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Publié le 1 Juillet 2016

#Complotisme – Qui sont les pompiers pyromanes ?

Des experts rappellent la nécessaire lutte contre ce phénomène.

Les auteurs de ce texte déplorent la distinction, pourtant constitutive de l’école et de sa mission, entre 'ceux qui croient' et 'ceux qui savent'

Tribune signée par plusieurs personalités et publiée dans Libération le 30 juin 2016
 
Il ne s’agit pas de se faire ici les avocats d’une politique. Plutôt de dire notre surprise de voir certaines personnes pour lesquelles la lutte contre le complotisme est, selon leurs propres termes, la «nouvelle marotte du moment» (1), se mettre à donner des leçons à ceux qui entendent mener ce combat.
 
Nous sommes un certain nombre à dresser le constat que le conspirationnisme est un phénomène qui traverse toute notre société et n’épargne pas l’école. Depuis des années maintenant, les commentaires et discours à teneur conspirationniste se retrouvent dans les bouches et les copies d’élèves. Mesurant ce que cet état de fait pouvait avoir de préoccupant, nous n’avons pas attendu le récent plan gouvernemental pour nous retrousser les manches et agir.
 
En criant «Haro sur la jeunesse !», comme l’écrivent les signataires de ce texte ?
 
Non. En mettant en place des ateliers d’autodéfense intellectuelle, de pédagogie des médias, en sensibilisant les élèves à la question de la fiabilité des sources et de leur nécessaire vérification, à celle des différents biais cognitifs susceptibles d’égarer leur jugement, en les formant à un usage éclairé d’Internet ou encore en insistant sur l’indispensable maîtrise des connaissances fondamentales, notamment en histoire.
 
En dénonçant «une volonté contre-productive de normalisation des représentations», une «injonction d’enseigner à tous comment penser droit» et même «un catéchisme» (sic) anticomplotiste, les signataires de cette tribune réquisitoire ajoutent du fantasme aux fantasmes. Associant l’outrance à la suffisance, ils trahissent leur méconnaissance de la réalité et de la diversité des réponses pédagogiques qui tentent d’être apportées au conspirationnisme.
 
Loin de tout dogmatisme ethnocentriste, les initiatives qui ont émergé au cours des dernières années ont pour dénominateur commun de mettre l’accent sur la formation à l’esprit critique. Evite-t-on toujours le risque d’encourager, au travers d’un enseignement dispensé sans méthode et dans la précipitation, le relativisme et la suspicion ? Peut-être pas. Mais ce n’est pas là le propos des auteurs de ce texte, qui déplorent la distinction, pourtant constitutive de l’école et de sa mission, entre «ceux qui croient» et «ceux qui savent». Eternelle antienne du relativisme culturel... Lire l'intégralité.
 
Premiers signataires : Gérald Bronner sociologue (université Paris-Diderot) Emmanuelle Daviet journaliste (France Inter), responsable du dispositif InterClass Emmanuel Debono historien (ENS - Lyon) Cyril Di Méo professeur de sciences économiques et sociales (lycée militaire d’Aix-en-Provence) Thomas Huchon journaliste (Spicee) Valérie Igounet historienne, chercheure associée à l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS) Denis Le Guen professeur d’histoire-géographie (lycée Simone-de-Beauvoir de Garges-lès-Gonesse) Sophie Mazet professeure agrégée d’anglais (lycée Auguste-Blanqui de Saint-Ouen) Tristan Mendès France chargé de cours au Celsa (université Sorbonne Nouvelle - Paris-III) Bruno Poilvet professeur d’histoire-géographie (lycée Condorcet de La Varenne-Saint-Hilaire) Karen Prévost-Sorbe professeure d’histoire-géographie (collège Edouard-Vaillant de Vierzon) Rudy Reichstadt directeur de l’Observatoire du conspirationnisme (Conspiracy Watch) et Iannis Roder professeur d’histoire-géographie (collège Pierre-de-Geyter de Saint-Denis)
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