#Crif - La Commission Relations avec les Elus a reçu Philippe Dominati, Sénateur de Paris

«  Je fais partie d’une famille politique où le militantisme était un engagement naturel et, dés mes débuts dans la vie publique, par mon père, je me suis senti impliqué par les problèmes concernant la communauté juive en  France.  Depuis longtemps, je suis un élu attaché aux quartiers du centre de Paris, et mes liens avec la communauté sont empreints d’interrogations,  comme les menaces qui pèsent sur l’Etat d’Israël. »

« J’entame mon troisième mandat de parlementaire, et j’ai le plaisir d’avoir été élu uniquement grâce à la reconnaissance des électeurs, car je n’avais pas reçu l’investiture de mon propre parti politique. Je suis donc un homme libre. »

« Je suis évidemment sensible à la complexité des problèmes qui intéressent la capitale et je fais partie de la commission des finances du Sénat grâce à ma connaissance du monde de l’entreprise. Je n’oublie jamais que la vie politique n’est pas une profession et je la considère comme éphémère même si j’ai eu le plaisir d’avoir été renouvelé dans plusieurs mandats. »

« A la commission des finances, je suis rapporteur spécial sur le budget de la police nationale et de la gendarmerie nationale. Dans ce cadre, j’essaye d’être utile et je fais des contrôles réguliers  dans toutes les régions de France. De plus, j’ai eu l’occasion de faire deux rapports d’information et de contrôle, l’un sur les moyens consacrés au renseignement intérieur, et l’autre sur la Préfecture de Police de Paris. En ce moment je prépare un rapport sur l’état du matériel des forces de l’ordre qui sera remis vers la fin juin. Depuis les attentats, il est fréquent d’accuser la droite d’avoir supprimé des effectifs, mais il faut savoir qu’en 2016 il y a le même nombre de fonctionnaires qu’en 2006 mais ils ont un milliard et deux cent millions d’euros de budget de fonctionnement en moins. De plus, mes concitoyens ne savent pas que la France est avec l’Italie le pays européen qui compte le plus grand nombre de policiers et de gendarmes par habitants. »

« J’essaye, dans mon activité de parlementaire, de nouer des liens personnels avec des personnalités étrangères car je suis sceptique quant à tous ces organismes où nous perdons notre temps en représentation. Je m’en dispense autant que possible car j’estime que l’important c ‘est d’être présent quand les circonstances l’exigent. »

« En ce qui concerne Paris, il est aisément démontrable que cette ville est très mal gérée. Mais ce sont les citoyens qui à trois reprises ont choisi une liste d’une même tonalité , ce qui m’amène à penser que , dans la perspective des prochaines municipale , nous devons envisager une stratégie plus efficace que celles qui nous ont été proposées par les formations politiques traditionnelles , notamment celles des Républicains qui se contentent de sauvegarder les arrondissements de l’Ouest parisien. »

« Depuis mon engagement en politique il y a longtemps, puisque c’était à l’université,  je n’ai jamais senti autant de menaces qui pèsent sur notre pays qu’aujourd’hui . Jusqu’à présent, nous avions confiance dans notre allié américain, d’abord dans la lutte contre le communisme et dans son engagement pour la défense de nos valeurs communes. Je constate qu’au moment où l’Europe  risque une dislocation dans différentes régions en Espagne, en Italie, en Ecosse, et que le populisme ressurgit, notre allié est beaucoup moins présent.  Ce constat se traduit au Moyen –Orient avec la prééminence de l’armée russe au moment où les diplomaties américaines et occidentales sont absentes des discussions qui se tiennent dans la mer noire concernant l’espace syrien. »

« En France, nous avons perdu l’habitude d’expliquer les menaces. C’est mon rôle de parlementaire de sensibiliser mes concitoyens sur ces sujets. »

« La montée des populismes demeure sans doute ma principale préoccupation sur le plan intérieur. Je suis décontenancé de constater avec quelle banalité le gouvernement autrichien a pu se constituer avec l’extrême droite alors que le même projet avait suscité une indignation générale il y a quelques années. D’ici une dizaine d’années, si les Français ou d’autres citoyens européens parmi nos voisins estiment que les anglais ont fait le bon choix  en 2017, alors que l’Europe explosera. Le Président de la République et la Chancelière allemande ont une responsabilité historique de réformer ce qui ne fonctionne pas, à commencer par l’espace Schengen. »

Les commissaires présents ont interrogé Philippe Dominati sur les annonces faites par Emmanuel Macron en Corse.

« Vous savez que je suis particulièrement sensible au sujet de la Corse. Je me considère comme un bon parisien puisque ma mère était lorraine et mon père corse. Dans quasiment tous les pays européens il y a un statut particulier pour les populations insulaires. A quelques encablures de Bonifacio, la Sardaigne bénéfice d’un tel statut. J’étais en Corse la semaine dernière pendant la visite du Président de la République, et on avait l’impression que la ville d’Ajaccio était en état de siège. Sur les 450 personnes présentes, 250 étaient des parisiens. Il est de la responsabilité de l’exécutif d’apporter des réponses à la très grande majorité des corses qui se sentent Français et républicains. Pour l’instant, la posture de l’exécutif ne fait que le jeu des plus extrêmes nationalistes. »  

Les commissaires ont ensuite abordé un sujet préoccupant : « le B.D.S. »

« Vous êtes nombreux à être préoccupés par le B. D. S. mais vous n’imaginez pas à quel point ce sujet est méconnu par la plupart des parlementaires. Je déplore pour ma part que, contrairement à d’autres pays, les autorités diplomatiques israéliennes aient choisi la voix d’une extrême discrétion. Je pense que sur un sujet comme celui-là, l’action de la communauté juive française peut pallier à cette déficience. »

Anne Brandy