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Publié le 7 Octobre 2020

Crif - "Je vais devenir le nouveau Mohamed Merah" : un élu de la Courneuve devant la justice

Mohamed Bekhtaoui a comparu cette semaine au tribunal de Bobigny pour apologie du terrorisme. Relaxé pour l'apologie du terrorisme, il est condamné à 140 heures du travail d'intérêt général pour les outrages. Le Crif s'interroge sur le sentiment d'impunité que donne cette peine à tous ceux qui pourraient vouloir vanter les actions des terroristes qui sévissent dans notre pays.

Le mot du Crif

En avril dernier, Mohamed Bekhtaoui, tout juste élu sur les bancs de l'opposition de la Mairie de la Courneuve, était interpellé par la police après un esclandre déclenché suite au passage du Président de la République dans la ville. Au commissariat, il clame des propos parfaitement abjectes, soutenant "Je vais devenir le nouveau Mohamed Merah. J'ai eu de la chance de le côtoyer, il m'a ouvert les yeux. Je vais faire un carnage". 

Entendu hier par la justice, il devra réaliser 140 heures de travaux d'intérêt général, pour outrage. La question de son inéligibilité n'est pas abordée, et le caractère d'apologie du terrorisme de ses propos n'est pas retenu. Comment des propos d'une telle gravité peuvent-ils être si légèrement sanctionnés ? Le Crif s'interroge sur le sentiment d'impunité que donne cette peine à tous ceux qui pourraient vouloir vanter les actions des terroristes qui sévissent dans notre pays. 

"Au regard des propos tenus, et à l’heure où la France vit au rythme des audiences douloureuses du procès des attentats de 2015, cette sanction particulièrement légère prendrait tout son sens si elle était renforcée par une période d’inéligibilité » estime le président du Crif Francis Kalifat. Il faut redonner aux sanctions judiciaires leur fonction dissuasive" ajoute t-il.

 

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Publié le 6 octobre 2020 sur le site du Parisien sous le titre « Je vais devenir le nouveau Mohamed Merah » : le dérapage d’un élu de La Courneuve

Il assure avoir seulement voulu poser des questions à Emmanuel Macron. Mais le 7 avril dernier, jour de visite présidentielle à La Courneuve, Mohamed Bekhtaoui a dérapé. Il était jugé ce mardi pour outrage et apologie du terrorisme au tribunal de Bobigny.

Avril 2020. Mohamed Bekhtaoui, 37 ans, est fraîchement élu. C'est son premier mandat sous l'étiquette de l'UPR (Union populaire républicaine), une formation souverainiste, et dans cette mairie dirigée par le maire communiste Gilles Poux, qui vient d'être réélu au premier tour, il s'apprête à siéger sur les bancs de l'opposition.

Sans masque ni attestation de sortie

Ce mardi-là, La Courneuve pavoise : Emmanuel Macron est attendu au centre d'action sociale (CCAS). Gilles Poux, auréolé de sa victoire, est sur un petit nuage. Mais nous sommes en pleine pandémie de Covid. La Seine-Saint-Denis est l'un départements les plus fortement touchés de France. Or, tout le monde veut parler au Président.

Mohamed Bekhtaoui est aux premières loges. Il a des questions à lui poser, assure-t-il. La police pense plutôt qu'il est venu faire un scandale. Tout excité, il en a oublié son masque et son attestation de sortie. Il se fait rapidement repérer par la police qui le connaît pour d'autres raisons.


Comme il l'avoue lui-même « il a un passé » et a accumulé les vols, les outrages et les conduites sans permis. Il totalise 21 mentions à son casier. La commissaire de La Courneuve et ses troupes constatent qu'il sort pour la troisième fois sans l'indispensable autorisation. Un délit qui justifie sa garde à vue.

En garde à vue, il urine dans sa cellule


Jusque-là tout va bien. Mais au commissariat, sur le banc de vérification, avant son placement en cellule, « il a vrillé », résume le substitut du procureur. Un brigadier-chef rapporte les propos surprenants de l'élu : « Je vais devenir le nouveau Mohamed Merah. J'ai eu de la chance de le côtoyer, il m'a ouvert les yeux. Je vais faire un carnage ». Puis il aurait lancé plusieurs « Allahou akbar » à la tête du policier.


Il répète que cette garde à vue est « injuste ». « C'est une mascarade pour l'empêcher de réussir en politique », croit-il. Il voulait « juste poser une question au président », répètera-t-il devant le tribunal.


Au commissariat, vers 2 heures du matin, pris d'une envie pressante, il tambourine sur la porte de la cellule. Nouvel esclandre. Il finit par uriner sur le sol. Il continue de s'agiter et aurait essayé d'agripper la caméra de surveillance. « Il n'est pas très haut sur patte et la caméra est à 2, 50 m », remarque Me Frédéric Beaufils.

«Fragilité psychologique»


Son avocat balaye aussi la thèse de l'apologie du terrorisme : « Nous ne sommes pas dans un lieu public il n'est donc pas punissable ». Il va obtenir gain de cause et sera relaxé sur ce point. L'expert psychiatre relève « une fragilité psychologique ». « Il a un discours cohérent mais pas adapté et pas de propos délirant ».

Le substitut du procureur réclame six mois de prison aménageables et persifle au passage : « Il devrait plutôt être à l'Elysée pour recevoir la Légion d'honneur en raison de sa mission pacificatrice dans les quartiers… »


La question de son inéligibilité n'a pas été évoquée. Depuis les faits, l'élu avait interdiction de paraître au conseil municipal. Il n'avait pas pu être intronisé en mai dernier.


Relaxé pour l'apologie du terrorisme, il est en revanche condamné à 140 heures du travail d'intérêt général pour les outrages.




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