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Publié le 18 Juillet 2016

#Crif - Commémoration de la rafle du Vél d'Hiv et hommage aux Justes de France : "Comme il y a 74 ans, nous refusons de plier devant la barbarie"

La cérémonie était co-organisée par le Ministère des anciens combattants et la commission du souvenir du Crif.

Le Président du Crif a appelé notamment à s'appuyer sur l'éducation face à la haine et à l'obscurantisme

La cérémonie nationale de Commémoration de la rafle du Vél’ d’Hiv’ a eu lieu dimanche 17 juillet 2016 au monument commémoratif de la rafle du Vél’ d’Hiv’, quai de Grenelle à Paris, dans le cadre de la "Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France".  La cérémonie est comme chaque année co-organisée par le Ministère de la Défense - Secrétariat d'Etat aux anciens Combattants - et par la Commission mémoire du Crif.
 
Le Gouvernement était représentée par Jean-Vincent Placé, Secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé de la Réforme de l'État et de la Simplification.
 
Parmi les personnalités présentes à cette cérémonie : Francis Kalifat, Président du Crif ; Roger Cukierman, ancien Président du Crif et vice-Président du Congrès Juif Mondial ; Anne Hidalgo, Maire de Paris ; Didier Bariani, vice-Président du Conseil régional d’Ile de France ; Aliza Bin-Noun, Ambassadrice d'Israël, Haim Korsia, Grand Rabbin de France ; Serge Klarsfeld, Président des FFDJF et son épouse Beate ; Leila Aichi, Sénatrice de Paris ; Jean-Michel Rosenfeld, adjoint au maire du 20e arrondissement de Paris et survivant de la Shoah ; Pierre-François Veil, Président de Yad Vashem France, Philippe Allouche, Directeur Général de la FMS.
 
Les 16 et 17 juillet 1942, 13 152 Juifs étaient arrêtés par la police française. 1129 hommes, 2916 femmes et 4115 enfants furent enfermés dans l’enceinte sportive du Vélodrome d’Hiver. Les couples sans enfants et les célibataires (1989 hommes et 3003 femmes) furent internés au camp de Drancy.
 
Du 19 au 22 juillet, les familles du Vél’ d’Hiv’ furent transportées dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Adultes et adolescents furent déportés en premier. Brutalement séparés de leurs parents, environ 3000 enfants en bas-âge furent laissés sur place dans une affreuse détresse. Ils furent transférés à Drancy puis déportés entre le 17 et 31 août 1942. Aucun d’entre eux n’est revenu.
 
Après une minute de silence à la mémoire des victimes de l'attentat de Nice et les prières traditionnelles en mémoire des déportés ont eu lieu les dépôts de gerbes. Francis Kalifat a déposé une gerbe au nom du Crif au square des Martyrs Juifs du Vélodrome d'Hiver. Puis, la Marseillaise a été chantée après avoir écouté la sonnerie aux morts.
 
Plusieurs interventions se sont succédées, par M. Esrail, Président de l'amicale des déportés d'Auschwitz, Pierre-François Veil, Président de Yad Vashem France,  Jessie Chapuis, arrière-petite-fille de Justes parmi les Nations, puis Francis Kaidat, président du Crif et Jean-Vincent Placé, Secrétaire d'Etat. 
 
Le Président du Crif a présenté, au début de son intervention, les condoléances de l'institution aux familles des victimes de la barbarie islamiste et ses vœux de guérison aux nombreux blessés. 
 
"En cette période de deuil national, je ne saurais ouvrir cette allocution autrement qu'en exprimant à la fois notre solidarité et notre tristesse à tous ceux qui ont été touchés par l'attentat ignoble qui a frappé Nice en ce soir du 14 juillet. Que reste-t-il d'humanité chez un homme dont le but ultime est de massacrer autant d'hommes de femmes et d'enfants au nom d'une idéologie ?", s'est interrogé Francis Kalifat. "Cette question qui taraude aujourd'hui toutes les  démocraties fait bien entendu écho à notre cérémonie", a-t-il insisté.
 
"Je crois indispensable de voir les défis tels qu'ils sont, pour apporter les réponses les plus justes, en s'appuyant notamment sur l'éducation face à la haine et à l'obscurantisme. L’école doit remplir pleinement son rôle dans l’éducation contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie et veiller scrupuleusement aux contenus pédagogiques et aux manuels scolaires.  Il est essentiel que les jeunes soient mieux protégés des contenus antisémites sur Internet et sur les réseaux sociaux et qu’ils produisent leurs propres anticorps pour rejeter eux-mêmes ces contenus", a poursuivi le Président du Crif, ajoutant : "La République nous protège et les pouvoirs publics sont mobilisés. Je veux rendre ici hommage à l’armée et la Police nationale qui assurent au quotidien la sécurité des lieux et des évènements qui font la vie du judaïsme français. Nous savons que les moyens ne sont pas illimités comme nous savons que nous ne pouvons pas vraiment vivre sereinement tant que notre sécurité est  menacée. Le seul remède contre la haine doit être la tolérance zéro".
 
Jessie Chapuis, arrière-petite-fille d’Anne Marie Louise et de Jean Joseph Raclet nommés Justes parmi les Nations le 3 avril 2016 , a ensuite pris la parole : "Si j’ai l’opportunité aujourd’hui de témoigner au nom de ma famille, c’est peut-être pour que nous retenions ensemble que la grandeur de nos actions s’estime à la grandeur de leurs conséquences. Même si nous ne nous sentons pas de l’étoffe des plus grands, nous avons en nous la ressource, si nous le voulons, pour tendre la main aux gens qui tout autour de nous souffrent et ont besoin de protection". 
 
"Quand nous voyons à présent nos amis Juifs quitter leur patrie la France invoquant la peur qu’ils ressentent au quotidien, nous nous inquiétons de notre force pour lutter férocement contre l’antisémitisme sans l’appui de nos concitoyens Juifs. En tant que famille athée, nous remettons nos croyances et nos espoirs en la République et nous savons que nous avons absolument besoin du peuple Juif pour la composer, l’animer et la faire grandir", a-t-elle ajouté.
 
Prenant la parole au nom des Fils et Filles des Déportés juifs de France, Beate Klarsfeld a rappelé que "plutôt que d'écrire sur les bourreaux", son époux, Serge Klarsfeld "n'a cessé d'écrire sur les victimes". Rappelant son combat contre les nazis et pour la mémoire, elle a insisté : "Je ne me contente pas de serrer la main des survivants ni d'exprimer mes condoléances".
 
Après une prière du souvenir dite par l'aumônier militaire Jonathan Blum, Jean-Michel Rosenfeld, rescapés de la Shoah, a fait un témoignage émouvant, suivi de l'intervention de  Pierre-François Veil, Président de Yad Vashem France, qui a insisté : "Nous ne devons pas laisser des intellectuels de plateau télé justifier Vichy".
 
"L'Etat français a failli. Pire, il a permis cette tragédie, y a prêté main forte", a reconnu à sa suite Jean-Vincent Placé, représentant le Premier ministre. Puis, évoquant la terrible attaque terroriste de Nice, le Secrétaire d'État a insisté : "Notre pays a été odieusement attaqué au nom d'une idéologie totalitaire, comme l'était le nazisme... La barbarie ne vient pas de nulle part. Elle vient d'idéologies qui nient les valeurs universelles... Comme il y a 74 ans, nous refusons de plier devant la barbarie". 

A lire aussi ci-dessous : Discours de Jessie Chapuis, arrière-petite-fille d’Anne Marie Louise etde Jean Joseph Raclet nommés Justes parmi les Nations le 3 avril 2016

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