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Publié le 29 Septembre 2017

#Crif #Actu - Dror Even-Sapir: "Le bilan de l'attentat de Har Adar, trois morts, est le plus lourd de l'année écoulée"

Marc Knobel interroge Dror Even-Sapir, analyste diplomatique et politique de la chaîne d’information i24 news.

Selon vous, comment interprète-t-on en Israël, l'attaque terroriste de Har Adar ?

L'attentat est intervenu dans une période de calme relatif. Cela dit les services de sécurité ont récemment révélé qu'ils étaient parvenus au cours de ces derniers mois à déjouer un nombre impressionnant d'attentats, ce qui prouve que cette accalmie est due davantage à l'efficacité de leur travail quotidien qu'à une baisse de motivation du côté des terroristes potentiels.

Les responsables de la défense sont d'autant plus inquiets que l'Autorité palestinienne a officiellement mis un terme à la coopération sécuritaire avec Israël. Dans les faits, cette coopération n'est en fait pas véritablement réduite à néant, car elle est profite tout autant à l'Autorité palestinienne, qui redoute les tentatives de déstabilisation du Hamas en Cisjordanie. Cela dit une diminution, même symbolique, du niveau de coopération entre les services de sécurité israéliens et palestiniens risque d'avoir de graves conséquences sur le terrain.

Le bilan de l'attentat de Har Adar, trois mort est le plus lourds de l'année écoulée, depuis celui de l'implantation de Halamish en juillet dernier, au cours duquel trois membres d'une même famille avaient été tués. Le drame de Har Adar a d'autant plus choqué l'opinon que cette localité, située à proximité de la ligne verte séparant Israël de la Cisjordanie, était considérée comme un symbole de coexistence. Parmi les trois personnes tués figure un vigile du village arabe israélien d'Abou Gosh, et le terroriste lui-même était bien connu des habitants de Har Adar, où il travaillait régulièrement.

Comment réagit la classe politique israélienne ?

Le gouvernement s'est empressé de pointer un doigt accusateur vers l'Autorité palestinienne, accusée une fois de plus d'inciter à la violence anti-israélienne, via ses médias et ses réseaux sociaux. Il est peu probable que l'auteur de l'attentat de Har Adar ait été convaincu de perpétrer son crime en raison de ce genre d'incitation. Le versement de généreuses allocations aux familles de terroristes emprisonnés ou tués est également perçu par les dirigeants israéliens comme incitant les terroristes potentiels au passage à l'acte. Il n'est pas impossible que ce soit effectivement le cas pour le terroriste de Har Adar. Ses intentions suicidaires étaient évidentes et il était semble-t-il soucieux de laisser un pactole à ses quatre enfants, abandonnés par leur mère.

Cette attaque intervient avant que des pourparlers aient lieu entre le Hamas et l'autorité palestinienne. Une coïncidence ?

Le Hamas, comme à son habitude, s'est empressé de se réjouir de l'attentat. Ce qui ne signifie pas qu'il l'ait commandité. Les services de sécurité israéliens combattent efficacement contre les terroristes lorsqu'ils sont affiliés à des organisations comme le Hamas, mais ils éprouvent davantage de difficultés lorsqu'un individu à priori isolé décide de passer à l'acte. Les résultats de l'enquête l'établiront avec certitude mais il est d'ores et déjà probable que le terroriste n'agissait pas sous l'ordre du Hamas ou d'une autre organisation.

Quant à la réconciliation inter-palestinienne, elle semble en effet se concrétiser après des années de négociations infructueuses. Elle permettra en principe à l'Autorité palestinienne de reprendre pied dans la bande de Gaza. Pour Israël, elle constitue une raison de plus de ne pas se précipiter à reprendre le chemin de la table des négociations. Les dirigeants israéliens disposeront d'un argument de poids si l'administration américaine décide de faire pression pour inciter les parties en présence à reprendre les pourparlers.

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