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Publié le 22 Mai 2015

" Camps de concentration, camps d'extermination, 70 ans après"

Par Pierre Levy, Délégué régional du CRIF Alsace
 

Mardi 19 mai 2015, dans la belle salle de conférence des nouvelles Archives départementales à Strasbourg, s’est tenu une intervention du Professeur Jean-Marc Dreyfus.
Agrégé d’histoire, Docteur de l'Université de Paris 1, Historien, Maître de conférences à Manchester, Jean-Marc Dreyfus est l'auteur de plusieurs ouvrages autour de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale.
Le thème portait sur les " Camps de concentration, camps d'extermination, 70 ans après".
Cette manifestation  a fait salle comble, elle était organisée, en partenariat avec les archives départementales et le Centre Européen du Résistant Déporté, par le collectif réuni autour du CRIF Alsace pour la commémoration des 70 ans de la libération des camps nazis.
Comme l’a précisé l’intervenant, il s’agissait plus de l’ouverture et de la découverte des camps après leur abandon par les nazis en fuite que d’une libération par les armées alliées.
Après le temps nécessaire aux rescapés pour surmonter les conséquences physiques et psychologiques de leurs souffrances, dès le début des années 50, le travail d’information et d’éducation est entrepris avec, par exemple,  le film « Nuit et Brouillard » commandé auprès d’Alain Resnais. Mais très rapidement aussi la négation essaie de s’instiller dans les esprits, dès 1948, avec le livre du beau-frère et meilleur ami de Robert Brasillach « Nuremberg ou la Terre promise » qui sera condamné en justice.
Des tentatives de banalisation politique se développeront aussi dès les années 1960  avec, à droite l’assimilation de l’univers du Goulag , et à gauche les camps de la guerre d’Algérie.
Des scandales sur la compromission d’hommes politiques, la traque des tortionnaires, voire la volonté au début des années soixante, en France, d’ouvrir les fosses communes des camps pour rapatrier les nationaux français vont constituer autant d’étapes dans la remise en cause de l’approche historique de cette tragédie entre devoir d’histoire et de mémoire.    
Aujourd’hui s’achève une période importante de l’enseignement de la shoah avec la fin de la construction des grands mémoriaux et la disparition des derniers témoins vivants.
Le Professeur Dreyfus a  mis en exergue qu’au-delà des grands camps principaux sur lesquels s’était  focalisé l’enseignement, c’est un véritable univers SS qui s’organisait dans l’exploitation des déportés dans de nombreuses « succursales » géographiques appelées Kommando.
Il cita l’exemple du Struthoff en Alsace, avec sa quarantaine de « sous-camps » dont Obernai où près de 200 déportés  travaillaient à la rénovation d’un  immeuble en école de Helferin, auxiliaires féminines de la SS. Beaucoup de déportés ont ainsi connu plusieurs camps.
Le Professeur Dreyfus a aussi évoqué son travail de recherche sur la matérialité de la Shoah portant aussi bien sur son organisation, l’architecture des camps que le travail sur les corps. 
Il reste encore énormément à faire pour retranscrire pleinement les éléments historiques de ce génocide, pour le Professeur Dreyfus nous sommes aujourd’hui dans ce qu’il qualifie de phase « forensic ».
L’intervention s’est conclue par des échanges avec le nombreux public présent et notamment avec les questions des Professeurs Robert Steegmann, et Freddy Raphaël.
Un moment d’émotion particulier échu quand un participant évoqua son oncle disparu à Auschwitz par le convoi 74 de Drancy et que Mme Simone Pollak rappela qu’elle était dans ce même convoi qui connut peu de survivants après la sélection à l’arrivée.
A noter également la présence de Marcelle Levy, coordinatrice de PASSERELLES/FSJU pour la Région Est, ainsi qu’une quinzaine de personnes du public concerné.
 

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