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Publié le 31 Mars 2017

#Analyse - La société civile à l’épreuve du feu, par Guillaume Denoix de Saint Marc et Stéphane Lacombe de l’AfVT

En ces temps de pré-campagne présidentielle, il ne fait nul doute que notre pays est en train de vivre une période charnière dans un contexte d’incertitude démocratique et de terrorisme mondialisé.

La société civile vit ainsi comme suspendue entre la sidération post-attentat et la crainte du prochain acte terroriste.

Les troubles géopolitiques, notamment l’internationalisation de la guerre civile en Syrie et le proto-État de l’organisation terroriste Daech, ont permis de consolider un socle de représentations mortifères édifié sur un ressort hautement addictif : la posture victimaire. L’être humain n’a jamais été autant pourvu de moyens d’expression, de diffusion et de partage de ses opinions, de ses pensées, de ses sentiments et de ses émotions… Pourquoi certains s’acharnent-ils donc à diaboliser les modes de représentation collectifs et les supports d’information traditionnels qui seraient censément unis dans une vaste entreprise de manipulation et de décadence ? Les réseaux sociaux charrient ainsi jour après jour cette dialectique de déconstruction et de démantèlement du consensus démocratique. Des personnalités du débat public distillent de leur côté le poison du déclinisme et d’autres diffusent des contenus haineux en instrumentalisant - notamment - les victimes d’attentats.

Après les attaques terroristes de ces dernières années en France, sans oublier les villes frappées par la folie du terrorisme dans de nombreux pays, c’est bien notre république qui se trouve dans l’œil du cyclone. Ce sont aussi ses prérequis qui s’en trouvent contestés, incompris voire violemment disputés. Sur le terrain de la prévention, les émetteurs du discours républicain se trouvent parfois malmenés lors de leurs missions : il ne fait pas toujours bon d’être Charlie, d’aborder la question de l’égalité de l’homme et de la femme et encore moins de rappeler les bienfaits de la laïcité.

Faut-il pour autant baisser les bras ? Faut-il renoncer à ce qui apparaît de plus en plus comme un impératif moral ? En effet, la République, il ne faut pas seulement l’aimer quand elle paraît briller de mille feux. Il faut la défendre contre le terrorisme et tout ce qui relève de l’obscurantisme comme le racisme, l’antisémitisme, le rejet des minorités sexuelles, le sexisme et le conspirationnisme.

La société civile est loin d’avoir achevé d’écrire ses plus belles pages : l’Histoire n’est pas finie, elle ne fait que commencer. Notre humanisme est aujourd’hui soumis au baptême du feu : nos valeurs sont éprouvées ainsi que nos capacités de (re)construire une transmission. Dans ce processus, la voix des victimes – à partir du moment où elle s’inscrit en faux contre la tentation victimaire – est infiniment précieuse aux côtés de celle d’acteurs de la société civile qui réhabilitent le principe de réalité.

 

Cet article a été rédigé pour la revue annuelle 2017 du Crif. Nous le reproduisons avec l’aimable autorisation de Guillaume Denoix de Saint Marc et de Stéphane Lacombe, que nous remercions.

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