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Publié le 23 Avril 2020

Ça s’est passé aujourd’hui - 23 avril 1945 : Libération du camp de Ravensbrück, spécialement réservé aux femmes

Il y a peut-être 1, 5, 10 ans ou encore un siècle tout juste, se produisait un événement marquant. Dans cette nouvelle rubrique intitulée « Ça s’est passé aujourd’hui », à l'image d'un éphéméride, le Crif revient sur quelques événements majeurs de l’Histoire date par date.

23 avril 1945 : Libération du camp de Ravensbrück, camp exclusivement féminin

Le 23 avril 1945, la Croix Rouge obtenait l'autorisation d'intervenir dans le camp de concentration de Ravensbrück spécialement réservé aux femmes. Le 27 avril suivant, le camp est évacué, pour être totalement libéré le 30 avril 1945.

Le camp de Ravensbrück 

De 1939 à 1945, dans la commune de Ravensbrück, en Allemagne, le régime nazi établit un camp de concentration spécialement réservé aux femmes, dans lequel vécurent aussi des enfants.

Le camp de Ravensbrück accueille ses premières prisonnières le 18 mai 1939. Il devient rapidement le centre de détention de femmes le plus important du pays. Le camp permet notamment de fournir une main-d'œuvre féminine à l'ensemble des industries d'armement allemandes.

À partir d'avril 1941, des hommes y sont également détenus, mais dans un petit camp annexe, implanté à côté mais totalement isolé de celui des femmes.

Jusqu'en 1945, au moins 132 000 femmes et enfants y sont déportés. 90 000 femmes environ trouvent la mort à Ravensbrück, affamées, torturées, exécutées, gazées ou soumises aux délires des médecins SS. De nombreux enfants également sont assassinés de manière effroyable.

Les détenues provenaient de tous les pays d'Europe occupés par l'Allemagne, le plus grand groupe national étant composé de Polonaises. Les prisonnières de Ravensbrück sont l'objet de sévices permanents, battues, astreintes au travail et assassinées. Les prisonnières jugées inaptes au travail sont tuées par balle jusqu'en 1942. Après cette date, elles sont transférées à Auschwitz et vers d'autres centres d'extermination. Plusieurs sont exécutées à l'infirmerie du camp par injection létale. Un four crématoire et une chambre à gaz sont ajoutés respectivement en 1943 et 1944.

En mars 1945, les prisonnières sont emmenées dans des marches forcées au cours desquelles les survivantes sont libérées par les troupes soviétiques. Ces dernières pénètrent dans le camp de Ravensbrück le 30 avril : il ne reste que 3.500 détenues, souvent malades, dont beaucoup meurent dans les jours suivants.

Les femmes de Ravensbrück

Dans ce camp, de nombreuses femmes résistantes, juives et non-juives, françaises mais également de diverses nationalités. Découvrez l’histoire de certaines d’entre elles.

  • Germaine Tillion : Résistante et ethnologue française, décédée en avril 2008.

Résistante, elle est arrêtée en août 1942 et déportée en octobre 1943 à Ravensbrück, après une dénonciation. Sa mère, résistante comme elle, y est déportée en février 1944 et sera gazée en mars 1945. Dans le journal de 13h00 du 26 décembre 2000, l'ethnologue témoigne à son tour des horreurs vécues à Ravensbrück, un camp où les chambres à gaz fonctionnèrent jusqu'aux dernières heures avant la Libération. Pendant ses 18 mois de détention, elle va mener l'enquête, retenir les noms de ses bourreaux, accumuler des preuves pour témoigner, plus tard… au péril de sa vie. Même après sa libération, en 1945, Germaine Tillion mènera une longue enquête auprès de ses camarades rescapées, recueillir des témoignages. Titulaire de nombreuses décorations pour ses actes héroïques durant la Seconde Guerre mondiale, elle est la deuxième femme à devenir Grand-croix de la Légion d'Honneur après Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Un hommage de la Nation lui a été rendu au Panthéon où elle est entrée le 27 mai 2015.

    • Adélaïde Hautval : Médecin psychiatre, première femme alsacienne Juste parmi les Nations

    Le Docteur Adélaïde Hautval, fille de pasteur et de confession protestante n’a pas accepté le traitement fait aux juifs par les nazis et a pour cette raison été déportée à Auschwitz. Là encore, elle a montré son courage et son exigence humaniste en refusant de participer aux expériences soi-disant médicales nazies et a essayé d’aider au mieux les déportés dans le sinistre « revier » du camp (baraquement destiné aux prisonniers malades). Elle est transférée à Ravensbruck le 2 août 1944. Elle est alors de nouveau médecin au « Revier ». Elle assiste à la libération du camp en avril 1945 mais y reste avec Marie-Claude Vaillant-Couturier afin de s'occuper des malades qui ne peuvent être immédiatement transportés. Elle quitte le camp pour la France avec les derniers malades français le 25 juin 1945. Le 18 mai 1965, Adélaïde Hautval reçoit la médaille des Justes parmi les nations.

    • Marie-Claude Vaillant-Couturier : Militante communiste, engagée dans la Résistance.

    Elle est déportée à Auschwitz en 1943, puis transférée à Ravensbrück au mois d'août 1944 jusqu’à sa libération en avril 1945. Elle y reste plusieurs semaines après sa libération afin d'aider des malades intransportables. Elle a été l’épouse de Paul Vaillant-Couturier.

    • Catherine Dior : Résistante française et sœur du couturier Christian Dior.

    Membre du réseau franco-polonais F2, spécialisé dans le renseignement sur l’armement et des mouvements des armées allemandes, considéré comme l’un des réseaux de résistance les plus dynamiques en France. Elle est arrêtée le 19 juillet 1944 par la Gestapo. Elle est alors torturée mais refuse de parler, contribuant ainsi à sauver son réseau. Elle est déportée au camp de Drancy puis dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück.

    • Marie-José Chombart de Lauwe : Résistante et sociologue française.

    Marie-José était résistance dans le réseau "Georges France 31". Dénoncée puis arrêtée le 22 mai 1942, elle est déportée avec sa mère à Ravensbrück le 26 juillet 1943. En été 1944, elle est affectée à la Kinderzimmer (la chambre des enfants, block 11). Les naissances d'enfants au camp étaient devenus incontrôlables en 1944 (auparavant les mères mouraient avant l'accouchement ou bien les bébés étaient tués) et c'est pourquoi la Kinderzimmer fut créée afin de s'occuper des nouveau-nés avec la débâcle allemande de 1944. Les conditions y sont terribles pour ces bébés. Sur 500 naissances consignées à Ravensbrück une quarantaine d'enfants ont survécu seulement. Selon les travaux de la Fondation pour la mémoire de la déportation (FMD), 23 enfants français sont nés à Ravensbrück. 3 seulement ont survécu : Sylvie  et Guy Poirot (nés en mars 1945)et Jean-Claude Passerat (né en novembre 1944).

    Marie-José assiste également à la stérilisation des femmes tsiganes et aux expérimentations médicales menées par les médecins nazis sur les jeunes résistantes polonaises du block 32 des NN. À la Libération, Marie-José témoignera contre Fritz Suhren, commandant du camp de Ravensbrück de 1942 à 1945, et poursuivi pour crimes contre l'humanité.

    • Bat-Sheva Dagan : Ecrivaine et éducatrice d'enfants. Seule survivante de sa famille, elle a survécu à deux marches de la mort. 

    Parmi ces femmes également, Bat-Seva Dagan, qui s’est exprimée en janvier 2020 à la commémoration du 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. 

    Née à Lodz en Pologne, elle fut emprisonnée dans le ghetto de Radom avec ses parents et ses deux sœurs en 1940. Après s’être échappée du petit ghetto de Radom, elle se rend en Allemagne, où elle utilise de faux papiers pour obtenir un emploi de femme de ménage dans un foyer nazi. Après quelques mois, elle est découverte, arrêtée et emprisonnée. En mai 1943, elle fut déportée au camp de concentration d'Auschwitz et tatouée avec le numéro 45 554.

    Dans le camp, elle rencontre son cousin, qui travaille comme infirmier à l'infirmerie de la prison et lui trouve un travail. Batszewa travailla ensuite au commando «Canada», triant les effets personnels des victimes du camp. Lorsque l'armée rouge se rapproche d'Auschwitz en janvier 1945, elle est évacuée dans une marche de la mort vers les camps de concentration de Ravensbrück et Malchow. Elle a survécu à une autre marche de la mort à Lübz, où elle fut enfin libérée par les troupes britanniques le 2 mai 1945. Elle est la seule de ses frères et sœurs à avoir survécu à la guerre.

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