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Publié le 29 Octobre 2015

Alexandra Laignel-Lavastine : «Face à l'islamisme, certains intellectuels «progressistes» sont dangereux»

Après l'attentat de Saint-Quentin- Fallavier, la Philosophe et Historienne avait accordé un entretien au Figaro.

Propos recuueillis par Alexandre Devecchio, entretien publié dans le Figaro le 29 juin 2015
 
Alexandra Laignel-Lavastine a publié chez Grasset "La pensée égarée , Islamisme, populisme, antisémitisme: essai sur les penchants suicidaires de l'Europe". 
 
Dans votre dernier livre, rédigé pour l'essentiel avant le traumatisme de Charlie, vous estimez que nous n'avons pas pris la mesure des attentats de janvier. Les événements vous donnent tragiquement raison. Ces nouvelles attaques vous ont- elles surprises?
 
C'est plutôt l'étonnement général qui me surprend. Un intellectuel musulman laïc et démocrate me lançait il y a quelques jours: «Les intellectuels progressistes européens se comportent à l'égard des islamistes comme des collabos!». Sévère, mais juste. Jusqu'à présent, les tenants du politiquement correct ont de loin préféré avoir tort avec les islamo-fascistes qu'avoir raison avec les réalistes. Et ce, au nom d'un antifascisme hors de saison, ce qui constitue le comble du paradoxe! Après avoir trop longtemps baissé les bras face au communautarisme et à l'islamisme par crainte de se voir traité d'«islamophobes», il y aurait urgence à ce que nous redescendions de la planète mars pour faire place au réel. Et au courage.
 
Que nous apprend le monde réel? Qu'une guerre ouverte a été déclarée au monde occidental et à ses valeurs humanistes et universalistes les plus précieuses, donc les plus fragiles. Que cette peste verte est désormais planétaire et que nous n'en sommes probablement qu'au début. Que cette guerre est menée sur notre sol et que l'ennemi, aujourd'hui, est aussi bien intérieur qu'extérieur. On savait que la menace djihadiste était à son comble en France — ou plutôt, nous aurions dû le comprendre. Depuis janvier, plusieurs attentats ont été déjoués, les uns dans une phase préparatoire, les autres de justesse. De nombreuses cellules djihadistes dormantes ont été réactivées et nous sommes également au courant des crimes de masse quotidiennement perpétrés par les nouveaux barbares sur les vastes territoires qu'ils contrôlent. Que nous faut-il de plus? Pourquoi cette étrange stupéfaction, au-delà de l'horreur évidemment justifiée que suscitent ces nouveaux attentats, après ceux de Merah en 2012, de Nemmouche en 2014, après les pancartes «Mort aux Juifs!» de l'été, les décapitations en série de Daesh cet automne, suivies des atroces tueries du début de l'année?... Lire l'intégralité.