son ensemble ». Il est le dénominateur commun qui unit les extrêmes du spectre politique. Avec l’affaiblissement du centre politique, ces mouvements et groupes extrémistes tentent d’accéder au pouvoir en attaquant les fondations de nos sociétés démocratiques ».

 

Source (FR) : Congrès Juif Européen 

 

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