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Publié le 31 Août 2015

Catholiques et Front national: la fin du cordon sanitaire?

Au-delà de l'invitation à Marion Maréchal-Le Pen, trois raisons font penser que la garde anti-FN est en train de baisser.

Par Henri Tincq, journaliste, spécialiste des questions religieuses, publié sur Slate le 31 août 2015
L'invitation à débattre, samedi 29 août, à la Sainte-Baume (Var), adressée à Marion Maréchal-Le Pen par une université d’été de jeunes catholiques, à quelques mois d‘une élection dans une région où elle est tête de liste Front national, n’annonce pas la fin du veto opposé au FN par l’Eglise depuis trente ans. Elle manifeste pourtant bien des évolutions au sein de l’extrême-droite française comme de la population et de la hiérarchie catholiques.
Avant de devenir l’une des plus progressistes au monde, l’Eglise de France, «ralliée» à la République au début du XXe siècle, a longtemps pactisé avec les courants contre-révolutionnaires, antidreyfusard, maurrassien, vichyste. Orpheline de l’Action française et de Pétain, nourrie aux mêmes références et aux mêmes souvenirs (la Vendée!), entretenant la même détestation de la République laïque et de l’Eglise moderniste (sans messe en latin!), c’est ce carré de catholiques nostalgiques français qui a rompu avec le concile réformateur de Vatican II (1965), organisé le schisme «intégriste» de l’évêque français Mgr Lefebvre (1988) et rejoint l’extrême-droite du Front national, ses thèses racistes, xénophobes, voire antisémites.
Le lien n’a même cessé de se renforcer entre ces influences intellectuelles et politiques de l’intégrisme français et le rejet des évolutions dans l’Eglise, le rêve de «restauration» de la chrétienté d’autrefois, mythique et idéalisée. Aujourd’hui peu nombreux, mais toujours aussi prisonniers de leurs archaïsmes, fermés à toutes les mains tendues, avec beaucoup d’indulgence, par les derniers papes (surtout Benoît XVI), les plus enragés des intégristes catholiques sont les éternels revenants des combats de l’extrême-droite française.
Vieille caution catholique de Jean-Marie Le Pen, Bernard Antony, qui se faisait appeler «Romain Marie» (tout un programme!), ancien député européen du FN et fondateur de Chrétienté-Solidarité, proclamait dès la fin des années 1980 que «le Front national n’est en désaccord sur aucun point avec la doctrine de l’Eglise catholique, qui a fermement condamné le communisme, la franc-maçonnerie, le socialisme, même modéré, et le libéralisme doctrinal». Une liste étrangement sélective, dont sont absentes les fameuses condamnations romaines de l’Action française (par Pie XI en 1926), du fascisme nazi, plus récemment de l’antisémitisme... Lire l'intégralité.
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